Les auteurs nous révèlent l’existence passée ou actuelle, parfois inaperçue ou peu médiatisée, depuis une décennie, et un peu plus parfois, de ces incroyables découvertes et réalisations technologiques, robotiques et bioniques inspirées des animaux. Je me suis dit que m’en faire l’écho était intéressant.
Si les lignes qui suivent se contentent de résumer ce qui relève du biomimétisme inspiré du monde aquatique, je tiens à dire ici que l’ouvrage regorge d’exemples issus du monde aérien, à commencer par tout ce qui touche au déplacement et à la locomotion (grâce aux moisissures, cafards, puces), à la chirurgie (grâce au fil de soie des araignées), à la vision, l’odorat et l’ouïe (grâce aux drosophiles, fourmis, bombyx, buprestes, grillons), au vol (grâce aux abeilles, libellules, mouches, oiseaux), à la climatisation (grâce aux termites, ), à la protection (grâce encore aux araignées, ), etc.
Ils sont une vraie source d’inspiration pour la technologie, à commencer par l’ormeau de Californie (Haliotis furescens) ! On a tous vu ces images de loutres en surface, cassant sur leur ventre avec des cailloux ces coquillages dont elles se délectent. Il faut dire que cette coquille tapissée de nacre argentée est plus dure que la céramique et qu’elle est donc très prisée, notamment en joaillerie. L’ormeau a élaboré sa coquille et sa résistance depuis des millions d’années, sous forme de nano-tuiles d’aragonite (e.g. du carbonate de calcium) mille fois plus fines qu’un cheveu humain ! Dans une couche, chaque tuile est un peu décalée par rapport à ses voisines et des milliers de strates successives sont déposées les unes sur les autres, associées par une protéine adhésive, la conchyoline. Elle maintient solidement les diverses couches entre elles sauf les tuiles d’une même couche qui ont ainsi la possibilité de glisser légèrement les unes par rapport aux autres en absorbant l’essentiel de l’énergie qui menace l’intégrité de la coquille. Cette grande résistance aux chocs a forcément donné envie pour diverses applications : des vêtements militaires, des revêtements dans le domaine de l’aéronautique…
Si l’ormeau inspire naturellement la fabrication de divers matériaux, il n’est pas le seul parmi les mollusques à coquille. Ainsi, la moule bleue (Mytilus edulis) est une source d’inspiration pour les fabricants d’adhésifs. Le bivalve détient en effet le secret de la colle qui durcit sous l’eau et qui est capable de résister à des pressions inouïes. Les filaments qui sortent de la coquille de l’animal appelés byssus, peuvent s’attacher à n’importe quel support dans l’eau salée (de la roche aux coques de bateaux) et ils intéressent particulièrement les chirurgiens, ophtalmologistes et autres dentistes. En fait, la fabrication de cette colle est une succession d’étapes faisant intervenir plusieurs protéines dont la synthèse a été parfois compliquée. Incorporées à du tofu (une protéine de soja bon marché et en abondance) un chercheur de l’université de l’Oregon a su fabriquer un adhésif très compétitif comparativement à d’autres résines, fortement usitées mais aussi potentiellement irritantes voire cancérigènes pour l’Homme ! Dans l’ouvrage paru en 2014, il est écrit que ce produit n’est utilisé que pour coller du bois, rendant les contre-plaqués beaucoup plus résistants à l’humidité ou même à des séjours prolongés dans une eau turbulente et portée à haute température. Depuis, peut-être un dérivé (synthétique) a-t-il été développé et utilisé dans le domaine médical ? J’en mettrai ma main au feu…
On ne présente plus l’intelligence du poulpe mais aussi sa capacité à ressentir angoisse, douleur et souffrance.