Un parfum de Grand Bleu

Caroline Celli
Publié le 30 août 2018
Voici trois décennies, un cinéaste bouleversait le monde de la plongée avec un film qui a transporté toute une génération : celle que l’on a baptisée la génération Grand Bleu. Son héros, inspiré de la figure emblématique de l’apnéiste Jacques Mayol, incarnait une pureté et une juvénilité en totale rupture avec la vision habituelle du sportif de haut niveau. Et ce faisant, en une association visionnaire, Mayol et Besson ont posé les bases d’une philosophie de l’apnée plus actuelle que jamais. Porteur de cette vision, l’acteur Jean-Marc Barr, qui incarnait le premier homme à avoir franchi la barre symbolique des cent mètres en apnée, a accompagné la sixième édition du championnat de France d’apnée eau libre, le 30 juin à Villefranche-sur-Mer, donnant à la rencontre un délicieux parfum de Grand Bleu. Caroline Celli revient sur l’évènement.

Grâce à l’engagement sans faille d’une équipe de bénévoles incontournables, l’appui de nombreux partenaires indispensables et la venue de nombreuses personnalités, dont la présence remarquée de Jean Marc Barr, le parrain du championnat, cette 6e édition a été une grande et belle réussite. Sans oublier les nouveautés technologiques, le contrepoids qui a permis de renforcer la sécurité des apnéistes et la retransmission sur grand écran, grâce au Diveye, qui a fait vivre en direct les records et les performances des athlètes au public.

LA COMPÉTITION CÔTÉ MER

Samedi 30 juin 2018, le jour se lève sur la rade de Villefranche-sur-Mer. Depuis 5 ans, le championnat d’apnée eau libre a lieu ici. Pas besoin de faire beaucoup de navigation, à 50 m du bord il y a déjà 40 m de profondeur et au milieu de la rade 160 m. Spot idéal également car presque toujours abrité, il est possible de se rabattre d’un côté ou de l’autre de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat en cas de mauvaise météo. Et cette année la mer est clémente.

LE DÉPART DU PORT DE LA DARSE

Départ 5 heures pour l’équipe d’organisation, dernier briefing pour tous les bénévoles et chacun rejoint son poste. Les premiers apnéistes, eux, arrivent sur le port à 6 h 30 et embarquent sur la navette qui les conduit sur le site de performance. L’échauffement commence pour ceux qui le souhaitent. Ils sont ensuite amenés sur le bateau de compétition où ils effectueront leur descente.

Dans une compétition d’apnée, les athlètes peuvent choisir leur façon de descendre en bi palmes, monopalmes ou sans palmes (CNF = Constant No Fin). Mais ils ne pourront faire qu’une plongée. Ce sont souvent ceux qui ont choisi la monopalme qui commencent car elle permet des profondeurs plus importantes que le bi palme. Mais c’est la profondeur annoncée par les athlètes la veille qui déterminera leur ordre de passage. Ceux qui ont annoncé les performances les plus profondes partent en premier. Le nouveau contrepoids électrique est remonté automatiquement au fur et à mesure des passages pour se caler sur la profondeur annoncée. La marge d’erreur est ainsi réduite, deux juges vérifient chaque changement de profondeur et la remontée se fait automatiquement grâce à cette nouvelle machine.

UN NOUVEAU SYSTÈME QUI ALLIE PRÉCISION & SÉCURITÉ

Plus pratique, il remonte tout seul. Plus précis, l’âme du bout est en cuivre pour éviter toute distorsion, transmettre les signaux vidéos en surface et assurer une mesure précise de la profondeur atteinte. Plus sécuritaire, il peut remonter rapidement un apnéiste qui aurait un accident au fond grâce au treuil électrique. Il est doté de deux caméras à l’intérieur et deux phares led qui éclairent les compétiteurs à l’arrivée sur la plaque de fond. Ces deux caméras permettent de voir si l’apnéiste ne se tracte pas plusieurs fois en dehors d’une zone définie au-dessus du disque et sur lequel sont accrochées les plaquettes de performance.

Les juges de surface sont prêts et les apnéistes de sécurité aussi. Le Diveye va pouvoir retransmettre en direct sur le bateau et au port ce qui se passe sous l’eau. Un juge est en charge de l’accueil de chaque athlète sur la plateforme de compétition, vérifie son identité, sa longe et met deux profondimètres au poignet du compétiteur pour pouvoir vérifier la profondeur atteinte. Tout est prêt. C’est parti, il plonge et descend. Le Diveye permet à un autre juge de le suivre sur l’écran du gros bateau. Il saisit sa plaquette et entame sa remontée. Dès qu’il atteint une certaine profondeur, définie en fonction de l’annonce de profondeur de l’athlète, du temps de performance annoncé, sur un rythme réel de nage visionné en direct, un premier apnéiste de sécurité descend à sa rencontre à environ 30 m et un autre à 20 m. Il atteint la surface encadré par deux apnéistes de sécurité sans problème, réalise son protocole et remet sa plaquette. Suspense, les juges décident si sa performance est valide ou pas. C’est bon, le coordinateur régie lance l’information sur sa tablette pour valider et donner le résultat en direct aux spectateurs via l’interface numérique.

Pendant la pause méridienne de 20 minutes seulement, un personnage qui a inspiré un grand nombre de plongeurs fait son apparition. Jean-Marc Barr, 30 ans après le Grand Bleu, se lance le long de la corde sous le regard admiratif de tous les plongeurs. Il ressort sous des tollés d’applaudissements. Mais les bénévoles n’ont pas le temps d’en profiter car la compétition reprend son rythme et 45 compétiteurs se succèdent toute la journée de 8 heures à 16 heures.

La sécurité est essentielle pendant une telle compétition. Sur chaque action, les bénévoles sont en binôme pour vérifier deux fois toutes les étapes. Le Dr François Vo Dinh, médecin de la commission nationale d’apnée, et le Dr Carl Willem, médecin coordonnateur de la surveillance médicale réglementaire de la FFESSM et membre du Service de médecine hyperbare (Pôle des Neuro-Sciences) au CHU Nice Hôpital Pasteur, sont également prêts à intervenir sur les lieux, accompagnés d’une infirmière du caisson hyperbare, Patricia Pernet et de Dominique Eloy, kinésithérapeutes et ostéopathe venus en amont pour partager ses compétences en gestion du stress auprès de certains athlètes. Le médecin référent Carl Willem peut éventuellement arrêter la compétition si la situation l’exige.

LA COMPÉTITION CÔTÉ TERRE

Sur le port, un village d’animations installé grâce à l’aide du comité régional PACA, du Codep 06 et de la mairie de Villefranche, accueille le public. Les passants et supporters peuvent suivre la retransmission en direct sur grand écran de ce qui se passe sous l’eau. Des stands de partenaires sont également présents. Beuchat, partenaire de la FFESSM pour l’apnée, l’association Grégory Lemarchal qui lutte contre la mucoviscidose soutenue par son ambassadrice Alice Modolo, et l’association Cetasea, qui œuvre pour le mieux-être des animaux marins dont le parrain est Jean-Marc Barr. Pour découvrir cette discipline, des initiations à l’apnée animées par des moniteurs confirmés, sont également proposées.

À 18 heures, la séance de dédicaces de Jean-Marc Barr a attiré beaucoup de monde. Bénévoles, athlètes, plongeurs, passants, tous étaient présents pour rencontrer leur idole. Mais il y avait plus. 30 ans après le Grand Bleu, le souvenir était intact, les fans n’ont cessé de remercier Jean-Marc pour les émotions qu’il leur a fait vivre et l’envie qui leur a donné. C’était un moment de partage authentique !

LA REMISE DES MÉDAILLES

Puis vient le temps après 8 heures de compétition de remettre les médailles aux champion(ne)s ! C’est dans le magnifique jardin de la citadelle, prêté par la mairie de Villefranche-sur-Mer que Claudie Khoklov conseillère municipale subdéléguée aux Sports nautiques et aux Associations, le vice-président du département des Alpes-Maritimes Xavier Beck, le commandant de la Gendarmerie maritime de Méditerranée Joël Molera, le commissaire général de Marine Thierry Dufresne adjoint au préfet maritime de Méditerranée, le président de la Fédération monégasque des activités subaquatiques Jean-Marc Goiran, le président de la FFESSM, Jean-Louis Blanchard et bien sûr le parrain de la compétition Jean-Marc Barr, remettent leurs récompenses aux athlètes.

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Après la projection de L’Homme dauphin, le film de Lefteris Charitos, Jean-Marc Barr a répondu aux nombreuses questions du public. Le comédien qui a incarné l’apnéiste dans le film Le Grand Bleu de Luc Besson a bien connu Jacques Mayol et, à sa manière, il nous raconte en quoi ce personnage était intéressant, ce qu’il partage avec lui et pourquoi il n’a pas hésité à faire la voix off de L’Homme dauphin.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher