Brest le royaume des épaves

le 02/11/2013 publié dans le N°251 de Subaqua
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Benjamin Pepy
par Benjamin Pepy

Par sa position stratégique à l’extrémité occidentale de l’Europe, Brest a été depuis de nombreux siècles un grand port militaire. Sa rade représente un terrain de jeu de plus de 150 km2 pour les plongeurs finistériens. C’est un endroit de repli idéal lorsque le vent de sud-ouest ou de nord-ouest ne permet pas de s’éloigner des côtes. Les amateurs d’épaves et de biologie se régalent, à la seule condition de savoir jouer avec les courants de marée ! Avec Benjamin Pepy, partons à la découverte de quelques épaves situées dans le goulet… Photos de l’auteur (sauf mention contraire).

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Le Cobetas, abordé par un navire anglais…

48°20’ N / 04°31’ W

Le Cobetas est un grand vapeur espagnol de 96 mètres qui a coulé le 2 novembre 1918 suite à l’abordage avec le vapeur anglais S.S. Reresby. Lors de son naufrage, il transportait 3 600 tonnes de minerai de fer entre Bilbao et Cardiff. Sur les vingt-cinq marins qui composaient l’équipage, seul treize ont été sauvés.

Ce naufrage fut à l’origine d’un conflit entre les deux armateurs pour déterminer qui était responsable, l’abordage ayant mis en cause deux navires de nationalités étrangères différentes dans les eaux territoriales françaises… Le cas du Cobetas fit longtemps jurisprudence chez nos amis anglo-saxons.

L’épave est certainement la plus grande épave située dans la rade. Elle repose sur un fond d’une vingtaine de mètres, non loin de la Cormorandière.

Le courant est si violent qu’il n’est pas rare de voir disparaître la bouée de mouillage sous trois mètres d’eau. Il est absolument impératif d’envisager cette plongée par faible coefficient et à l’étale de marée. Les clubs de la région sont parfaitement habitués à ce site et pourront vous emmener en toute sécurité.

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C’est une épave extraordinaire, car après presque un siècle passé sous l’eau, la coque a encore gardé sa forme et remonte de plus de quatre mètres au-dessus du fond. La visibilité est généralement bonne et c’est un vrai plaisir de se balader sur le pont du navire ou d’admirer la proue magnifiquement colonisée d’anémones perles.

Seule la partie arrière a subi les assauts du temps et laisse apparaître le support du gouvernail au milieu d’un enchevêtrement de treuils et de ferrailles.

 

L’épave du Dellec, une plongée originale…

48° 21’ 206 N / 04° 33’ 720 W

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands voulurent protéger à tout prix les installations portuaires de la rade de Brest. Nous connaissons tous les fameux blockhaus du mur de l’Atlantique, mais les défenses côtières ne ressemblaient pas toutes à des cubes de béton.

  • L’épave située dans l’anse du Dellec témoigne parfaitement de cette diversité. Il s’agit à la base d’une barge en acier destinée à effectuer différents travaux dans le port de Brest. 

  • Lors de leur arrivée dans le port breton, les Allemands la réquisitionnent et l’arment de quatre tubes lance-torpilles. En août 1944, la barge est coulée lors d’un raid aérien allié. 

La plongée sur cette épave se fait sans difficulté. La profondeur est d’environ 10 mètres. Ce qui en fait une plongée originale c’est que l’épave ne ressemble en rien aux épaves de navires que nous avons l’habitude de côtoyer.

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Mes amis ont pris l’habitude de la surnommer le ”tupperware”. Il faut avouer qu’elle ressemble effectivement aux fameuses boîtes en plastique. Le tout surmonté d’un armement anti-navire impressionnant qui se trouve toujours en état. La coque semble encore intacte, exceptés certains espaces par lesquels on peut apercevoir l’intérieur.

En revanche le plancher supérieur a complètement disparu, permettant ainsi aux plongeurs de pouvoir pénétrer facilement à l’intérieur de l’épave. Dans celle-ci, se trouve un bric à brac laissé là par les militaires allemands. Dans cet inventaire à la Prévert, on note la présence de rouleaux de fils électriques, une radio, de nombreuses bouteilles d’air comprimé et un compresseur Junker de taille impressionnante.

Il n’y a aucun risque à se promener dans cette barge, mais il est préférable de maîtriser sa flottabilité et son palmage pour ne pas soulever trop de particules qui gâcheraient la fin de plongée.

 

L’entonnoir…

48° 21’ 280 N / 04° 33’ 344 W

À peu de distance de l’anse du Dellec, repose l’épave de l’Entonnoir. Il s’agit d’une citerne à carburant de l’armée française qui fut déclassée en 1924. Nous savons peu de chose sur son naufrage.

Cette épave est tellement riche en faune et flore fixée qu’elle fait le régal de tous les plongeurs, qu’ils soient débutants ou confirmés. Elle repose sur un fond rocheux incliné entre treize et dix-huit mètres de profondeur. La citerne s’est effondrée en son centre.

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Au plus profond du site, un pan de coque se dresse fièrement à la verticale, recouvert d’anémones perles et de spongiaires orange de très belle taille.

Sous les tôles vous pourrez dénicher des homards, des congres, pendant que des tacauds et des seiches vous tourneront autour.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 251 Abonnez-vous

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