Cela n’a rien à voir avec une quelconque superstition, mais si l’on veut durer dans ce métier, il vaut mieux être prévoyant. Un jour en avance avec une nuit à San José del Cabo me semblait un luxe que je pouvais m’offrir et bien m’en a pris. Mon vol du matin annulé (et merci à l’agence qui m’a immédiatement recasé dans celui du soir, ce qui m’a permis de ne pas louper le départ du bateau), augurait-il d’une croisière catastrophe ou au contraire après avoir mangé mon pain noir à Roissy, ne m’attendait plus qu’un ravissement sous-marin ?

Une navigation pour récupérer
La journée et la nuit de navigation pour atteindre la première île de San Benedicto, outre qu’elles permettent de récupérer du décalage et de préparer tranquillement son matériel, ne manquent pas d’attiser l’excitation que l’on ressent avant de se jeter à l’eau. Les deux premières plongées à El Canyon se révèlent un peu décevantes. Si l’on aperçoit un requin-marteau et un requin-tigre, c’est dans le lointain et de manière fugace. « Aie, janvier, eh bien ce n’est pas pareil ! », je ne peux m’empêcher de me dire en mon for intérieur.

À cause, ce matin-là, d’une houle formée, El Boiler, site renommé de plongée qui consiste en un immense rocher qui remonte près de la surface est remis à l’après-midi. Dans mes souvenirs, les raies mantas paradaient tout autour, se faisant nettoyer par des demoiselles de Clarion, un poisson ange endémique à l’archipel (avec l’île de Clipperton). Si les nettoyeurs sont là, de raie manta, point. « Aie, aie, aie… ». Et le même scénario se rejouera hélas le lendemain, à tel point qu’Arturo, l’un des deux guides de plongée finira même par organiser une plongée sous le bateau, lieu de rendez-vous de quelques requins soyeux. Au moins ceux-là seront dans la boîte.
Si c’est avec hâte (et pas mal d’espoir) que l’on met route vers Socorro, rendons grâce quand même à notre première étape. Les mantas ont certes joué les filles de l’air (un comble pour un poisson !), mais requins pointes blanches, bancs de marteaux et même un groupe de pseudorques (appelées aussi fausses orques), notamment à Fondeadero sont à accrocher à notre palmarès. Hélas pour ces dernières, de manière trop passagère. De Socorro, nous n’explorerons qu’un seul site, Cabo Pearce.

Non que la météo n’y mette pas du sien ou que l’île ne présente pas d’autres points d’intérêt. Mais lors de la première plongée du matin, un groupe d’une bonne vingtaine de dauphins accaparait notre attention à vouloir jouer avec nous, pendant que quelques pauvres mantas délaissées passaient et repassaient, elles, dans un silence absolu. Heureusement qu’elles nous ont accompagnés aux paliers
Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 279 Abonnez-vous
Commentaires
Aucune commentaire actuellement