Laurent Ballesta : une plongée de 24 heures à 20 m !

le 27/08/2015 publié dans le N°262 de Subaqua
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Jean-Marc Belin
par Jean-Marc Belin

Pour les besoins du tournage d’un documentaire sur les loches marbrées de Polynésie, diffusé cet été sur Arte, Laurent Ballesta devait séjourner 24 heures sous l’eau afin de suivre le cycle complet des phases de la vie diurne et nocturne des mérous. Jean-Marc Belin s’est penché sur la question des gaz et de la décompression. Il nous fait part de ses réflexions qui ont abouti à une plongée parfaitement réussie.

Plonger pendant 1 heure, c’est bien. Plonger pendant 2 heures, c’est mieux ! Et pouvoir plonger pendant 24 heures, ce serait l’idéal… C’est ce que s’est dit le plongeur biologiste Laurent Ballesta en préparant son expédition sur la reproduction des loches marbrées à Fakarava, en Polynésie française. Pour observer toutes les phases de la vie diurne et nocturne, il faut pouvoir rester sous l’eau tout un cycle…

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La logistique n’est pas insurmontable

Dans une eau à 27 °C et à 20 m de profondeur, les 2,45 kg de chaux des recycleurs peuvent avoir plus de 8 heures d’autonomie si le métabolisme du plongeur n’est pas trop sollicité. Par précaution, on remplacera la cartouche toutes les 6 heures. Ce créneau correspond également à la renverse des courants et au moment où il faut refaire le plein de la bouteille de 3 litres d’oxygène. Malgré une température d’eau de 27 °C, le froid peut être un problème. Il faudra choisir entre l’utilisation d’une combinaison humide ou un vêtement sec. Il faudra également savoir si le plongeur peut rester éveillé et se déplacer pendant 24 heures ou s’il faut prévoir une période de repos… Mais il reste un problème essentiel : comment faire pour que cette plongée ne se résume pas à une courte incursion suivie d’une interminable décompression ?

La plongée à saturation

Par sa durée, cette plongée entre dans le cadre de la plongée à saturation. L’organisme aura emmagasiné toute la quantité de gaz inerte qu’il est possibleBELIN 262-1 d’absorber.

Ce type de plongée a été réalisé pour la première fois à Villefranche-sur-Mer en septembre 1962 (opération Man in Sea de Ed Albert Link). Le plongeur Robert Stenuit est resté 26 heures à 60 m de profondeur dans un cylindre métallique exigu, en respirant un mélange oxygène/hélium. Une décompression de 49 heures avait ensuite été nécessaire.

Le but de ces expériences était d’ouvrir la voie à des immersions de très longue durée. Il fallait, entre autres choses, vérifier que les obligations de décompression passent par un maximum lorsque le plongeur atteint la saturation et qu’une fois « les frais fixes réglés », toute durée supplémentaire est gratuite en termes de décompression.

On ne rencontre ce type de plongée que chez les scaphandriers professionnels ou chez certains ouvriers du BTP lors de chantiers « sous pression » assez exceptionnels (ex : tunnels de Westerschelde – 2000, conseils hyperbarie : Jean-Claude Le Pechon http://hyperbar.perso.sfr.fr/AFTES4-2000-site.htm).

Mais le « travailleur » n’est pas autonome. Il dépend de lourdes infrastructures qui lui permettent de respirer, de travailler, de se reposer et de faire sa décompression au sec. Laurent n’aura pas ce matériel. La plongée et la décompression devront se faire dans l’eau.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 262 Abonnez-vous

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