Sincèrement nous compatissons. Nous compatissons de tout cœur avec les ingénieurs et les techniciens que nous devinons obligés par leur service marketing d’imaginer des nouveautés susceptibles de faire tourner la machine (un peu comme les journalistes, soit dit en passant…). Nous les voyons suant, le crayon tremblant et la souris fébrile glissant forcément sur la pente facile de la cosmétique… Un peu de noir par-ci ? Une pointe de chrome par-là ? Trois matières au lieu de deux ? Peut-être du carbone ? En vérité, du détail parce qu’au rayon du matériel de plongée sous-marine, les nouveautés sont plutôt rares… Si rares qu’en quarante années de pratique, nous en comptons objectivement deux. Il s’agit bien entendu de l’ordinateur de décompression et du gilet stabilisateur qui ont radicalement changé notre manière de plonger. L’honnêteté m’oblige à écrire que pas un journaliste, moi le premier, ne les a vues venir dans la dimension qui est désormais la leur… À ces deux objets révolutionnaires, nous pourrions également ajouter le recycleur bien que l’objet existe et fonctionne depuis le milieu du XIXe siècle. La maîtrise des mélanges comme celle des profils changent toutefois radicalement la donne et ouvrent de séduisantes perspectives pour une frange minime de plongeurs.
Toutes les autres avancées n’auront été que des améliorations même si, parfois, elles se sont révélées majeures : manomètre immergeable, octopus, silicone. Tout cela est bien pratique ou confortable. Ainsi, le progrès des vêtements, du point de vue des coupes comme des matières, est bienvenu. Pour autant, est-ce fondamental ?
Ce propos volontairement provocateur n’a d’autre objet que d’introduire les deux équipements testés ce mois-ci : le gilet Smart de SEAC conçu avec un souci de continuité éprouvée et, à son opposé, un détendeur dont le double premier étage constitue une nouveauté et démontre l’esprit créatif comme le savoir-faire de Beuchat bien que l’on puisse légitiment s’interroger sur la pertinence du concept.