Philippines, une sirène aux Visayas

Yves Hérraud
Publié le 2 mars 2013, modifié le 18 sept. 2024
Des centaines d’îles et de détroits, entourés à la fois par le Pacifique et une multitude de petites mers… Trois îles principales Cebu, Bohol, Negros : hots spots de la plongée… Bienvenue aux Visayas ! Un reportage d’Yves Herraud. Photographies de l’auteur.

Ferdinand Magellan débarque sur l’île de Cebu le 16 mars 1521. Il donne le nom de Philippines à cette nouvelle terre, en hommage au futur roi d’Espagne Philippe II. Un mois plus tard il est tué par Lapu Lapu, chef de la tribu de Mactan. Cette date marque le départ d’une présence espagnole de plus de 350 ans.

En 1898, l’Espagne revend les Philippines aux États-Unis. L’indépendance est proclamée en 1946, après 5 ans d’occupation japonaise.

Les 95 000 000 habitants d’origines malaise, chinoise et espagnole sont à 83 % catholiques, 6 % protestants, 5 % musulmans principalement dans le sud et l’ouest de Mindanao et 3 % bouddhistes. C’est le seul pays d’Asie à majorité chrétienne.

Avec ses 7 107 îles et un peu plus de 300 000 km², les Philippines délimitent au nord le fameux ”Triangle de Corail” (pour plus d’informations voir article sur Bunaken dans le n° 243 de Subaqua).

La plupart des îles montagneuses sont recouvertes de forêts tropicales et ont une origine volcanique. Le point culminant est le Mont Apo sur Mindanao avec 2 954 m d’altitude. De nombreux volcans comme le Pinatubo sont encore actifs.

Parmi ces îles, 500 sont supérieures à 1 km². Les 11 plus grandes occupent à elles seules 90 % de la superficie totales des Philippines. Les plus importantes sont Luzon au Nord (où se trouve Manille, la capitale), les Visayas au centre, Palawan à l’Ouest et Mindanao au Sud.

La nature exubérante de ces îles subit parfois l’assaut des cyclones du Pacifique au cours de la période estivale (la même qu’en Europe). La trajectoire des vents d’Est est assez régulière et frappe surtout les îles orientales de Samar et Leyte, épargnant ainsi les Visayas, Mindanao et Palawan.

Le climat local est tropical : chaud et humide. La moyenne annuelle des températures est d’environ 26 °C. La température de l’eau descend rarement en dessous de 26 °C.

L’embarquement se fait à Lapu-Lapu (cela vous rappelle quelque chose ?) sur le Philippines Siren. C’est un magnifique bateau fabriqué en Indonésie sur l’île de Sulawesi, conçu par Frank Van Der Linde, fondateur et directeur de Worldwide Dive and Sail. Grand voyageur et fin connaisseur de l’Asie du Sud-Est, Frank est surtout plongeur et son bateau en est la preuve ! Le moindre détail a son importance. Je n’ai jamais vu un bateau de croisière aussi bien pensé et aménagé.

Quelques exemples. Dans le salon, deux meubles sont dotés d’autant de tiroirs que de plongeurs. Le premier va vous permettre de stocker vos appareils photos ou caméras sous-marins (avec le caisson bien sûr) entre les plongées, sans besoin de les redescendre dans votre cabine et sans risque de buée lié à la différence de températures. Le second meuble est dédié à vos livres, PC, appareils photo, lunettes de soleil, autres… 

Sur le pont, à proximité de vos blocs, stockés à bonne hauteur pour vous permettre de les retirer sans effort simplement en vous asseyant, se trouve un nouveau tiroir individuel destiné au masque, ordinateur, chaussons et autres bricoles. 

Le concept global est d’assurer un confort maximal dans un espace optimum.

D’une longueur de 40 mètres, le bateau accueille uniquement 16 plongeurs. La salle à manger extérieure se situe à l’arrière du bateau. Les repas sont conçus par un ”top chef” ! Sa cuisine est un savant mélange des saveurs asiatiques et européennes.

Ce bateau est l’un des cinq de la Siren Fleet. Les autres naviguent à Fidji, en Indonésie, aux Maldives et à Palau. 

Onze jours de croisière

Après le traditionnel briefing de bienvenue et un exercice avec mise en pratique de l’utilisation des gilets de sauvetage, nous voici partis pour une croisière qui nous emmène en 11 jours de Cebu à Dumaguete !

Nous allons avoir l’occasion de plonger sur huit îles. Trois ou quatre immersions sont proposées chaque jour, la dernière, crépusculaire ou de nuit…

J’étais déjà venu aux Visayas il y a quelques années et j’avais remarqué que la faune variait de manière importante en fonction des îles pourtant proches les unes des autres.

Ceci n’a pas changé ! D’une manière générale le règne végétal est assez visible. Beaucoup de sites ont un herbier de phanérogames sur la partie peu pentue. Très riche en vie, c’est le refuge classique des juvéniles en tout genre ! C’est un lieu privilégié pour finir ses plongées !

Amateurs d’éponges, vous serez aux anges ! Elles sont présentes sur beaucoup de sites avec un éventail complet des différentes formes possibles (baril, tubulaire, sphérique, arbustive…). Elles servent fréquemment de support à d’autres animaux. Inspectez avec minutie les éponges baril

Xestospongia testudinaria

, très souvent recouvertes d’holothuries (

Synaptula sp

.). Elles sont également le repère des ”

pink squat lobster

” (

Lauriea siagina

), joli crustacé ”poilu” !

Pour ma part, j’ai un faible pour les comatules et c’est un véritable festival qui s’offre à mes yeux en plongée diurne ou nocturne. Prenez le temps de détailler les coraux fouet (

Cirrhipathes sp

.). Vous y trouverez peut-être le ”

gorgonian goby

” (

Bryaninops tigris

), la ”

coral shrimp

” (

Dasycaris zanzibarica

) ou avec un peu de chance

le crabe xeno (

Xenocarcinus tuberculatus

)

 ! Un dernier conseil : repérez dans votre guide animalier préféré à quoi ressemblent les ”

stinging hydrozan

” (

Aglaophenia cupressina

). Ils ont un pouvoir urticant conséquent et portent bien leur nom : hydraires de feu ! Je vous propose maintenant de passer en revue les spécificités des différentes îles au fil de notre périple.    

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher