Bulles de Bio : 20 000 photos sous les mers…

le 30/11/2014 publié dans le N°257 de Subaqua
OUVERTURE-DORIS-257
Vincent Maran
par Vincent Maran

Doris a été très fière de constater que sur le site de biologie subaquatique qui porte son nom un compteur affichait désormais plus de 20 000 photos(1)… Ce chiffre est emblématique du monde sous-marin depuis un célèbre roman de Jules Verne, mais au-delà de cet aspect anecdotique, il témoigne d’un formidable travail d’iconographie réalisé par une équipe qui ne compte pas ses heures !

Photo de Vincent MARAN

Photo de Vincent MARAN

Chaque photo qui rejoint le site DORIS est soigneusement identifiée, titrée, légendée, « copyrightée », datée, le lieu de la prise de vue est géographiquement repéré ainsi que la profondeur. Un beau boulot pour les photographes, mais aussi pour les doridiens qui rentrent les données et les photos sur le « back-office » de DORIS, sa face cachée. Les doridiens sont les responsables régionaux qui gèrent la rédaction, la correction et la maintenance des fiches, quand ils ne les écrivent pas eux-mêmes. On estime que chaque photo représente pour sa mise en ligne environ une heure de travail ! Il faut en effet commencer par un « appel au peuple » sur une liste de diffusion(2) à destination des plongeurs curieux de bio et de photos sous-marines, puis il faut gérer les photos reçues, ce qui peut représenter une certaine tâche quand l’espèce est assez abondamment photographiée. Souvent, il faut vérifier l’identification, et ensuite vient le moment du travail sur chaque photo sélectionnée pour qu’elle puisse répondre aux critères de mise en ligne cités précédemment. Bravo à tous ceux qui ont déjà permis d’arriver à ce chiffre de 20 000 photos, et l’aventure continue…

Place aux photos, de différentes origines, de différents styles, pour un petit florilège réalisé avec la complicité des doridiens, mais qui ne peut hélas qu’être très partiel !

Poulpe – Photo de Laurence BÉNARIAC

On ne se lasse jamais d’observer le comportement d’un poulpe, il peut toujours nous révéler d’heureuses surprises ! Toute une chronique lui a déjà été consacrée, mais récemment une photo nous a été transmise par Laurence Bénariac à l’occasion d’un stage de formation bio. Cette prise de vue très intéressante, prise dans le bassin d’Arcachon, permet de bien remarquer la technique de capture d’une araignée de mer par le poulpe. Les pinces sont maintenues écartées pour permettre au bec du poulpe d’attaquer en face ventrale l’abdomen du crustacé, son point faible. Grâce à son puissant bec corné, le céphalopode entaille la carapace du grand crustacé avant de lui injecter une salive toxique qui le paralysera. Il pourra ensuite le manger tranquillement.

Photo de Laurence BÉNARIAC

Photo de Laurence BÉNARIAC

Pou de mer d’Arcachon – Photo d’Hervé LIMOUZIN

Un pou de mer d’Arcachon (Argulus arcassonensis) s’est fixé sur la tête d’un rouget-barbet de roche. Ce n’est pourtant pas à Arcachon que ce cliché a été pris, mais en Bretagne, dans la Ria d’Etel, que connaît particulièrement bien le photographe Hervé Limouzin. Hervé nous indique que la plupart du temps, on observe ce parasite au niveau de la queue du poisson. Celui-ci se trouvait juste sur le front, « à la manière de » son cousin éloigné l’anilocre, un isopode… En effet, le spécialiste fera remarquer que le pou de mer d’Arcachon n’est pas un crustacé isopode mais un maxillopode ! Quoi qu’il en soit, des photos de ce drôle d’animal prises en milieu naturel sont rarissimes…

Photo d’Hervé LIMOUZIN

Photo d’Hervé LIMOUZIN

Carrelet-paon – Photo de Christophe KAZMIERSKI

Christophe se définit plus comme photographe que comme biologiste, mais le regard qu’il pose sur la vie marine est empreint d’une grande curiosité, et il parvient, à travers ces superbes prises de vues, à témoigner avec beaucoup d’esthétisme de la diversité des organismes marins et de leurs stratégies adaptatives. C’est donc dire si les amis du site DORIS se réjouissent de ses contributions, ainsi que de celles d’autres photographes de talent comme lui. C’est en Martinique que Christophe a saisi en pleine nage ce superbe carrelet-paon (Bothus lunatus).

Photo de Christophe KAZMIERSKI

Photo de Christophe KAZMIERSKI

Triton – Photo de Muriel VERRIER

Les tritons, ou conques, sont de très grands mollusques gastéropodes. Les coquilles de certaines espèces peuvent dépasser la longueur de 50 centimètres ! Ils sont connus pour leur utilisation comme instruments de musique lors de certains rituels mais aussi hélas comme souvenirs pour touristes mal inspirés… Ils ont également la particularité d’être de grands prédateurs d’étoiles de mers, mais les seules photos de tritons consommant des étoiles de mers dont nous disposions sur DORIS venaient de mers tropicales : Caraïbes ou Indo-Pacifique. Grâce à Muriel, nous disposons désormais d’une photo illustrant le repas d’un triton européen (Charonia lampas) sur nos côtes : la prise de vue a été réalisée dans les Alpes-Maritimes, à Saint-Raphaël !

Photo de Muriel VERRIER

Photo de Muriel VERRIER

Saut de petit rorqual – Photo de David BORG

DORIS a vocation à traiter des espèces des eaux françaises. Ainsi, grâce à Saint-Pierre et Miquelon, l’Atlantique Nord-Ouest est englobé dans les zones que nous couvrons ! Le petit rorqual peut être rencontré ailleurs que dans ce secteur géographique, mais cette photo prise par David Borg avec talent à Tadoussac, dans l’estuaire du Saint-Laurent au Québec, présente un charme certain. Voici les mots de David à son sujet : « Il s’agissait d’un jeune qui nous a fait un spectacle de bonds magnifiques. Notre guide nous avait expliqué que c’était assez rare de voir ces grands mammifères marins sortir quasi complètement hors de l’eau ! »

Photo de David BORG

Photo de David BORG

PLUS DE 20 000 PHOTOS !

Ces photos ne représentent évidemment qu’un tout petit échantillon de ce que vous pouvez consulter sur DORIS, devenu au fil des ans la plus grande banque européenne de clichés et d’informations au sujet des espèces que nous pouvons rencontrer en plongée. Cet ensemble est mis à la disposition des plongeurs de notre fédération dans le cadre de leurs formations(3), mais il a très tôt intéressé également la communauté scientifique. Dans le cadre d’une convention signée entre notre fédération et le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MNHN), un lien relie les pages du site du MNHN consacré à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel aux pages de DORIS. Une belle consécration pour une réalisation à l’initiative de plongeurs bios « amateurs ». Amateurs, on aime, mais on compte quand même : plus de 20 000 photos(4), c’est prodigieusement remarquable…

Un très grand merci, non seulement aux photographes cités dans cet article, mais à tous les photographes qui ont participé, et qui participeront encore à l’enrichissement iconographique de DORIS.

1 : Ce chiffre ne tient pas compte du nombre considérable de photos, souvent très intéressantes également, déposées sur le Forum de DORIS, en vue d’identification le plus souvent.

2 : La liste de diffusion évoquée dans ces lignes se nomme « Biosub » et il vous est possible de vous y inscrire à partir de la FAQ accessible directement par un onglet sur doris.ffessm.fr

3 : Pour tout usage des photos de DORIS il convient de consulter la page « Copyright » accessible sur le site également par un onglet qui lui est dédié.

4 : On peut même s’amuser à compter le temps qu’il faudrait pour visionner un diaporama reprenant toutes les photos présentes sur les fiches-espèces… À raison de 5 secondes par photo, ce qui n’est pas trop vu leur intérêt biologique, il faudrait plus de 100 000 secondes, donc plus de 1 666 minutes, donc au moins 27 heures. Préparez vos plateaux-repas !

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 257 Abonnez-vous

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