REPRENDRE LA PLONGÉE APRÈS LE CONFINEMENT

le 29/04/2020 publié dans le N°290 de Subaqua
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Olivier Clot-Faybesse
par Olivier Clot-Faybesse

Le retour des beaux jours correspond pour une majorité d’entre nous au moment de ressortir son matériel de plongée du placard. Pour des premières plongées à effectuer avec modération, en particulier cette année où le coronavirus a bousculé notre quotidien. Cette crise sanitaire sans précédent a prolongé la pause hivernale d’une conséquente période d’inactivité forcée. Avec à la clé, une préparation en piscine ou mer empêchée et une pratique d’une bonne activité physique contrariée. Conseils et recommandations pour une reprise dans la sécurité avec Axel Moracchini du bataillon des marins-pompiers de Marseille. Par Olivier Clot-Faybesse.

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Si s’aventurer sous l’eau, à plusieurs mètres de profondeur, n’est pas sans risque en soi, pratiquer la plongée dans des structures compétentes, dotées d’encadrants solidement formés, permet de s’affranchir de pas mal de mauvaises surprises, comme cela est démontré (lire en fin de texte). Très bien. Sauf qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, le confinement est toujours en cours. Et si porter un masque est recommandé, voire obligatoire, ce n’est pas le bon modèle. Pour ceux qui vivent loin de la mer, être confinés se traduit par une impossibilité de s’entraîner et se préparer en eau chlorée (nage et exercices en piscine). Quant à ceux qui profitaient de résider en bord de mer pour pratiquer régulièrement, ils ont été confrontés à une interdiction longue de plusieurs semaines d’aller dans l’eau salée. Après une telle période d’inactivité contrainte et inédite par sa durée et généralisation, prudence et prévention seront donc plus que jamais de rigueur au moment de la reprise. D’autant que l’on s’acheminerait vers un retour des activités un peu avant la saison estivale. Le moment de pouvoir (enfin) rechausser ses palmes arriverait donc en été, période fréquentée et chaude. Ce dont le commandant en second du Bataillon des marins-pompiers de Marseille, Axel Moracchini(1), sur le front du sauvetage et du secours en mer dans une région très prisée pour la plongée, témoigne : « Chaque année, l’arrivée de l’été va de pair avec une forte reprise de l’activité plongée sous-marine, tant par les plongeurs locaux que par ceux en villégiature sur nos côtes. C’est logiquement à cette période, qui court de juillet à octobre, que nous effectuons la majorité de nos assistances à des plongeurs en détresse. »

Bon sens, respect des consignes et procédures

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Tout d’abord, les interventions des secours ne sont pas toutes liées à des problèmes en lien direct avec l’immersion. Ainsi, Axel Moracchini et ses hommes ont été confrontés à une grande diversité de cas  : personne déshydratée, souffrant d’insolation, d’un fort mal de mer ou de blessure par choc sur le bateau en raison d’une mer agitée, plongeur dérivant en surface, perdu ou victime d’un problème matériel…. Quant à la plongée même, tout comme la pratique de l’apnée, une reprise en douceur, progressive, s’impose après plusieurs mois au sec. Ce n’est pas toujours le cas, et cela peut avoir parfois, avec le non respect des procédures, des conséquences malheureuses. L’analyse du profil d’immersion de victimes récentes d’un accident de désaturation (ADD) le prouve : quadragénaire N4 qui, après plusieurs mois hors de l’eau, reprend d’emblée par une profonde (- 50 m) avec long palier de désaturation, plongeur effectuant une « glissade » à – 15 m en pleine réalisation de son palier des – 3 m, ou encore pratiquant s’empressant de remonter à la surface dès son palier terminé. Pour prévenir au mieux ces cas de figures, des recommandations élémentaires sont listées dans l’encadré ci-dessous. À rappeler encore et encore, l’expérience montrant qu’une majorité d’incidents en surface et d’accidents de plongée aurait pu être évitée en faisant preuve de raison et de bon sens. « La majorité de ces conseils, tient à préciser le commandant en second, est tout autant valable pour les apnéistes et pêcheurs sous-marins, notre expérience au bataillon fait foi. Peut-être encore plus encore cette année étant donné l’importance du physique et de la préparation dans la pratique de l’apnée. » Enfin, soulignons que les interventions en mer (plus de 300 par an) menées par ces professionnels que sont les marins-pompiers concernent pour partie la plaisance.

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Ainsi, détaille Axel Moracchini, « un moteur entretenu et révisé, un équipement de sécurité complet et valide (non périmé), ainsi que la connaissance de la météo sont des impératifs pour toute embarcation, de plongée ou autre, prenant la mer ».

Une majorité des plongeurs est
maintenant âgée de plus de quarante ans

Si un moteur vieillissant de bateau se changera facilement pour un neuf, plus performant, le plongeur, lui, conserve toute sa vie le sien (son cœur et toute la « tuyauterie » qui va avec). Or, le pratiquant vieillit. Statistiques à l’appui, l’âge moyen du pratiquant loisir est, en effet, en hausse. Lors du premier rendez-vous national des activités subaquatiques de la FFESSM(2), animé par plusieurs médecins hyperbares intervenants(3), la répartition actuelle des générations de plongeurs a été décortiquée sur une période de 36 ans (de 1982 à 2018).

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En 1982, près de 70 % des plongeurs avaient entre 21 et 40 ans. En 2018, ce chiffre a été divisé quasiment par deux. Dans le même temps, la tranche des 41-60 ans a doublé, passant de 20 % en 1982 à 40 % en 2018. Quant à la catégorie des plongeurs de 61 ans et plus, presque inexistante en 1982, elle affiche actuellement un conséquent 15 %.

A-copiePour autant, la fréquence des accidents de plongée reste stable. Par exemple, sur la région de Nice, on compte de 30 à 45 cas d’ADD chaque année depuis plus de vingt ans (de 1997 à 2018), alors que parallèlement le nombre annuel d’immersions a explosé, c’est-à-dire multiplié environ par cinq. Les raisons d’un tel statu quo, aussi positif qu’encourageant ? Elles sont au nombre de quatre : des réglementations et procédures devenues progressivement plus strictes, des encadrants compétents, un matériel sûr et de qualité et, bien entendu, une meilleure prévention.

Conseils pour une bonne reprise

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>  Avant la plongée

Être en bonne santé générale (check-up médical annuel récent).

Arriver reposé.

S’assurer du bon état et fonctionnement de son matériel.

S’hydrater et se protéger du soleil.

Écouter le briefing sur les caractéristiques du site (orientation, relief, visibilité, force et direction du courant, etc.).

>  Pendant la plongée

Reprise en douceur (durée et profondeur raisonnables, une à deux plongée(s) par jour, intervalle surface conséquent).

Adapter les profils de plongée (profondeur, durée, immersions successives…) à son état de forme (si fatigué, stressé, etc.) et à sa condition physique du moment, ainsi qu’à son âge.

Respecter la vitesse de remontée, lente en particulier entre – 3 m et la surface.

> Après la plongée

Éviter les efforts en fin de plongée (comme remonter à l’échelle bloc sur le dos et plombs à la ceinture).

S’hydrater à la sortie de l’eau.

(1) Voir rubrique Rencontre, pages 14 et 15, Subaqua 286.

(2) Les 27 et 28 avril 2019 à Nice. Le second rendez-vous national, programmée pour le 16 mai 2020, a été annulé pour cause de crise sanitaire.

(3) Étaient présents lors de ces journées les médecins hyperbares Jean-Michel Pontier (médecin fédéral national), Carl Willem (médecin fédéral) et les docteurs Andréas Kauert et Dominque Divicenzo de l’Unité de traitement par oxygène hyperbare du CHU de Nice (UTOH).

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 290 Abonnez-vous

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