Plonger pour lutter contre le stress

le 22/10/2021 publié dans le N°298 de Subaqua
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Mathieu Coulange
par Mathieu Coulange

La plongée sous-marine peut-elle diminuer significativement le niveau de stress du pratiquant ? Deux études scientifiques récentes, DivStress et DivHope, lancées respectivement en 2015 et 2017, le démontrent. Malgré leurs noms, travaux internationaux obligent, elles ont été conduites par des équipes françaises.
Le docteur Mathieu Coulange en détaille les principales conclusions.
Par Mathieu Coulange, médecin hyperbare, subaquatique et maritime, chef de service au CHU Ste Marguerite (Marseille). Images de l’auteur.

En 2015, un programme de recherche visant à démontrer les bienfaits de la plongée sur le stress a été mis sur pied. Baptisé DivStress, ce projet s’inscrivait dans le cadre du master d’un étudiant, Frédéric Beneton, de notre unité de recherche de physiologie en condition extrême à l’université d’Aix Marseille, en collaboration avec l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) et l’UCPA. Il s’agissait d’établir une comparaison entre un groupe de personnes pratiquant la plongée loisir et un second groupe, ne faisant pas d’activité subaquatique, mais de l’escalade ou du kayak.

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Qu’avons-nous constaté ? Que les plongeurs voyaient diminuer de façon significative leur niveau de stress de la vie quotidienne, tout en améliorant leur capacité à gérer les imprévus. Publiés en 2017(1), les résultats de l’étude ont eu un succès médiatique, dépassant le cadre purement scientifique de niveau international.

/// Effets thérapeutiques

Comment donc expliquer l’origine des bienfaits observés ? Deux hypothèses coexistent. La première est basée sur la technique du contrôle de sa respiration et la seconde fait appel à la pleine conscience (notion abordée précédemment par l’oncologue médicale Élisabeth Carola, lire page 34).

DCIM100GOPROGOPR0569.JPGLe contrôle respiratoire

L’ensemble de nos organes est en permanence contrôlé par deux systèmes antagonistes appartenant au système nerveux autonome. D’un côté, le système dit accélérateur (voie adrénergique/système sympathique). Il permet d’augmenter le métabolisme et intervient, entre autres, lorsque nous sommes confrontés à un danger imminent, acculés à la fuite ou à la nécessité de se battre. De l’autre, un système inhibiteur, dit aussi freinateur (nerf vague/système parasympathique) permettant de se reposer et de récupérer. Or, en cas de stress chronique, il est observé que le système parasympathique s’éteint progressivement. N’étant plus contrebalancé, le corps est donc en permanence stimulé par le système sympathique jusqu’à épuisement total. Un des moyens de réactiver le système sympathique, bien connu et présent dans toutes les techniques de relaxation, passe par le contrôle ventilatoire. En effet, en adoptant une ventilation lente et ample, c’est-à-dire une fréquence de 6 ventilations par minute (au lieu de 12 respirations par minute) pendant une durée d’une dizaine de minutes, session répétée plusieurs fois par semaine, on rééduque le système parasympathique. Concrètement, cette respiration lente contrôlée pousse la masse sanguine intrathoracique à chaque mouvement ventilatoire vers des capteurs pressionnels situés dans les carotides, qui vont en retour stimuler le système parasympathique. Une telle technique se met en place de façon inconsciente chez le plongeur grâce à l’utilisation du détendeur et des effets de l’immersion sur la ventilation. En effet, une fois sous l’eau, détendeur en bouche, on inspire et expire automatiquement de manière plus lente et plus ample. De plus, la contention de l’eau sur les tissus mous, membres inférieurs et abdomen, entraîne une redistribution des volumes sanguins périphériques vers le thorax, et ainsi majore la mobilisation des volumes sanguins intrathoraciques vers les carotides à chaque mouvement ventilatoire.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 298 Abonnez-vous

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