Nouvelle-Calédonie  quel caillou !

Henri Eskenazi
Publié le 22 févr. 2017
Immense territoire des antipodes, la Nouvelle-Calédonie constitue une destination qui mêle le plaisir de la plongée à celui de la découverte. Des paysages de rêve, des couleurs sublimées ont contribué à la naissance d’une culture locale complexe. Le « Caillou » a séduit Henri Eskenazi. Texte et photos de l’auteur. Photos de drone : Martin Ravana à Poindimié, Yann Chouard à Hienghène et « EyeFly Pacifique » à Prony.

L’envie de rompre avec la routine et le désir de découvrir se saisit encore de moi. Je perçois ici la vision d’une terre où la mer résonne, où les ocres inspirent et où l’océan me fait sentir un homme nouveau. L’espace maritime est immense et le lagon, le plus grand du monde. Au cœur du Pacifique Sud, il est une île baignant dans une mer vert émeraude aux reflets d’or. Je suis en Nouvelle-Calédonie, une contrée pas comme les autres, avec ses morceaux de paradis, ses certitudes de beauté et ses trésors écologiques. Je traverse cette grande île, les yeux fixés sur les divers horizons. Cette terre de contrastes ne connaît rien d’autre que l’exceptionnel. Elle est avant tout une terre de démesure avec des îles uniques qui trouvent une impulsion singulière dans leur histoire tectonique mouvementée. Avec pour point de départ, une sorte de monde parallèle absolument insolite. Elle se caractérise par des formes naturelles aux contours contrastés qui s’emboîtent les unes dans les autres telles les pièces d’un puzzle, tout en se distinguant par des lignes douces et les différentes couleurs chaudes qui les singularisent.

Nouméa, aux larges baies rieuses, est la capitale et la plus grande ville de Nouvelle-Calédonie, véritable chrysalide dorée d’architecture française. Avec Dumbea et le mont Dore, le grand Nouméa forme une agglomération d’environ 100 000 habitants, soit plus de la moitié de la population de l’île. C’est le centre historique de la Calédonie contemporaine avec ses anciens quartiers du centre et de la vallée des Colons et l’ancien bagne de Nouville. C’est aussi le noyau économique que représente l’usine de transformation du nickel de Doniambo. C’est enfin le carrefour du tourisme renaissant avec ses plages accueillantes qui s’étendent tout autour des baies de la presqu’île et que je contemple du sommet des monts Koghis, à 1 061 m.

Loin de l’effervescence de Nouméa, la découverte de la brousse offre des décors innombrables où il fait bon explorer et découvrir, le cœur ouvert à l’aventure. Le réseau routier est excellent et les formules d’hébergement sont variées. La Nouvelle-Calédonie est tour à tour flamboyante, rugueuse, rebelle ou luxuriante avec des paysages insolites qui semblent se modeler hors du temps, sa végétation et sa faune qui évoluent librement dans la mangrove, la savane de Niaoulis, le maquis, les forêts. Livrées à leur seule inspiration dans un état relatif d’isolement, ces îles du bout du monde à l’envers du nôtre sont aussi des contrées culturellement authentiques et complexes à la fois, où la nature est débridée. On y trouve un vrai kaléidoscope ethnique car à chaque communauté correspond une identité culturelle originale, riche de coutumes et d’usages. L’atmosphère de ce pays de France est unique dans cette vaste région de l’autre côté de la planète. Un souffle de bonheur et de bien-être semble flotter dans l’air, conjuguant force et énergie. Une escale sensitive avec la promesse de belles rencontres.

Bordé de son lagon immense, ce beau caillou fait la part belle aux autres îles paradisiaques dont on rêve tant. Ses multiples langues de sable, véritables retraites de sérénité qui l’entourent, invitent aux sports sous-marins. Plonger au cœur de cet océan, c’est un peu découvrir la nature fragile dans toute son intimité. Sensations idylliques d’être au cœur de ce bleu pacifique, sur cette Terre originelle, véritable eldorado où règne l’une des plus grandes endémicités végétales des îles lointaines.

À la découverte des dugongs

Départ immédiat vers le nord-ouest, la Nouvelle-Calédonie broussarde, pour arriver à Bourail après 200 km d’une bonne route. Sur la côte ouest, terre des stockmen et des rodéos, c’est plutôt une région de grands espaces où quelques fermes dominent le paysage du haut de leurs collines ou parfois se cachent dans des vallées ombragées. Je sillonne une terre pleine de contrastes entre mer et montagne avec cette sensation d’infini qui caractérise cette région : plaines agricoles et pastorales, littoral exceptionnel aux plages à perte de vue et petits coins de paradis préservés. En une seule et même journée, accompagné de mes amis Nadine et Bernard, je pars à la découverte des plages de la Roche Percée, de la baie des Tortues, de Poé et de celle des Amoureux où nous apercevons des dugongs et des tortues marines. Au marais Fournier, parmi les immenses banians, ces arbres séculaires, je traque les cerfs et les oiseaux. Au domaine de Deva, je me sens ici au cœur de la nature pour partager ces immensités somptueuses qui surplombent un lagon aux milles couleurs. Du sommet des collines, je contemple la faille qui s’étire vers le grand large et où je plongerai à deux reprises avec Noémie, Luc et Jeff.

Les requins gris, les larges raies pastenagues et raies léopards, les barracudas queue jaune, les perroquets à bosse seront au rendez-vous, malgré une visibilité moyenne. Une raie guitare et quelques belles tortues également. Au cours de ce voyage, j’échange aussi avec les hommes, leur histoire faite de contes et de légendes.

Depuis 2008, six zones marines de Nouvelle-Calédonie sont inscrites au patrimoine mondial reconnu par l’UNESCO. Une grande partie du lagon bouraillais fait partie de cet ensemble qui forme un des trois systèmes récifaux les plus vastes au monde. Lagons et récifs coralliens abritent des écosystèmes intacts peuplés d’une biodiversité marine exceptionnelle. Ils offrent un habitat pour de nombreuses espèces marines emblématiques du Pacifique.

Une communion avec la nature

Le Nord et l’Est sont authentiquement différents. La végétation abondante côtoie des rivières généreuses qui se jettent dans le lagon turquoise. À Poindimié, j’ai la chance de plonger à l’extérieur du lagon et sur la double barrière récifale, assez rarement rencontrée. La faune y est très riche comme dans toutes les eaux qui baignent la Nouvelle-Calédonie mais ici, c’est surtout le nombre et la grandeur des gorgones qui m’impressionnent. Les tunnels, grottes et surplombs sont véritablement tapissés de ces éventails légèrement balayés par le petit courant agréable. Laurent, accompagné de Léa, me fait partager ses multiples découvertes macroscopiques : nudibranches, crabes des crinoïdes, crevettes dans les anémones avec leurs clowns facétieux. Nous recherchons assidûment les hippocampes pygmées et les poissons fantômes arlequins. De beaux moments partagés.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher