La Réunion purement créole !

le 02/01/2014 publié dans le N°252 de Subaqua
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Pierre Martin-Razi
par Pierre Martin-Razi

Sa rondeur juvénile et rebondie accrochée au tropique du Capricorne, la bien nommée Réunion est un bout de France situé à 10 000 km de la métropole. Cosmopolite, bigarrée, à la fois douce et rugueuse, l’île possède, derrière sa périphérie urbanisée, un indicible charme caché au creux de ses ravines, niché dans le haut de ses cirques ou alangui au bord de son étroit lagon… Entre deux randonnées (rudes pour les mollets !), on y plonge à l’ouest comme au sud et, pour les plus curieux, sur la côte orientale, sauvage et préservée. Un reportage de Pierre Martin-Razi.
Photos de l’auteur, sauf mention contraire.

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Il faut aimer les cartes de géographie et plus encore les cartes marines : tout y est et l’on peut s’y perdre sans risque pendant des heures, rêver de voyages et de paysages, plonger parmi les lignes sinueuses et parallèles, s’égarer dans les ombres colorées à la beauté abstraite.

Une carte, c’est une porte ouverte, une robe soulevée par une brise maline, une vision. Mais pas seulement. Le dessous des cartes nous apprend une multitude de choses que seul un caractère synthétique peut révéler.

Prenez la carte de La Réunion par exemple, l’île qui nous intéresse aujourd’hui. Qu’est ce qu’on y voit ? Un cercle d’une soixantaine de kilomètres de rayon, à peine déformé en son milieu et hérissé d’un triangle parfait dans sa partie nord, sorte de triskell d’eau, d’air et jadis de feu : ce sont les trois cirques accolés de Mafate, Salazie et Cilaos, exceptionnels de beauté brute.

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Dans le sud, le cône volcanique du piton de la Fournaise, sec comme amadou, dégueule régulièrement des fleuves de lave incandescente.

La Réunion est une île jeune, comme l’est sa population dont plus du quart des 850 000 habitants a moins de 25 ans…

  • Que voit-on encore ? Une pente plutôt aride dans la partie occidentale, humide à l’est avec comme seul lien pour unir les deux, une route traversante entre le piton des neiges et celui de la Fournaise. 

  • Des routes, au reste, il y en a fort peu et seul le bord de l’île affiche une urbanisation et un maillage routier relatifs. Les côtes sont nettes, abruptes, les mouillages quasi inexistants. Seul un mince récif corallien, entre le cap La Houssaye et Saint-Leu, à l’ouest, délimite un étroit lagon sur une vingtaine de kilomètres environ. 

On trouve également un petit récif au droit d’Étang-Salé et Saint-Pierre. Ce constat a une incidence directe sur la typologie des plongées…

Ainsi, grosso modo, La Réunion peut être divisée en cinq grandes zones de plongée. En partant de Saint-Denis, par l’ouest, la première va de la Possession à Saint-Paul englobant le Port. La région de Saint-Gilles à Saint-Leu, plein ouest, constitue sans aucun doute la plus fameuse.

C’est précisément là que se concentre la majorité des centres de plongée. Deux autres zones se trouvent, plus au sud, l’une autour d’Étang-Salé, l’autre plus bas encore aux alentours de Saint-Pierre.

Enfin, la petite ville de Sainte-Rose, plein est, constitue un coin de plongée qui mérite que l’on s’y attarde un peu…

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Les noms de l’histoire

Avant de nous mettre à l’eau, regardons encore un peu la carte et suivons la route à quatre-voies qui entoure un quart de l’île, une bénédiction (si j’ose écrire au vu de ce qui suit…) pour qui a connu la circulation naguère.

De Saint-Denis, la préfecture, nous passons par Saint-Paul, Saint-Leu, Saint-Louis, Saint-Pierre… Abandonnant la quatre-voies, nous trouvons Saint-Joseph, Saint-Philippe, Sainte-Rose, Saint-Benoît, Saint-André, Sainte-Suzanne et Sainte-Marie…

Les spécialistes appellent ça l’hagiotoponymie : les villes ont des noms de saints, attribués au moment de la colonisation.

Il en va tout autrement dans les hauts où bourgs et lieux-dits possèdent des noms d’origine souvent malgache ou africaine tel que Mafate ou la plaine des cafres par exemple…

Pourquoi ? Tout simplement parce que le peuplement de l’intérieur (les hauts…) a d’abord été le fait d’esclaves marron réfugiés dans les endroits les moins accessibles, les sites les plus cachés : la toponymie transforme les cartes en livres d’Histoire… Et les pages que l’on tourne en sont parfois, et sans jeu de mots malvenu, bien noires…

 

Une plongée plutôt locale

Aujourd’hui département français, La Réunion abrite un melting-pot noir, blanc, jaune, largement métissé, au sein duquel chacun semble libre d’être lui-même.

Même si, comme partout dans notre monde occidental, l’obésité s’installe rapidement, les filles possèdent souvent la beauté effrontée de la jeunesse, les hommes celle d’une population étonnamment sportive… Le dimanche, les routes se transforment en rubans de cyclistes casqués, rutilants et multicolores, les sentiers sont parcourus par des coureurs de fond, les rivières par les adeptes du canyoning et les pentes de Saint-Leu semblent occupées à temps plein par les voiles des parapentes.

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D’emblée, La Réunion apparaît comme une île où il fait bon vivre ! Un certain nombre de « métros » (discrètement appelés Z’oreilles par les Réunionnais de souche…) l’ont bien compris et s’y installent souvent pour de longues années, le plus fréquemment du côté de Saint-Gilles, affectueusement surnommé métroland !

Ce sont eux, leurs amis et leurs proches en visite (on parle de tourisme affinitaire), qui, pour la plupart, occupent les bateaux de plongée des nombreux clubs ou structures commerciales agréées ponctuant la côte.

 

 

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 252 Abonnez-vous

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