Il y a l’indigo bien sûr. Celui de la mer infinie qui borde les tombants vertigineux. Du turquoise également, grâce à la fine couche d’eau qui recouvre le sable blond des lagons. Mais pas seulement. Car l’île d’Andros possède un assortiment de trous bleu. Enchâssés dans une forêt aux subtiles variations de vert, ils n’ont d’ailleurs de bleu que le nom, affichant des teintes allant du brun à l’orange en passant par le mauve. Bienvenue à Andros et sa nature insoumise.
Parqué dans un coin du tarmac de l’aéroport de Fresh Creek, le monomoteur à hélice attend ses passagers. De la plateforme du pick-up garé tout contre, nous transvasons le matériel de plongée dans la carlingue. Obligé de céder la place du copilote à Gilles, privilège de photographe, je me retrouve tout à l’arrière du petit appareil, assis sur une montagne de blocs. « Ready guys ? » lance Jeff, le pilote et propriétaire du Small Hope Bay Lodge, le resort dans lequel nous résidons depuis ces trois derniers jours.
Question toute rhétorique puisque sans attendre ma réponse, l’aéronaute à la chemise à fleurs démarre pour positionner son avion en bout de piste. Comme il n’y a rien à l’horizon, la manette des gaz est enfoncée sans attendre. L’avion s’arrache du sol et longe la côte. Les fenêtres ne fermant pas, elles se retrouvent plaquées par le vent en position relevée. Ambiance bruyante mais du coup, j’ai une parfaite vision sur l’extérieur. Je découvre du ciel une forêt se parant de dizaines de trous bleus, avant d’entamer un survol à ras des flots qui va surprendre deux requins-nourrices somnolant sur le sable du lagon.
On nous a promis une immersion hors du commun mais rien que pour s’y rendre, ça l’est déjà !