Epidive un nouveau départ

Pierre Martin-Razi
Publié le 27 oct. 2017, modifié le 18 sept. 2024
Nous avons déjà vanté dans ces pages le centre de plongée grec Epidive (cf. Subaqua 225 juillet-août 2009) dont nous avions apprécié la tranquillité comme nous en avions aimé le goût si particulier. Un goût fait du poids des siècles, de l’éternité des oliviers, du sucre des orangers et de ce mélange de terre et de mer que constitue le Péloponèse. Un changement de propriétaire justifiait que nous y retournions ! Par Pierre Martin-Razi. Photos de l'auteur et d'Henri Eskenazi.

Allez, je le joue franco : j’avoue être un inconditionnel des anachronismes réjouissants de La Belle Hélène, l’opéra-bouffe de Jacques Offenbach. Entre deux envolées de cuivres, les bons mots des librettistes Meilhac et Halévy sont des bonbons dans un monde d’amertume. Ainsi, par exemple, ces lignes que l’on croirait nées sous la plume d’un chansonnier des 2 Ânes : « C’est avec les dames qu’Oreste fait danser l’argent de papa, papa s’en fiche bien au reste car c’est la Grèce qui paiera… » Papa, bien sûr, c’est Agamemnon, le roi des rois qui régnait sur la terre d’Argolide que les phares de ma petite voiture de location peinent à percer par cette noire nuit de juin…

Pourquoi évoquer en ce début de papier, le chef-d’œuvre du petit Mozart des Champs-Élysées ? Parce que c’est en massacrant sa fameuse marche des rois (« Je suis l’époux de la reine, pou de la reine, pou de la reine, etc.) que je lutte contre le sommeil, virage après virage entre Athène et Épidaure, via Corinthe, au mitan de la nuit après un vol de Marseille vers la Grèce… Vol qui m’a fait transiter de longues heures dans les couloirs immenses et scintillants de l’aéroport d’Istanbul entre alcools détaxés, loukoums trop sucrés, horlogers et maroquiniers de luxe. En matière de transports (avec la voile comme notable exception) les solutions les moins onéreuses ne sont pas forcément les plus rapides ! Qu’importe…

Sans doute les dieux de l’Olympe ont-ils, avec le temps, perdu un peu de leur capacité auditive, à moins que les géants barbus et les déesses lascives n’aient malgré les fausses notes, décidé d’étendre une main protectrice et indulgente sur un plongeur-journaliste fatigué : c’est un fait, je suis arrivé sans encombre, corps et biens, sur le port d’Epidavros où, malgré l’heure avancée, m’attendait le nouveau propriétaire d’Epidive, Yves Lejannou, la cinquantaine joviale et tonique, regard et sourire francs posés sur un visage lunaire éternellement amusé. Notre passé et des amis communs n’ont malgré tout pas suffit pour nous tenir éveillés dix minutes de plus et c’est le lendemain, devant un café pris sur le quai du port inchangé depuis huit années, que les choses sérieuses ont pu commencer…

Naguère, j’avais découvert Epidavros en avril alors que les orangers en fleurs embaumaient l’air frais du printemps. C’est, les fruits mûrs et dans un air beaucoup plus chaud, que je l’ai redécouverte en juin. La petite bourgade a peu bougé. L’église orthodoxe, son pope intemporel, les quelques places de parking qui l’entourent, dominent toujours la baie dans sa partie nord. De là, une volée de marches permet encore d’atteindre l’hôtel Mike où se trouve toujours le centre de plongée. De l’autre côté de la ruelle, face à la place, l’hôtel Posidon, le bien nommé, accueille également les plongeurs de passage.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher