La CMAS organise depuis 34 ans le Championnat du Monde de photographie sous-marine. La CMAS étant une organisation faîtière représentant les intérêts de ses fédérations affiliées, celles-ci sont détenues et gérées par des fédérations de plongée locales. Pour 2019, le championnat se déroule à Tenerife, dans les îles Canaries et est donc administré par la fédération espagnole de plongée, FEDAS (Fédération espagnole des actes subaquatiques) et par la Fédération de plongée des Canaries (FEDECAS). Par André Ruoppolo.
Des volontaires de FEDAS ont vérifié les certifications, les examens médicaux et se sont assurés que les écritures étaient correctement remplies. Plus important peut-être, les candidats laissent une carte mémoire pour chaque appareil photo qu’ils envisagent d’utiliser, qui est formatée, étiquetée et scellée par le personnel du concours. Après le déjeuner, tout le monde s’est rassemblé avec son drapeau national pour un défilé.
Accompagnées d’un groupe de percussions et d’une troupe de danseurs du carnaval des Canaries, les équipes ont défilé autour de l’hôtel où les dignitaires de la CMAS et de FEDAS les ont accueillies officiellement et ont déclaré le concours ouvert. Le Championnat 2019 compte 21 pays et un total de 36 équipes pour la photo et 11 pays avec 12 équipes dans la catégorie vidéo. La plupart des équipes sont composées d’un photographe ou d’un vidéaste et d’un assistant. La journée s’est terminée avec la réunion technique. Tous les candidats se sont rencontrés et ont été informés par Rui Guerra, directeur technique de la manifestation, assisté de Kerim Sabuncuoglu, le délégué CMAS de la commission audiovisuelle. Ces briefings sont manifestement débattus car il est inévitable que certaines règles délimitent certaines créations prévues. Une nouvelle fonctionnalité pour 2019 est que les candidats peuvent éditer des images sous l’eau mais sans tenir le mouillage. Le briefing technique s’est poursuivi jusqu’à 1 h 30 du matin !
Le lendemain journée d’entraînement au cours de laquelle les équipes partiront à bord des bateaux de la Marina sur Las Galletas. La répétition inclura les précautions prises pour assurer la sécurité des images et pour que les plongées soient effectuées dans les règles. Les mesures sont strictes. Chaque matin, les candidats reçoivent les cartes mémoire qu’ils avaient soumises la veille. Observé par un commissaire CMAS, le candidat montre qu’il ne reste que cette carte dans son appareil photo. La date est réglée sur une année aléatoire et la caméra est scellée. Les concurrents ne peuvent pas ouvrir leur appareil photo sauf s’ils ont besoin d’un changement de pile ou d’objectif, sous la surveillance d’un officiel. Aucune image ne peut être supprimée pendant une journée de compétition et chaque concurrent est limité à un maximum de 250 images/jour. Chacun doit également prendre une photo de l’un des juges de la CMAS avant de partir et une autre à son retour. Ceci fournit un point de départ et final logiques. Téléphones cellulaires et tablettes sont interdits dans la zone entourant l’appareil photo. Bluetooth et WiFi doivent être désactivés sur les caméras. Les photographes et les capitaines d’équipe pourront éventuellement sélectionner jusqu’à cinq photos pour le championnat, toujours sous surveillance. Les images sélectionnées sont portées à la connaissance du membre du jury CMAS. Les concurrents peuvent soumettre une photo dans chacune des catégories : poisson, gros plan, thème, grand-angle et grand-angle avec plongeur. Chaque équipe effectue quatre plongées de 90 minutes sur chacun des quatre sites de plongée désignés au cours des deux prochains jours. Une fois leurs logements refermés, les équipes ont embarqué dans les bateaux qui leur avaient été attribués.
Avant que les bateaux ne quittent le port, les commissaires CMAS ont procédé à un contrôle aléatoire, en recherchant ce qui se trouvait sur les bateaux. Le concours a des règles strictes en matière d’interaction environnementale et toute utilisation d’aliments ou d’appâts entraîne la disqualification immédiate, les sacs ont donc été inspectés pour s’assurer qu’aucun aliment n’était transporté. Au cours des plongées, des commissaires de la CMAS effectuent également des plongées aléatoires afin de s’assurer physiquement que les règles sont respectées. Cela peut paraître excessif, mais il faut garder à l’esprit que cette compétition est aussi proche que possible d’une épreuve olympique. Certaines des fédérations locales sont financées par des comités olympiques nationaux. Il ne fait aucun doute que les règles sont rigoureusement appliquées. Le personnel de la CMAS et de la FEDAS le fait de manière impartiale. Les règles elles-mêmes sont assez restrictives, mais ainsi chaque participant a la même chance de prendre des images gagnantes. Au retour, les scellés des boîtiers sont brisés (après une dernière photo d’un responsable CMAS) et les cartes retirées et enregistrées par les officiels qui les déchargent avant de les formater et de les rendre au concours du lendemain. L’équipe de CMAS/FEDAS et les concurrents se sont installés et les procédures de capture sont terminées. Les concurrents sont vraiment concentrés. Ils travaillent très dur pour tirer ces images gagnantes.
Outre le concours d’images fixes, le mondial de vidéo sous-marine était aussi de la partie, 10 pays sont en compétition pour le titre de champion du monde. Malheureusement pas de Français en compétition.
La CMAS exige que les bouteilles soient remplies à 200 bars et toutes les équipes sont soumises à cette pression ! Un compétiteur vidéaste a fait part au commissaire que ses bouteilles n’étaient remplies qu’à 190 bars. Un responsable s’est donc mis à enquêter et a vérifié toutes les pressions. Celles de l’équipe photo du pays organisateur contenaient toutes 260 bars… Sans tenir compte des problèmes de sécurité potentiels, cela signifiait que l’équipe avait potentiellement un avantage sur les autres concurrents. Beaucoup d’équipes ont estimé que cela était injuste. Il a été décidé de laisser les équipes continuer pendant que les juges discutaient du meilleur plan d’action. Le processus a été long et à 1 heure du matin, Rui Guerra, le directeur technique du concours, a annoncé la disqualification des photographes. L’équipe de vidéo espagnole n’était pas impliquée. Une fois cet obstacle surmonté, le processus de sélection des images a commencé. En tant que chef du jury, Kay Rui et d’autres membres FEDAS/CMAS ont veillé à ce que toutes les règles de sélection soient respectées. Cela a duré toute la nuit et vers 11 heures le lendemain les images ont été envoyées au jury en ligne.
Le concours photos a été jugé par Kay Burn Lim, Michael Aw, Magnus Lundgren, Danny Van Belle, Victor Lyasgushkin et Nicholas Samaras, tandis que le concours vidéo était jugé par Lee Burghard, Alex Del Olmo, Jeff Goodman, Julie Ouimet et Kay Burn Lim. Un des juges de la photo n’a pas pu marquer en raison d’un engagement de dernière minute. Adam Hanlon a donc été recruté pour agir en tant que juge. Les images sont toutes anonymes, il n’y a donc aucune chance que des relations personnelles influencent les résultats et le jury a été tenu secret jusqu’à leur divulgation. Dernier acte de la cérémonie, le président de la FEDAS, Eduard Centelles Alonso, rend la bannière CMAS à son représentant, Kerim Sabuncuoglu.
> Notre sélection française était composée de :
• Julien Carpels, champion de France 2018, avec à son actif plusieurs championnats nationaux, internationaux et mondiaux, accompagné de Martine Ruoppolo son modèle depuis deux ans.
• Jean-Raphaël Tordoir, champion de France 2017, plusieurs titres de champion de France, internationaux et mondiaux. Il était accompagné par Henri Fanton son modèle depuis deux ans.
Ils étaient inscrits dans tous les thèmes macro, ambiance avec et sans modèle et le thème « les cartilagineux ».
Beaucoup de travail concernant la lumière et la densité de l’eau, le réglage et le positionnement des flashs pour éviter l’éclairage des particules, être au point et assurer les tous jours. Julien et Jean-Raphaël partageaient tous les soirs leurs clichés par Dropbox avec le responsable de compétition et d’autres photographes de la CNPV qui en retour ont commenté et donné des conseils techniques pour parfaire les images.
Le premier jour de compétition tout était au point mais c’était sans compter sur le nombre important de compétiteurs sur chaque site et malheureusement des plongeurs dans le cadre qui viennent parasiter un coin de l’image. Le deuxième jour le stress monte, ils savent les images qui font défaut et il va falloir se surpasser ! Même le soleil se montre fébrile, jouant à cache-cache avec les nuages leur donnant un peu de mal pour maîtriser l’éclairage, la faune pas toujours au rendez-vous et, sur les quatre sites, un seul est approprié pour assurer la photo du thème. Persévérance, courage, photographes et assistants font abstraction de la fatigue, remontent, replongent, changent les objectifs, les blocs… Et le temps passe très vite ! C’est la fin, les dés sont jetés !
L’équipe de Julien et Martine termine avec un titre de champion du monde et quatre images dans le top-ten ce qui est très honorable !
L’équipe Jean-Raphaël et Henri complète le palmarès avec une image dans le top-ten.
Une mention spéciale pour ce Mondial qui a connu une super ambiance et une synergie sans pareil entre toutes les nations !