Du 28 juillet au 3 août 2019, le Championnat d’Europe de hockey subaquatique catégorie élite s’est déroulé dans la ville de Castellon, à 200 km au sud de Barcelone. Les installations sont connues car elles ont déjà reçu un Championnat du Monde catégorie espoir en 2015. Un bassin de 50 mètres séparé par un mur qui délimite l’espace de rencontre et d’échauffement. L’organisation a complété le dispositif en intégrant des caméras sous-marines, mettant à disposition l’ensemble des matchs sur Internet. Texte Dominique Ruaux. Photos Rémy Gillet.
Cette année, peu de nations sont présentes, la Grande-Bretagne (vice-championne du monde 2018), l’Espagne (vice-championne d’Europe 2017), la Turquie et la France (5e en 2018 et championne d’Europe en titre). La quantité est faible mais la qualité est relevée. Chacune des grandes nations européennes aborde ce rendez-vous avec le prochain mondial en ligne de mire. La Grande-Bretagne entend asseoir sa domination sur l’Europe, la Turquie est à la recherche de compétitions de haut niveau, l’Espagne, chez elle, tient à sa revanche de la précédente finale. Les effectifs sont quasiment au complet. Pour la GB, l’équipe est semblable à celle du dernier mondial. L’Espagne s’est dotée d’une nouvelle coach en provenance d’Afrique du Sud (plusieurs fois médaillée aux mondiaux) et l’ensemble des joueuses cadres a repris sa place, après leur absence durant le dernier mondial. La Turquie présente une sélection des meilleures joueuses du moment.
La France débarque avec une équipe en plein renouvellement : 4 joueuses sur 12 n’ont aucune expérience de l’élite et 4 font encore partie de la sélection espoir en - 23 ans. La semaine est intense avec un double round-robin et les demi-finales le vendredi et finale le samedi, soit au total 8 matchs avec la finale en 6 jours. Dans le cadre du mondial, il est prévu 10 rencontres avec la finale en 2 semaines de compétition. Les Françaises ne déçoivent pas. Sans complexe, elles se jettent dans le bain de la compétition. Elles enchaînent les parties sans concéder ni défaites, ni matches nuls. Et en finale, elles s’imposent face à leurs camarades d’outre-manche sur un but acquis en premier mi-temps sur coup franc. Elles feront preuve de réalisme pour défendre cette avance jusque dans les dernières minutes de la partie. Acculées à 4 puis 3 contre 6, elles sauront s’imposer par leur présence au fond du bassin. Elles repartent avec la continuité du titre, ainsi que la meilleure défense : 2 buts encaissés pour 29 réalisations, soit une moyenne de plus de 3 par match.
La victoire est double. Elle est celle d’une équipe composée de titulaires et de nouvelles qui ont su s’intégrer dans un groupe pour jouer en équipe. Elle est celle d’une organisation qui a su tirer les enseignements du précédent mondial pour ajuster la stratégie et l’administration de l’équipe. Le championnat d’Europe reste une étape vers le mondial de 2020 et une marche vient d’être franchie dans l’expertise de notre sport.
C’est avec détermination que l’équipe masculine française entame ce championnat. Le début se déroule sans encombre face à une jeune équipe d’Italie, permettant aux Français de s’échauffer avec un score de 8-0 en leur faveur. Le deuxième match est cependant beaucoup plus accroché face à une équipe turque championne d’Europe en titre. Avec un effectif proche de celui du mondial 2018, le match est particulièrement serré avec un but rapide des Français mais se termine par une égalité 1 but partout, les Turcs ne lâchant rien comme on pouvait s’y attendre. La suite est également ardue puisque dès le lendemain les bleus affrontent l’équipe de Grande Bretagne. Comme au rugby, le classico crunch contre cette équipe est toujours une grosse rencontre, ce que les test-matches au stage de préparation de Laval ont montré. La France ouvre le score après une grosse poussée dans les défenses anglaises, mais se fait rattraper dans les minutes qui suivent. Les Français ne lâchent rien et reprennent la tête en seconde mi-temps avant de céder dans les dernières secondes sur coup franc. Score final 2-2. Des ajustements sont réalisés sur le placement des ailiers afin d’affronter le Portugal, équipe physique qui ferme très bien le jeu et contre laquelle les Français peinent. Après de nombreuses fautes et des buts refusés, le score est à l’avantage de la France, 2-0. Pour le dernier match du round-robin la France affronte l’Espagne, organisatrice des championnats. Ils sont alors en tête avec une victoire contre la Grande-Bretagne et un nul face à la Turquie. Et c’est avec un contre de 20 m faisant frémir le camp français dès la 6e minute que cette équipe montre à quel point elle a progressé ces dernières années. Heureusement pour nous le but est refusé pour une faute de poing sur le dernier contrôle de l’attaquant ! Les Français passent à l’offensive en seconde mi-temps avec un but à la 12e minute. Score final 1-0, les Français sont premier ex aequo avec les Turcs. C’est désormais la demi-finale qui les attend, contre l’Espagne à nouveau ! Les matches précédents ont permis d’affiner le style de jeu à employer avec pour objectif général la sortie du palet des murs. Le début de match commence bien pour les Français avec plusieurs coups francs favorables et des Espagnols qui peinent à se mettre en place. La France n’arrive cependant pas à concrétiser les occasions et le score est de 0-0 à la mi-temps. La seconde mi-temps est plus en faveur des Français avec deux buts marqués et une équipe supérieure dans le jeu mais qui manque encore de présence au fond : les Espagnols, qui ne lâchent rien, finissent par marquer en fin de match. Score final 2-1, la France est en finale contre les redoutables Turcs !
La Turquie est une équipe très solide sur les murs et au centre. Elle commence fort le match mais une bonne opposition française permet plusieurs coups francs dans la surface Turque. Des fautes françaises sanctionnées de prisons permettent aux Turcs de faire reculer les Français et de marquer à la 9e puis à la 12e minute de jeu. Le score à la mi-temps de 2-0 en faveur des Turcs est rattrapable mais ces derniers creusent rapidement l’écart à la 3e minute avec un nouveau but. Malgré une succession de coups francs en leur faveur, la fin de match est compliquée pour les Français qui n’arriveront qu’à sauver l’honneur en marquant un seul but lors de cette finale.