Points chauds en mers froides

le 02/03/2016 publié dans le 265 de Subaqua
BIOLOGIE BREST 265-UNE
Patrice Petit de Voize
par Patrice Petit de Voize

Depuis quelques années, la communauté scientifique utilise à l’échelle planétaire la notion de « Points chauds de la biodiversité », les « hot spots » anglo-saxons. Lieux privilégiés, le plus souvent en zone tropicale, où le nombre des espèces animales et végétales est à son niveau maximum. Pour la vie marine, le milieu corallien en est l’un des symboles, notamment dans la zone indopacifique avec, entre autres, le fameux « triangle d’or » qui inclut l’Indonésie, les Philippines et certains archipels du Pacifique. Notre pays n’est pas en reste, la France possède en effet 10 % des récifs coralliens de notre planète. Position d’autant plus exceptionnelle que ceux-ci se situent dans tous les océans : Indien, Pacifique, Atlantique. Cela ne signifie pas que notre littoral hexagonal manque d’intérêt, mais il est évident que les mers tempérées sont moins riches en espèces, même si globalement la « biomasse » peut y être très importante. Texte et photos Patrice Petit de Voize

BIOLOGIE BREST 265-2Toutes proportions gardées, certains de nos sites métropolitains peuvent se rapprocher de cette notion de « point chaud », par leur richesse et surtout la diversité des espèces concentrées sur des espaces relativement petits. Il s’agit généralement de baies abritées, de lagunes côtières, de zones estuariennes où la profondeur est faible, donc la productivité végétale, base de toute chaîne alimentaire, forte. Il est donc logique qu’on y trouve souvent des cultures marines (mytiliculture, ostréiculture) ou des ports, sources bien connues d’entrée d’espèces d’origine étrangère (coques de navires, eaux de ballasts) qui contribuent, parfois de façon non souhaitée, à augmenter encore cette biodiversité. Les plongeurs « naturalistes », mais aussi les photographes, connaissent bien ces sites : étang de Thau, bassin d’Arcachon, golfe du Morbihan, ria d’Étel, rade de Brest, abers, baie de Morlaix, estuaire de la Rance, grande rade de Cherbourg, pour ne citer que les plus connus. Mais il en existe bien d’autres.

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Abrités des grandes houles du large, abondamment pourvus en matières nutritives, ces points chauds sont des points de chute privilégiés pour toutes les espèces de filtreurs, le plus souvent fixées, et fournissent aux autres animaux abris, zones de reproduction et territoires de chasse. Malgré de nombreux points communs, ils sont tous différents et présentent une grande originalité dans leurs peuplements. Ces peuplements sont susceptibles d’évoluer sur des périodes de temps relativement courtes, soit de manière saisonnière, comme dans l’étang de Thau, en fait une lagune côtière, où l’amplitude de la température peut dépasser 30 °C, soit par l’introduction accidentelle d’espèces étrangères : algues, mollusques, crustacés, qui, faute de prédateurs locaux, peuvent bouleverser les biocénoses établies.

Dans la rade de Brest, par exemple, l’introduction accidentelle de la crépidule (Crepidula fornicata), un gastéropode d’origine américaine, conjuguée à un hiver particulièrement rigoureux, a bouleversé les peuplements préexistants. Je vous propose un petit tour d’horizon de ces sites d’autant plus privilégiés que certains d’entre eux permettent des plongées du bord et que leur faible profondeur les rend accessibles à tous les niveaux techniques. Ayant la chance d’y habiter, vous ne vous étonnerez pas de me voir commencer par le Finistère !

EN RADE…

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Ce matin, je suis resté en Rade… Ce qui pourrait être le début d’une énième mésaventure nautique est en fait celui d’une plongée au sud de la capitale du Ponant… Brest ! Les connaisseurs me comprendront, eux qui savent qu’il existe autant de rades de Brest que de bistrots autour de l’Arsenal… La rade, en effet est loin d’être… radine et chaque anse, chaque rocher, chacun des vestiges, héritage de son histoire guerrière, cache des trésors, parfois spectaculaires, parfois discrets, mais toujours renouvelés. Au fil des saisons, façonné par les courants de marées, les variations de température, parfois troublé par quelques (!) épisodes pluvieux, agité par quelque(s) coup(s) de tabac, le paysage sous-marin y est d’une étonnante diversité.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 265 Abonnez-vous

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