Plonger autrement… Plongez normand ou comment plonger sur la côte d’Albâtre…

le 02/09/2013 publié dans le N°250 de Subaqua
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François Wender
par François Wender

Suite au ”Grand Bleu” en 1988 qui a fait beaucoup pour l’essor de la plongée loisir et le nombre de pratiquants qui en a résulté, nombreux sont les plongeurs qui ignorent ou n’imaginent même pas que l’on puisse s’immerger dans la Manche, plus précisément au large de la Seine-Maritime, en Haute-Normandie. Et pourtant, mon club de plongée, le Club subaquatique rouennais vient de fêter ses 35 ans d’existence… Un récit de François Wender du Club subaquatique rouennais.

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C’est vous dire si nous sommes fiers de tout ce chemin accompli ensemble et du nombre de plongeurs à s’être formés dans notre association et à y pratiquer une activité régulière. Pour cela, nous nous entraînons en piscine à Rouen où nous possédons un bassin de nage de 25 mètres de long, une fosse de 5 mètres de profondeur et nous sortons en mer avec notre barge de plongée d’une capacité de 23 plongeurs basée dans le port de Dieppe, sur la côte d’Albâtre.

D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls : présents avec une quarantaine de clubs de plongée, les plongeurs hauts normands n’ont pas à rougir de la pratique de leur activité.

Laissez-moi alors vous présenter notre domaine d’évolution subaquatique : la côte d’Albâtre, située sur la partie Est de la Manche. Elle correspond au littoral du Pays de Caux et constitue la quasi-totalité de celui de la Seine-Maritime. Ceux et celles qui la fréquentent régulièrement savent que leur littoral est très accueillant.

 

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Ils y pratiquent la plongée sous-marine essentiellement sur des épaves de bateaux aux destins plus ou moins tragiques qui leur fournissent des décors divers, une faune et une flore riches en variétés.

Ces épaves, de par leur nature et leur diversité, méritent autant d’intérêt que leurs voisines de la baie de Seine, immergées à jamais dans un des plus grands cimetières d’épaves de la planète : celui du débarquement de Normandie opéré par les Alliés lors du 6 juin 1944. Car la côte d’Albâtre, témoin depuis des siècles du trafic maritime entre le monde et les grands ports maritimes de Dieppe, Le Havre, Rouen et les ports de pêche du Tréport, de Saint Valéry-en-Caux, Fécamp ne contient pas que les quelques rares épaves du débarquement anglo-canadien de Dieppe du 19 août 1942.

Elle nous offre aussi un panel d’épaves riche et varié.

Ces fortunes de mer sont constituées de tous les abordages, échouages et incendies que des navires sans équipement moderne n’ont pu affronter avant l’ère du radar et du GPS et de tous les canonnages, torpillages, minages et bombardements subis par d’autres bâtiments, de commerce ou de pêche, civils ou militaires, de surface ou sous-marins, lors des deux dernières guerres mondiales.

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Quelques épaves modernes existent, tels les chalutiers victimes de croches de leur chalut au fond, ceux coulés au titre du plan Mellick dans les années quatre-vingt-dix et quelques autres navires victimes d’avaries sous-estimées au regard de leur gravité.

 

N250_Plongez-normand_1-Bien sûr, ces épaves constituent des récifs artificiels et la faune et la flore sont au rendez-vous : moules, coquilles saint-jacques, amandes de mer, huîtres pieds de cheval, bulots, seiches, lançons, blennies, maquereaux, tacauds, bars, lieus, morues, rougets, saint-pierres, dorades, congres, balistes gris, homards, tourteaux, araignées de mer, étrilles, œillets de mer, alcyons blancs, corinactis, etc. avec pour certaines espèces, une présence massive en banc ou un regroupement dans les trous et failles.

La plongée en Manche Est a cette caractéristique : elle permet de rassembler et de mettre d’accord les passionnés d’histoire avec les fans de biologie sous-marine ! Sans épave, pas de faune et par conséquent pas moyen de visiter une épave sans se retrouver nez à nez avec une espèce sous-marine présente…

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C’est ça la Normandie, p’tete ben qu’oui, p’tete ben qu’non… d’ailleurs, même les ferrailleurs invétérés aiment retrouver les dauphins qui se sont installés au large de Dieppe depuis plusieurs années.

En ce qui concerne les épaves, nous nous arrêterons sur quelques noms de nos monuments régulièrement visités : train-ferry le Daffodil, cargos Leeuwarden, Coonagh, Granville, Malachite et Général Metzinger, navires allemands UJ 1433 et Gauss, sous-marin Prairial, navires modernes cargos Braga et Tangonnier, tous en bon état de conservation.

Des avions existent, il n’en reste malheureusement que peu de vestiges, enfouis dans le sable en raison de la force du courant et des chalutages successifs.

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En ce qui concerne la petite ritournelle des plongeurs horsins (étrangers au pays normand), au sujet du froid et du noir obscur qui auraient élu domicile dans nos profondeurs, les plongeurs hauts normands sont les témoins, amusés, d’un mythe :

s’il est vrai qu’en début d’année les conditions de visibilité et de température s’approchent de celles de la Bretagne – froid en hiver, poussées du plancton au printemps et au milieu de l’été – il n’en est pas de même question température à partir de la mi-juin.

Alors que notre voisine bretonne conserve ses 14-16 °C de température de surface aidée en cela par l’océan Atlantique et ses grandes profondeurs, la Manche Est, peu profonde et alimentée par ses fleuves dont l’eau dépasse les 20 °C l’été, nous gratifie d’un bouchon d’eau tiède entre Calais et Cherbourg.

De juillet à septembre, il est courant d’avoir des températures de 21 °C en surface et 16 °C à 30 mètres. Il est alors possible de plonger en combinaison semi-étanche composée d’une seule épaisseur de Néoprène de 6 ou 7 mm ce qui est très confortable. Ces températures associées à des visibilités avoisinant – voire dépassant – les 20 mètres quand l’épisode planctonique est fini, la plongée devient un vrai régal des sens !

Certes, le grand bleu est au sud, mais le vert émeraude est au nord-ouest…

D’ailleurs, à ce sujet, nous avons coutume, ”cheu nous”, de diviser l’année en trois périodes :

  • la période d’hiver où l’on ne plonge pas ou peu (la météo est souvent défavorable, il fait trop froid hormis les quelques plongées permises en utilisant une combinaison étanche),
  • le printemps ensoleillé où l’on remonte avec une bonne réserve d’air car le froid rémanent de l’eau nous oblige à écourter le temps de plongée
  • et, enfin, la période de l’été et du milieu de l’automne où l’eau est tiède et où, alors, c’est la gestion de nos paramètres de plongée qui nous commande de remonter avec, bien souvent, une réserve d’air bien entamée…

Alors, à 2 heures de Paris, osez la Haute-Normandie ! C’est rien bien… comme on dit cheu nous à Rouen (c’est très bien, en parler rouennais). Choisissez : scuba diving ou scuba Viking ?

 

Pour plonger :

  • Liste des clubs disponible au : Comité départemental de la Seine Maritime : 02 35 31 81 49 – comite.plongee76@wanadoo.fr
Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 250 Abonnez-vous

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