Dès ses débuts, la campagne de Shark Alliance s’est fondée sur des études scientifiques incontestables, relayées par des outils de communication de grande qualité produits par l’agence anglaise ComsInc dirigée par Sophie Hulme.
Sonja Fordham, scientifique américaine de renom spécialisée dans les requins, est devenue la directrice politique de Shark Alliance, secondée puis relayée par la biologiste Sandrine Polti, appuyée par les contributions de Sarah Fowler et du Groupe des spécialistes des requins de l’UICN.
En France, Bernard Séret, de l’IRD, le spécialiste français des requins, fut le porte-parole de Shark Alliance tout au long de la campagne et multiplia les conférences et les interventions sur le sujet. Dans chaque pays, Shark Alliance a rassemblé les ONG concernées par la cause des requins, scientifiques, environnementalistes, plongeurs, etc. pour arriver en 2012 à un total de 130 ONG européennes.
Leurs représentants se sont régulièrement réunis à Bruxelles pour s’informer, débattre et décider de la campagne, tout en rencontrant les décideurs basés dans la capitale européenne.
En France, 13 ONG motivées se sont, l’une après l’autre, engagées dans la réflexion et la détermination de la campagne, dans les rencontres avec les décideurs et dans l’événement annuel coordonné dans toute l’Europe en octobre, ”la Semaine européenne pour les requins”.
Parmi elles, figuraient des associations dédiées à une espèce ou un écosystème spécifique (Mégaptera, Sos grand blanc, l’Observatoire des requins de Polynésie). Des associations de plongeurs d’autant plus motivées qu’elles étaient les témoins du déclin généralisé des espèces de requins sur leurs sites de plongée (Ffessm et ses 150 00 licenciés qui s’appuyaient sur sa commission environnement et biologie subaquatiques, Longitude 181 Nature, Dionybulles) et des ONG de défense de la biodiversité (Bloom, Noé Conservation, Ligue Roc/Humanité et biodiversité, Tendua, Passion des Requins, Ailerons, Chelonia Polynesia…).
Une coordinatrice française, Nicole Aussedat, se chargeait d’animer cet ensemble, de les réunir, de les organiser, de les emmener rencontrer les décideurs et de les représenter auprès de l’équipe bruxelloise.
Le Salon de la plongée devint également un pôle d’attraction pour les conférences sur les requins, avec des conférences conjointes entre Nicole Aussedat (Shark Alliance) et Jacques Dumas (FFESSM), mais aussi une belle exposition réalisée par une jeune fille alors âgée de 13 ans, passionnée des requins, Ondine Elliot.
Les ONG européennes ont donc été des acteurs clés, la base solide et légitime sans laquelle rien n’aurait été possible. Chaque année, elles se mobilisaient pour animer ”la Semaine européenne pour les requins” dans leur pays, apposaient leur logo sur tous les courriers aux décideurs, et ont répondu à la consultation publique de la commission en 2011 sur le sujet du finning. Elles furent reconnues par les décideurs, en tant que membres de Shark Alliance, comme des interlocuteurs de premier plan durant toute cette campagne de 6 années.
Les aquariums de leur côté sont devenus des partenaires précieux pour façonner une autre image des requins dans le grand public et attirer l’attention sur les dangers spécifiques menaçant les différentes espèces. Ils ont récolté des milliers de signatures aux lettres et pétitions adressées soit aux ministres des Pêches, soit aux parlementaires européens, soit directement… au gouvernement espagnol, qui était dans le collimateur pour sa contribution d’un tiers au marché de gros des ailerons de Hong Kong !
En 2009, le ministre des Pêches d’alors, Michel Barnier, a reçu une délégation de Shark Alliance pour recevoir personnellement les 20 000 signatures françaises récoltées lors de la deuxième semaine européenne, sur un total européen de 95 000 signatures. La FFESSM, qui fût l’une des premières ONG à adhérer à la Shark Alliance, utilisa à cette occasion son réseau national des formateurs de biologie pour communiquer auprès de tous les plongeurs et les mobiliser afin de signer massivement la pétition et faire des présentations les plus larges possibles auprès du public de plongeurs et non-plongeurs.
Les autres grandes ONG ne sont pas rentrées formellement dans la coalition, mais ont indéfectiblement appuyé la campagne pour des démarches ciblées sur les décideurs : Greenpeace-France, le WWF-France et la Fondation Nicolas Hulot ont fait route avec Shark Alliance lors de manifestations organisées en commun, comme ce colloque organisé par Shark Alliance pour les parlementaires français en octobre 2007 lors duquel Hubert Reeves vint lui apporter son soutien et celui de son organisation, la Ligue Roc ; ou par des courriers et des réunions communes avec le représentant permanent de la France à Bruxelles, les membres du Comité national des pêches maritimes, les ministères lors des deux Grenelle, de l’Environnement puis de la Mer.
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