Ici aux Seychelles, dès mon réveil entre ces quatre-vingt-douze poussières d’îles, telles des émeraudes serties d’or blanc sur un coussin turquoise, je contemple l’horizon parsemé de voiles qui volent au loin. Chaque seconde est une minute et chaque minute, une heure. À l’instant même où je pose mon œil sur le viseur de mon appareil photo, je me sens transporté dans un nouvel univers où l’espace et le temps m’appartiennent. En voyageur invétéré, j’aurais aimé être Vasco de Gama, le premier à découvrir ce paradis en 1502, pour y laisser planer mon imagination et inventer ma propre histoire. Les ethnies sont multiples, les paysages particulièrement esthétiques et le climat tropicalement doux. Si caractéristiques de ces lieux, les roches granitiques qui resplendissent au soleil semblent avoir l’âge du monde. Sous la surface, ces rochers forment des décors originaux entre blocs, pinacles et tunnels. La mer regorge autant de poissons que les arbres de fruits.
Notre bateau évolue autour de Mahé l’île principale, entre Praslin et la Digue. Sous l’eau, je côtoie toujours quelques requins de récifs ou nourrices, souvent des tortues, quelquefois une raie de passage, des platax, des perroquets à bosse et bien entendu toute la petite faune colorée de l’océan Indien.
Je retrouve ce beau combiné de romantisme et de charme au milieu d’îles et d’îlots presque intacts. Loin du bruit de la petite capitale Victoria sur l’île principale Mahé, les petites baies isolées, surprenantes par la paix et la beauté qui s’en dégagent, se dévoilent au gré de la navigation. Elles sont subtilement dissimulées par la grandeur des montagnes où de nombreuses chauves-souris s’ébattent bruyamment. Alchimie magique, la rencontre des Seychelles avec la croisière mêle les plaisirs de la traversée à ceux de la découverte d’îles tropicales préservées et baignées d’eau chaude. Ce mariage-là est unique et perdure.
Lors d’une des escales quotidiennes, je croise des tortues terrestres lourdes de plus de deux cents kilos et longues d’un mètre et demi, surgies au ralenti au détour des takamas. Au-dessus s’éclatent dans le ciel, les nombreux cordonniers, sternes, frégates et pailles-en-queue. À l’instant où le soleil se repose, je me délecte de quelques mets créoles qui excitent les papilles en me remémorant ce rémora qui ne voulait plus nous quitter à la baie Ternay : stress des débutants et rires des plus confirmés.