Si le mérou brun (Epinephelus marginatus), sous réserve d’être assez grand pour s’y attaquer, apprécie le poulpe commun (Octopus vulgaris), il est loin d’être son seul prédateur. Dentis (Dentex dentex), congres, murènes et autres « gourmets » apprécient ce céphalopode, ou au moins n’hésitent pas à l’amputer d’un tentacule.
Mais, il suffit d’une plongée au pied du célèbre îlot de la Gabinière (parc national de Port-Cros) pour réaliser qu’un mérou ne se nourrit pas que de poulpes, mais avant tout de poissons. Car si c’était le cas, il faudrait alors que quelques tonnes de poulpe transitent à l’année par la Gabinière pour satisfaire les plus de 300 mérous qui y vivent... (sur la population de mérous à Port-Cros, une étude au format PDF se télécharge ici).
Le mérou, en grandissant, préfère les milieux rocheux bien au-delà des 5 mètres de fond. Si le poulpe aime aussi les roches moyennement profondes, il vit souvent proche de la surface, dans le sable, la vase ou encore la posidonie.
Dans les zones où le mérou est protégé, le poulpe est également bien présent si sa pêche est réglementée, tout comme les langoustes et les autres proies des mérous
Comme tout super-prédateur le mérou régule le développement de certaines espèces. Il assainit l’écosystème car par facilité, il s’attaque aux proies les plus abondantes ou malades.
Un peu comme le requin, dont la présence sur un récif témoigne de la bonne santé de celui-ci et de tous ses habitants.
L’animal a certes de l’appétit, mais il dépend de sa ressource alimentaire. Moins il y a de nourriture, moins le milieu est sain, moins il y a de mérous...
De l’autre côté de la Méditerranée, la Tunisie vient tout simplement d’interdire depuis le 1er avril la pêche du poulpe. La raison ? « Ces dernières années, la pêche au poulpe a été épuisée par la surpêche, même hors saison, et aussi par le recours aux méthodes qui ne respectent pas l’environnement », explique dans Le Monde Ahmed Souissi, président de l’ONG Kraten, qui milite pour le développement durable.
Menacée durant la période de reproduction et de croissance, l’espèce se fait rare. Ce qui poussent les pêcheurs locaux à surpêcher d’autres espèces, dont... le mérou, provoquant ainsi un déséquilibre dans l’écosystème marin.
Plus de poulpe, plus de mérou, la boucle est bouclée
Article rédigée grâce à l'apport de Natur’Apnea (club d’apnée et de protection de la nature et de l’environnement aquatique en Corse) et la caution scientifique de Sandrine Ruitton de l'Institut méditerranéen d'océanologie.