Subaqua Comment es-tu devenu photographe sous-marin professionnel ?
> Pascal Kobeh À la fin des années quatre-vingt, j’avais une petite trentaine d’années et je travaillais dans la finance. Un pur et dur… En février 1988, autant pour m’éloigner de la grisaille parisienne que pour retrouver mon frère, je suis parti en vacances en Martinique. C’est là que j’ai fait mon baptême de plongée. D’une manière un peu rugueuse, je dois l’avouer. Mais ça m’a plu. J’ai remis ça le lendemain, appris quelques gestes basiques et j’ai bien failli me retrouver sur le Roraïma pour ma troisième immersion ! Heureusement, les circonstances m’en ont empêché. De retour à Paris, je me suis inscrit dans le Club du Ve, qui, comme son nom l’indique se trouve dans le cinquième arrondissement. Il avait été créé par Philippe Molle, avec Jean-Pierre Stella, quelques années plus tôt. Là, j’ai pratiqué et me suis formé jusqu’au N4 initiateur. Plus tard, je suis également devenu scaphandrier classe 2B, une formation qui m’a été très utile par la suite.
Subaqua On ne parle pas de photo pour le moment. Comment as-tu attrapé le virus ?
> Pascal Kobeh De 1992 à 1998, j’ai séjourné aux Maldives avec Tina Engeln. Pendant les moussons, nous nous échappions pour encadrer des croisières en Papouasie. C’était quasiment des vacances ! J’y ai rencontré Max Benjamin du Walindi Resort et, en juillet 1994, j’ai croisé Franco Banfi et Camille Lusardi à l’occasion d’une « spéciale photo » à bord du Fébrina, le bateau du centre. J’aurais pu tomber plus mal ! Ils avaient des caissons magnifiques, Hugy, Aquatica. Et c’est comme ça que je suis tombé dans le chaudron… De retour en France, j’ai commandé mon propre caisson, un Hugy avec un hublot pour un 28/70 et un macro…
Subaqua De là à passer professionnel…
> Pascal Kobeh En réalité, mon premier métier a plus manqué à mon banquier qu’à moi ! C’est un choix… J’admirais Banfi, je connaissais Voigtmann, Doubilet bien sûr. Je connaissais bien le travail de Sophie de Wilde qui est devenue une très bonne amie. Je baignais là-dedans en lisant les revues, les bouquins. J’étais ébloui… Alors oui, j’ai franchi le pas.
J’ai commencé à mettre des images en agence, Bios en particulier avec Joëlle Pichon, et participer à des concours… En 1997, j’ai obtenu l’argent au festival d’Antibes et Max est venu me voir en me disant que si je revenais chez lui, j’aurais l’or l’année suivante. Et c’est exactement ce qui s’est passé : j’ai eu la palme d’or avec ma série papoue. En mai 1999, j’ai publié mon premier reportage sur la République dominicaine cosigné avec Tina. C’était dans Subaqua et tu en étais déjà le rédacteur en chef. Je me souviens que la compagnie aérienne AOM avait perdu nos bagages et nous n’avons pu photographier que durant une seule journée. Heureusement qu’on a assuré ! Il y a eu également l’aventure Photocéans avec Alexis Rosenfeld. Nous avons bien vendu avant que l’agence ne soit contrainte à la fermeture… Et puis en 2005, il y a eu l’aventure Océans.
Subaqua Comment t’es-tu retrouvé embarqué dans le navire ?
Océans a été le deuxième étage de la fusée, un coup de boost énorme. Il y avait un tournage en Afrique du Sud et, malheureusement le photographe engagé s’est déplacé une vertèbre en passant le barre. Un scientifique sur place a fait des images mais toutes étaient sous-exposées. Alors Jacques Perrin a passé en revue les photographes disponibles sur le marché, Fred Basmayousse, Alex… Une des conditions était d’être scaphandrier professionnel, ce qui n’est pas le cas de tout le monde et de savoir plonger avec un recycleur… Je me suis retrouvé à Mooréa pour un tournage sur les baleines…