C’est grâce à Jean-Michel Kornprobst, qu’en 1992, lors d’une mission au Qatar, j’ai fait la connaissance de Haïdar El Ali qui avait pris sa suite à l’Océanium, lors de son retour en France. Première formation ”bio” pour les plongeurs sénégalais en 1994, et depuis, 22 autres stages regroupant plongeurs fédéraux français et locaux ont eu lieu, pour un effectif de 326 plongeurs et plongeuses !
En 2006, un accord de partenariat est signé au Salon de la plongée entre la FFESSM et Haïdar El Ali, président de l’Océanium et vice-président de la Fédération sénégalaise d’activités subaquatiques, membre de la CMAS.
Depuis, aux stages ”bio”, se sont ajoutées d’autres opérations, toujours à caractère environnemental : mission du Muséum d’Histoire naturelle en 2008, opérations ”Filets perdus” en 2010, 2011 et 2012. En mai 2013, ce sont 34 jours d’intervention bénévole qui sont à mettre au crédit des plongeurs français et sénégalais.
Son but : déterminer comment et pourquoi les océans changent et quelles sont les principales activités humaines qui ont un rôle dans cette transformation.
Le projet phare d’Antinea a donc pour objectif de faire progresser les connaissances scientifiques et contribue à établir ”une carte mondiale de l’impact humain sur les écosystèmes marins” (Halpern et al., 2008). Antinea, fondation patronnée par l’UICN et l’UNESCO, a déjà réalisé en Méditerranée, au Maroc et en mer Rouge des opérations du même type, visant à évaluer l’impact ”anthropique” sur une série de sites présélectionnés en fonction de leur situation géographique, de leur profondeur et de leur degré de dégradation éventuelle.
Une équipe de 8 plongeurs, français, sénégalais, suisses, a réalisé une première série de 20 plongées sur 5 sites choisis suivant ces critères, permettant de faire un état des lieux et une première évaluation. Cette opération devra être renouvelée sur plusieurs années pour mesurer l’évolution, positive ou négative de la biodiversité : algues, poissons et invertébrés.
On pourrait, au choix, se réjouir d’être tellement efficaces, ou démoralisés de voir qu’il y a toujours autant de filets perdus ! Seule note optimiste, la plupart des épaves ”nettoyées” en 2011 et 2012, ne sont pas, ou peu, recolonisées par cette engeance mortelle. Et pourtant… les monofilaments de Nylon sont officiellement interdits au Sénégal depuis plusieurs années… cherchez l’erreur.
Il suffit de se promener à Mbour, Joal, Cayar, Djiffer, Yoff et autres ports pour constater que cette mesure est loin d’être appliquée. Importés d’Asie par des commerçants peu scrupuleux, ces filets entrent sur le territoire par la Mauritanie, la Gambie ou la Guinée Bissau quasiment sans obstacles. Corruption, laxisme, appât du gain réduisent à néant les efforts des rares partisans d’une pêche durable.
On commence pourtant à voir apparaître ici ou là, quelques nappes de coton dont la fabrication permet d’utiliser matière première et main-d’œuvre locale, mais cela reste encore marginal. Pourtant, perdus, ces filets se désagrègent en quelques mois et sont rapidement mis hors d’état de nuire, réduisant de manière significative le phénomène de ”pêche fantôme” que l’on constate avec les nappes et cordages de fibres synthétiques : Nylon, polypropylène, polyéthylène…