Handisub® : une histoire en devenir…

le 03/11/2020 publié dans le N°293 de Subaqua
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Jean-Louis Blanchard
par Jean-Louis Blanchard

Historique du projet Handisub®, premier accord national passé entre fédérations délégataires,
premier coup de projecteur, première collaboration avec une fédération étrangère, première distinction…
Le président de la FFESSM se souvient.
Par Jean-Louis Blanchard.

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Un peu d’histoire…

C’est à partir de 2009 qu’en tant que nouveau président de la FFESSM, j’ai pris l’initiative d’homogénéiser et d’accroître l’offre faite aux personnes en situation de handicap. Le projet Handisub® démarrait ! Cet objectif nécessitait un partage des compétences et une synergie forte entre la FFESSM et les deux autres fédérations nationales en charge de ce public : la Fédération nationale handisport (FFH) et la Fédération française du sport adapté (FFSA).

HANDI 1 copieEn 2011, un premier accord national avec la FFH était signé par son président de l’époque, Gérard Masson, et moi-même donc pour la FFESSM. 

HANDI 2 copieCet engagement était suivi, début 2012, d’un agrément similaire passé cette fois entre la FFESSM et la FFSA, via son président Yves Foucault. Plus récemment, en juillet  2020, un avenant à la convention entre la FFSA et la FFESSM a été signé précisant les conditions d’évolution des personnes atteintes de troubles mentaux, psychiques ou cognitifs (lire page 41). Ce fructueux travail de concertation est facilité par les excellentes relations que nous entretenons entre fédérations. Les réunions entre présidents sont régulières, la FFESSM ayant, à titre d’exemple, eu l’honneur de recevoir récemment au siège fédéral Guislaine Westelynck, l’actuelle présidente de la FFH.

>  L’environnement Handisub®

La création dès 2011 de commissions interfédérales a permis de suivre au plus près les actions menées et les projets, tout en développant et en améliorant les pratiques sportives. La FFESSM propose, en partage avec les FFH et FFSA, des qualifications Handisub® pour les pratiquants en situation de handicap, ainsi que pour les encadrants désirant recevoir une formation complémentaire dédiée. Cela a permis de mailler notre territoire national pour que tous les clubs de plongée disposent à moyen terme d’au moins un moniteur de plongée titulaire de la qualification souhaitée. La FFESSM délivre des cartes au format d’une carte bancaire qui matérialisent ces qualifications et portent les logos des trois fédérations, témoignant ainsi de la validation partagée de la part des fédérations délégataires. Une base de données nationale est construite à partir des certifications réalisées.

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Concernant les qualifications Handisub®, les personnes en situation de handicap (PESH) peuvent en acquérir quatre différentes (hors baptême), au même titre que les plongeurs valides. Le Code du sport a d’ailleurs évolué pour prendre en considération les spécificités de ces formations. Ces niveaux de qualification se distinguent selon la profondeur d’évolution maximale autorisée (PESH 6 mètres, PESH 12 mètres, PESH 20 mètres et PESH 40 mètres), lors de plongées toujours encadrées par un moniteur. Quant à ce dernier, il s’agit plus précisément d’un enseignant Handisub® ou EH. Selon son niveau de compétence, il pourra encadrer un plongeur ayant un handicap évalué comme modéré (niveau 1) ou majeur (niveau 2). Ainsi on parle d’EH de niveau 1 ou EH1 (15 heures de formation, 4 plongées en situation) et d’EH de niveau 2 ou EH2 (35 heures de formation, 4 plongées en situation).

Plus d’infos sur https://ffessm.fr/handisub

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>  Un demi-siècle de plongée adaptée en France

Bien avant que le projet Handisub® naisse puis se concrétise, aux quatre coins de la France des passionnés s’étaient déjà attelés à partager leur passion de la mer avec les personnes en situation de handicap. Ce petit historique ne sera certainement pas exhaustif par manque d’informations et de temps pour me plonger dans les divers comptes rendus de la CTN. Que les oubliés acceptent donc mes plus plates excuses. Par Pascal Chauvière.

>  1972

Deux hommes – peut-être les pionniers ? – débutent des séances de plongée subaquatique pour des personnes à mobilité réduite. À Nancy avec Pascal Chauvière et à Saint-Malo, avec le dynamique Gaby Larondelle qui organise des stages spécifiques. L’armée y participe par le biais de l’Établissement des Invalides. À Nancy, l’expérience est utilisée par le CREPS ou l’université dans les formations de MNS et l’UFR STAPS. Des mémoires de professeurs d’EPS, de spécialités en médecine hyperbare voient le jour.

>  Années quatre-vingt

Le médecin militaire Gérard Nadeau, membre de la FFH, met en place des « premières bulles » pour des soldats blessés à Toulon. À Nancy, puis à Toul (54), l’orientation est donnée vers le handicap mental. À Nancy, en 1981, le médecin psychiatre et moniteur de plongée, Guy Verra, chef de service des hôpitaux de Nancy, rejoint l’équipe de Pascal Chauvière. Il développe une plongée plus médicalisée. Dès 1986, le docteur Bouffard Vercelli propose des stages dans son centre de rééducation de Cerbère. Ces stages médicalisés sont avant tout destinés aux grands blessés médullaires.

>  Années quatre-vingt-dix

Innovation à Annecy : Michel Guenin, tétraplégique, commence la plongée avec Denis Guillaume, moniteur d’État. Cela donnera lieu à un mémoire de BEES3 !

- 1994 : première convention signée entre la FFH et la FFESSM.

- 1995 : le médecin psychiatre Henry Brosseau commence à faire plonger des personnes atteintes de handicap mental et psychique. Son travail continue actuellement et pourrait nous apporter beaucoup.

- 1995-1996 : les premiers cursus plongeurs et moniteurs sont rédigés par Pascal Chauvière.

- En 1996, la plongée adaptée essayait de se trouver une place. Le groupe d’étude et recherche plongée tétraplégie de Lyon (GERPT) a alors organisé un séminaire à Hyères. Les conférenciers présentaient leurs recherches devant un aréopage de scientifiques, moniteurs et présidents de clubs afin de lever l’interdiction faite à une personne tétraplégique de plonger. Au plus fort de la discussion, alors que tout semblait perdu, le docteur Raymond Sciarli, avec le docteur Wolkiewiez, a défendu cette possibilité. Les talents exceptionnels d’orateur du Dr Sciarli ont finalement emporté l’acquiescement de l’auditoire. Un bond en avant venait de s’effectuer ! Les débuts ont été très prudents (- 6 m, 6 minutes max), avant de passer à des profondeurs et durées croissantes. Que ces grands Messieurs soient remerciés !

- 1998 : régulièrement, des réunions avec la CMPN sont organisées et chaque médecin national fédéral (Éric Bergmann, André Grousset, Bruno Grandjean, etc.) y participe. De nombreuses rencontres avec la FFSA ont aussi lieu.

Jean-Louis Blanchard, alors président de la CTN, met en place un protocole pour la certification des moniteurs de plongée sourds.

>  Années deux mille

- 2003 : le psychiatre Christian Boulard effectue des rapprochements importants entre la FFESSM et la FFSA.

- 2006 : le 14 janvier une nouvelle convention FFESSM/FFSA est signée. Le docteur Jacques Piquet s’implique fortement dans la plongée pour les aveugles.

- 2007 : premier séjour à l’étranger avec le FFH. Près de 150 plongeurs partent en mer Rouge avec les 3 mousquetaires, qui sont en fait quatre : Gascou, Piquet, Larondelle et Chauvière.

- 2010 : Jean-Louis Blanchard finalise la création d’Handisub®.

- 2011 : signature de la nouvelle convention FFH/FFESSM.

- 2012 : signature de la nouvelle convention FFSA/FFESSM avec, lors du Salon de la Plongée, un espace dédié Handisub® qui va connaître lors des éditions suivantes un succès à la fois vif et croissant.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 293 Abonnez-vous

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