Photographier de grands animaux marins

Fred Di Meglio
Frédéric Di Meglio
Publié le 6 janv. 2020, modifié le 18 sept. 2024
Partie I : Comment saisir l’instant animalier face aux plus imposantes espèces du monde marin ? Comment, également, développer un œil photographique confronté aux gros poissons et cétacés ? Accroître son instinct et comprendre immédiatement ce qui prime ? Comment, enfin, adapter sa technique de prise de vue à ce type de rencontres ? Par Frédéric Di Méglio, triple champion du monde de photo sous-marine.

Les rencontres avec les plus grands animaux des mers et océans comptent parmi les plus fortes émotionnellement que l’univers sous-marin peut nous offrir. Avant tout, il faut apprendre à connaître le sujet que l’on photographie car notre savoir inspire notre voir. Ensuite, n’hésitez pas à sortir des sentiers battus et gardez en mémoire que vous ne serez jamais assez près dans ce type de photographie ! Vous devrez mélanger intuition, patience et connaissance des comportements animaliers. Mélanger émotion et adaptabilité à l’instant. L’utilisation du grand-angle est souvent primordiale dans cette démarche. La qualité de la lumière importe évidemment, tant la lumière naturelle qui peut être exclusive près de la surface que la lumière dite mixte apportée en plus par l’éclairage artificiel au flash. Deux points techniques que nous allons voir dans le détail dans cette première partie.

Tour du monde du bestiaire des grands animaux

Les sujets de cette thématique photographique sont à aller chercher dans trois catégories animales : les grands poissons, les reptiles et les mammifères marins. La famille des poissons va du mérou méditerranéen à la loche tropicale, en passant par l’espadon, la raie-manta, sans oublier évidemment le requin ou plutôt les requins : tigre, marteau, peau bleue, océanique, grand blanc, requin-baleine, etc.

Quant aux mammifères et cétacés, la liste est longue : delphinidés divers (du tursiops aux diverses espèces de stenella, en passant par les globicéphales et péponocéphales), baleine à bosse, cachalot, otarie, lamantin et dugong, etc. Pour les reptiles, il s’agira le plus souvent de la tortue (plusieurs espèces) et du crocodile.

Mais où donc croiser les différents membres de cette longue liste à la Prévert ? Cela peut se faire au hasard d’une plongée locale ou d’un séjour à l’étranger. Mais pour mettre toutes les chances de son côté, l’idéal est de cibler les sites propices répertoriés de par le monde. Ils permettent, souvent à certaines périodes de l’année, une rencontre animalière bien précise avec un de ces « gros », parfois aussi deux, voire plus. Cependant, ne pas perdre de vue que rien n’est garanti. Accepter humblement que la mer ne donne pas toujours ce que l’on espère. Heureusement d’ailleurs, c’est ce qui fait le sel et l’importance de ces rencontres. Je me souviens encore de longues soirées à attendre dans les mangroves cubaines, la venue d’un crocodile américain. En vain…

Parmi ces endroits à privilégier, citons, entre autres, l’île de Guadalupe (Basse Californie, Mexique) et Gansbaai (Afrique du Sud) pour le grand blanc ; les Maldives, l’île de Soccoro (Mexique) et les Marquises pour la manta ; les Bahamas et l’Afrique du Sud (Unkomaas) pour le requin-tigre ; les îles Coco (Costa Rica), Malpélo (Colombie) et Galápagos (Équateur) pour le requin-marteau à feston (halicorne) ; les Bahamas (Bimini) pour le grand requin-marteau (mokarran) ; la mer Rouge (îles du large égyptiennes) pour le requin océanique (longimanus) ; le golfe du Mexique pour l’espadon voilier ; Crystal River (Floride) pour le lamentin ; la Polynésie et Madagascar pour la baleine à bosse ; la Norvège pour l’orque ; Djibouti, Maldives, Mozambique et Mexique pour le requin-baleine ; Égypte (Sataya) pour le dauphin à long bec, Bahamas pour le stenella tacheté, etc. Mais aussi, et beaucoup plus proche, la Bretagne pour un tursiops ambassadeur ou un parc national de Méditerranée pour le mérou brun. Difficile en fait d’être exhaustif, tant le répertoire contient de pages…

Retenir souffle et bulles

Si bien entendu pas mal de rencontres de gros animaux peuvent se faire et ne sont pas rares en plongée en scaphandre, il faut insister sur l’intérêt de l’apnée. En effet, la plongée libre est le plus sûr moyen d’approcher dauphins et baleines au plus près, sans les déranger (lire par ailleurs). Combien de belles images d’émotions animalières ont pu être réalisées ainsi ! Certaines immersions en apnée restent ainsi gravées dans ma mémoire. Comme ce défilé d’une centaine de mantas dans les eaux des Marquises se gavant de plancton, ou cette descente le long du corps d’une baleine à bosse allaitant son nouveau-né à Madagascar. Ou encore cette nuit, au large des Bahamas, quand un groupe de dauphins était venu chasser un banc de carangues sous notre bateau. Une chasse d’une heure où mon corps résonnait sous la vibrance de leurs sonars, j’étais devenu un des leurs dans cette traque où ils m’utilisaient comme rabatteur grâce à mes éclairs de flash.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher