Plongées polaires : aventures, rencontres et paysages à couper le souffle

Cette rascasse volante aux Antilles, je l’ai croisée en mer Rouge. Émerveillée par elle, je l’ai cependant déjà vue. Je voulais découvrir l’océan d’une nouvelle manière, différemment, faire quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant. Mon départ au Canada, depuis quelques années, m’a fait rencontrer les eaux froides.

Et c’est ainsi que, adapté aux combinaisons étanches, j’ai goûté aux émotions de la plongée froidement « revigorante ». Dans le Saint-Laurent maritime, en Gaspésie, autour de l’île de Bonaventure, à Terre-Neuve, à Saint-Pierre-et-Miquelon magnifique archipel français aux portes de l’Amérique, en Islande et sur le cercle polaire au nord de la terre des Hyperboréens. Invitant à chaque fois mon père Jean-Louis Blanchard, qui partagea très vite avec moi cet engouement pour ces terres froides, voilà un florilège de quelques images précieuses et intemporelles. Au moment où il va quitter la présidence de la FFESSM, c’est une façon de lui faire plaisir et de saluer son immense passion pour toutes les eaux de la planète bleue.

Ce premier matin aux Escoumins, petit village du Québec niché sur la rive du Saint-Laurent, nous avons enfilé nos combinaisons étanches et sommes entrés dans l’eau glacée pour la toute première fois. Au contact de l’élément à 2 °C, des aiguilles imaginaires vinrent se planter dans mes joues et mes doigts, mais le spectacle était tel que le mal s’estompa instantanément…

Et que sont belles les plongées au large de Saint John’s de Terre-Neuve, là où voyagent les icebergs et les baleines. Comment ne pas se laisser gagner par la nostalgie à se remémorer Saint-Pierre-et-Miquelon, et Langlade, où chaque sortie en bateau est accompagnée de baleines et parfois d’orques aux couleurs uniques.

Faille de Silfra, baie de Eyjafjördur conduisant à l’île ultime de Grimsey, cercle polaire, l’ancienne terre d’Hyperborée nécessiterait plusieurs vies pour en capter l’essence, la rudesse et la magie de ses flots…

La plupart des plongeurs préfèrent les eaux chaudes et les récifs tropicaux, et je ne peux pas leur en vouloir car, dès que mes voyages me le permettent, je m’en vais vers les tropiques non sans rendre hommage à la reine des mers, celle qui est entre les terres, notre Méditerranée. Mais même les meilleures expériences peuvent devenir monotones si elles sont répétées à l’infini. Imaginez, au contraire, plonger dans un monde glaciaire si étonnamment unique que seuls quelques plongeurs en ont fait l’expérience. C’est la magie, le défi et la récompense inégalée de la plongée polaire.

Les latitudes polaires sont riches d’aventures subaquatiques. Du Saint-Laurent québécois, en passant par l’Islande, la Sibérie et jusqu’aux régions arctiques et antarctiques, les eaux glaciales donnent naissance à une grande variété de vie marine que vous ne pouvez voir nulle part ailleurs sur la planète !

Les eaux froides ont des couleurs balayant les palettes du vert jusqu’à une transparence si totale qu’on aurait l’impression de voler. Les anémones fluo, les homards trapus, les petites poules de mer picoreuses, les gourmands loups de mer, les méduses gigantesques et les soleils de mer ne sont que quelques-uns des résidents que vous devriez rencontrer. Vous pourriez même y croiser les curieux phoques, et quelques espèces d’oiseaux ayant apprivoisé l’océan pour se nourrir par des apnées en profondeur dignes de nos meilleurs champions en poids constant.

L’aventure en eau polaire est sublime, faite de nouvelles rencontres et de nouvelles sensations, comme un premier baptême…