LES DRAGONS BLEUS DE KOMODO

le 30/04/2015 publié dans le N°260 de Subaqua
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Vincent Maran
par Vincent Maran

Une croisière de plongée vers Komodo permet de vivre d’intenses moments d’exploration sous-marine. Ce qui est vrai pour tout plongeur le sera davantage encore pour celui qui a gardé la capacité de s’émerveiller des richesses de la vie sous-marine. On ne peut pas évoquer Komodo sans penser à ses dragons aux allures de reptiles issus des temps géologiques, mais ses eaux recèlent d’autres dragons, de tailles bien plus modestes et d’un bleu soutenu…

Bali, île pourtant magnifique, n’aura été cette fois-ci que notre lieu de départ pour une navigation vers le soleil levant à bord d’un voilier plein de charme. Au large des îles de la Sonde, le périple maritime est superbe et il permet d’atteindre jusqu’à Komodo et Rinca des sites fabuleusement riches. Nous plongeons à proximité d’îlots ou d’îles proposant à chaque fois des milieux bien typés : tombants foisonnants de vie fixée, stations de nettoyage pour requins ou pour raies mantas ou encore pentes de sable noir propices aux plus belles observations de type « muck diving ». Ces milieux très variés permettent chaque jour de nouvelles découvertes, tant au niveau des paysages sous-marins qu’au niveau des richesses biologiques. Voici quelques aperçus des observations réalisées pendant un séjour « Bio et photos sous-marines ».

LE DRAGON BLEU

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Une jolie limace de mer porte en partie le même nom que le célèbre varan géant de Komodo. Ce n’est pourtant pas en raison de son voisinage géographique avec ce grand vertébré mais plutôt en raison de sa ressemblance avec le dragon des mythologies asiatiques. Ce nudibranche (Pteraeolidia ianthina) est particulièrement long et effilé, et il est muni de nombreux appendices dorsaux : les cérates. À l’avant du corps, ce mollusque arbore de longs tentacules et des rhinophores (organes en forme de massue situés au-dessus de la tête) ayant tous un rôle sensoriel. Ils permettent au mollusque de percevoir les molécules de son environnement, entre autres celles qui peuvent le renseigner sur la présence d’une source de nourriture. L’ensemble est, comme très souvent chez ces animaux, de toute beauté et donc particulièrement photogénique.

LE PLONGEUR DES SABLES

Beaucoup de plongeurs sans doute ignorent qu’un poisson est nommé comme eux « plongeur », mais il est vrai qu’on lui accole aussitôt le complément « des sables ». Ce poisson, nommé Trichonotus setiger par les scientifiques, mesure une vingtaine de centimètres de long. Il possède un corps très étroit et son nom commun s’explique par le fait qu’il a la particularité de plonger la tête la première dans le sable dès qu’il se sent en danger, un peu à la manière des rasons, autres poissons des fonds sableux.

BIOLOGIE 260-2 DOSSIER 4Au contraire de ceux-ci toutefois, après un petit parcours sous la surface du sable, il laisse aussitôt ressortir la tête au ras du sédiment. On peut alors voir la forme très particulière de celle-ci, allongée en pointe au niveau de la mâchoire inférieure, et ses yeux recouverts d’une membrane à la manière de ce que l’on peut voir chez les poissons-crocodiles. Lorsqu’un mâle veut séduire une femelle ou impressionner un autre mâle, il déploie de magnifiques nageoires pectorales jaunes ainsi que les premiers rayons de sa nageoire dorsale, particulièrement longs. Il agit ainsi d’une manière semblable à celle de ses cousins européens : les dragonnets. Tiens, encore des petits dragons !

STATION DE NETTOYAGE POUR MANTAS

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À « Manta Alley » nous avons eu le grand plaisir de vivre deux plongées en compagnie des raies mantas. Elles trouvent ici une station de nettoyage qui leur permet un indispensable déparasitage. À plusieurs reprises, nous en avons eu jusqu’à cinq simultanément dans notre champ visuel. C’est à la jonction du talus récifal et du sédiment qu’elles viennent à la rencontre des labres-nettoyeurs mais aussi des girelles et des poissons-papillons qui offrent les mêmes services. À faible profondeur, elles nageaient en boucles étroites pour se gaver du plancton assez abondant sur ce site à cette période. Nous étions en permanence frôlés ou survolés par ces raies à la superbe silhouette. Un moment magique auquel nous avons dû mettre fin, lorsque l’aiguille de notre manomètre nous a rappelé à notre incontournable condition de mammifères aériens…

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 260 Abonnez-vous

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