Assis sur un siège posé sur le ponton, je me laisse faire. Deux élèves scaphandriers, sous l’œil expert de Marcello Rosario, leur formateur à l’accent chantant car brésilien, m’équipent d’un baudrier puis préparent mon casque avec l’ensemble des tuyaux nécessaires à ma proche immersion. Ces conduites de différentes couleurs vont m’apporter de quoi respirer et communiquer avec l’opérateur. Celle dédiée à l’eau chaude n’est pas nécessaire car la température du lac du Dramont, où flotte paisiblement la barge de l’École nationale des scaphandriers (ENS), est à mon avis agréable. Je dédaigne ainsi l’étanche qui m’est proposée. Après tout, on est en fin d’été et ce bassin artificiel, où l’eau est venue recouvrir d’anciennes carrières, est tout proche de Saint-Raphaël, ville plus balnéaire que polaire. L’expérience est pour l’instant des plus plaisantes : de tierces personnes préparent votre matériel puis vous équipent avec, pendant que vous restez les fesses posées sur un tabouret, sans trop transpirer, à contempler les nuages d’après-midi se reflétant sur la surface totalement lisse du lac… Je me dis que j’ai bien fait d’accepter la proposition de Jérôme Vincent, le directeur de l’ENS de réaliser ce baptême de scaphandrier afin de me faire « une idée plus précise du métier ».
Jusqu’à ce que le casque me soit passé. Reposant pour partie sur les épaules, il est horriblement lourd par nécessité servant de lest une fois immergé. Sauf qu’en surface, ma nuque n’apprécie pas vraiment. D’autant plus qu’il me faut maintenant, tout harnaché et pesant, me lever. Après avoir attendu debout, stoïque dans la douleur, que quelques outils fixés au baudrier via des longes viennent encore m’alourdir, je me dois de rejoindre une étroite nacelle. Voilà qui est fait à pas empruntés et malhabiles, avant de me glisser tant bien que mal en son sein. Les contrôles d’air et de son effectués, elle ne tarde heureusement pas à s’enfoncer sous l’eau. Archimède vient soulager mes cervicales et l’air rentre en abondance dans mon casque, pression grandissante oblige. Soulagement de courte durée car plus ma nacelle descend, à 5, 10 puis 15 mètres de profondeur, plus l’eau se trouble et surtout devient fraîche, pour ne pas dire froide. De 24 °C en surface, le mercure ne doit plus indiquer qu’un modeste 10 °C, peut-être moins. Je comprends mieux les sourires en coin tout à l’heure après mon refus condescendant d’enfiler un vêtement étanche en plein mois août…