RENCONTRE AVEC THOMAS CHASTAGNER COORDONNATEUR DES ÉQUIPES DE FRANCE

le 26/03/2015

T Chastagner 1Ancien nageur de haut niveau, vice-champion du monde en 800 m immersion en 2006, entraîneur du club de Gravenchon, dont on connaît les remarquables résultats à l’international, Thomas Chastagner est, depuis 2014, le coordonnateur des équipes de France de Nage avec palmes. Rencontre avec un homme disert, chaleureux et passionné. Propos recueillis par Pierre Martin-Razi.

Subaqua En quoi consiste la fonction d’un coordonnateur des équipes de France de Nage avec palmes ?

Thomas Chastagner Les tâches sont multiples. La première est évidemment la constitution des équipes nationales. Mon travail consiste à proposer une liste de sportifs au comité de sélection. Celui-ci est constitué du responsable technique national, Clément Normali, de son adjoint, Éric Jacomino, et du président de la commission nationale de NAP, Claude Philippe et du directeur technique national. Le choix final revient à Richard Thomas, le DTN. Pour dresser cette liste, des modalités de sélection sont préalablement définies. Elles sont liées aux résultats et aux performances des athlètes mais doivent aussi coller à la réalité du milieu. Au-delà des sélections proprement dites, le travail de coordonnateur consiste également au suivi des équipes, au maintien d’un contact permanent avec les athlètes et leur entraîneur et à la définition des objectifs et des finalités sportives. Sur ce dernier point, je dois dire que le DTN est à mon écoute et me laisse une grande liberté de manœuvre.

Subaqua Coordonnateur des équipes de France de NAP est une fonction bénévole. Quel est votre moteur ?

Thomas Chastagner La nage avec palmes n’a malheureusement pas la faveur des grands médias et il n’existe pas de filière métier dédiée à l’entraînement sportif dans nos disciplines. Cependant, un résultat sportif au plus haut niveau est toujours motivant. C’est une réalité qui vaut quelle que soit la discipline, pour celui qui obtient un titre ou une médaille comme pour tous ceux qui l’entourent et l’accompagnent. C’est ça mon moteur. Le sport m’a construit, il me nourrit de souvenirs et de projets et je pense qu’il fait de même pour les autres athlètes. C’est un facteur d’équilibre évident, que ce soit sur le plan individuel mais aussi social. Aujourd’hui encore, même si je ne suis plus un compétiteur, la nage avec palmes me permet d’éprouver d’immenses satisfactions, dans les résultats des athlètes que j’entraîne ou sélectionne, mais aussi dans les rencontres avec les sportifs et les autres techniciens. Cela me semble un moteur suffisant pour justifier tous les investissements !

Subaqua Sportif de haut niveau, entraîneur… C’est le chemin à suivre pour devenir coordonnateur des équipes de France ?

Thomas Chastagner Durant ma carrière d’athlète, j’ai pu intégrer toutes les équipes de France, observer et apprendre. En 2006, j’ai été vice-champion du monde et l’année d’après, j’ai obtenu mon diplôme fédéral d’entraîneur et pris en charge le club de Gravenchon. En 2009, devant les bons résultats du club, j’ai été sollicité pour encadrer l’équipe de France junior. Puis en 2009, les équipes de France junior et senior. La coordination est une suite logique…

Subaqua Être la fois le coordonnateur des équipes de France et l’entraîneur d’un club, n’est-ce pas être à la fois juge et partie ? N’est-ce pas la porte ouverte sur le favoritisme ou, par une réaction contraire, un frein à la sélection des nageurs de Gravenchon ?

Thomas Chastagner Je m’attendais à cette question ! Sincèrement, quand on a une exigence professionnelle au quotidien, on la transpose sur tout le reste et notamment l’ensemble des athlètes de haut niveau. Mon objectif numéro un reste l’intérêt des équipes de France. Avec ça, tout est dit. Les règles de sélection sont claires, fixes, connues de tous et valables pour tous que l’on soit de Gravenchon ou d’ailleurs ! Mon seul critère est celui de la légitimité. Nous avons une double responsabilité : celle d’obtenir les meilleurs résultats possible pour la France mais aussi celle de tous les jeunes athlètes, des êtres humains qui se construisent. Ce n’est vraiment pas rendre service à un sportif que de le sélectionner s’il ne le mérite pas. Le comité de sélection, comme le DTN, y sont évidemment très attentifs.

T Chastagner 3Subaqua Finalement, une équipe de France, c’est quoi ?

Thomas Chastagner C’est beaucoup ! Cela peut paraître galvaudé pourtant c’est quelque chose de très fort. La représentation de son pays à l’étranger, la dignité… Ce sont des mots lourds de sens qui signifient beaucoup en ces périodes troublées. Et quand il s’y ajoute un résultat, cela devient extraordinaire même si l’on est un vieux routier de la compétition… Parce que si l’équipe de France est une forme d’aboutissement, cela reste un objectif intermédiaire. La finalité, c’est tout de même d’être médaillé à l’international !

Subaqua Quels sont les enjeux 2015 ?

Thomas Chastagner Chez les juniors, 2014 a été une année très riche et 2015 se positionne plutôt comme une année de transition. Nous allons envoyer une équipe au championnat d’Europe à Belgrade en Serbie du 4 au 7 juillet. Cette rencontre nous servira de base de sélection pour le championnat du monde à Oyonnax en 2016. Du côté des seniors, la grande rencontre 2015 est celle du championnat du monde de Yantai, en Chine en juillet prochain. L’Asie réussit moyennement à l’équipe de France. L’année 1994 avait été tout juste bonne, 2004 difficile… J’espère que 2015 va renverser la tendance ! Nous allons mettre tous les atouts de notre côté en sélectionnant l’équipe la plus affûtée possible. De ce point de vue, le rendez-vous du championnat de France à Chartres, du 22 au 24 mai est une étape essentielle.

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