Tenerife les tropiques à notre porte

le 05/11/2019 publié dans le N° 287 de Subaqua
POI.1149
Gérard Soury
par Gérard Soury

Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver matière à dépaysement. Plonger dans l’Atlantique sur la côte sud de Tenerife peut réserver son pesant de surprises… Depuis les tortues vertes étrangement familières en passant par des murènes à gueule de cauchemar jusqu’à la plus étonnante collection de raies d’espèces différentes rencontrées sur un seul site. Inventaire, texte et photos à l’appui, de cette faune variée par Gérard Soury.

Nostalgie

PAY.0206

Il faut à peine quinze minutes au pneumatique du club Rincon de Arona depuis le port de Los Cristianos pour atteindre le lieu-dit El Bufadero.

Trio : AronaÀ mes côtés, Sergio Hanquet, un ami photographe d’ici, rencontré il y a bien longtemps, à l’époque glorieuse du regretté Jean la Murène(1), du Festival international de la photo sous-marine de Tenerife et de la visite de l’équipe de l’émission Ushuaïa avec qui il m’avait été donné de nager en compagnie des globicéphales et… d’un certain Nicolas Hulot. C’est le grand plouf de la bascule arrière qui met un terme à mes réflexions. Nostalgie quand tu nous tiens… Mais ne dit-on pas que les plus beaux souvenirs sont ceux à venir ?

POI.1141Je longe une impressionnante cascade de roches couvertes d’un velours d’algues pâles picorées çà et là par des labres gourmands et de nombreux rombous (Bothus podas), élégants poissons plats proches cousins de la sole.

Avant d’atteindre le sable, je jette un coup d’œil circulaire au cas où un requin-ange aurait eu la bonne idée de s’y tenir en embuscade. Ce sera pour plus tard… Enveloppé d’une nuée de pageots blancs (Pagelus acarne) qui ne daignent s’écarter qu’à regret, je suis rejoint par Franco Banfi, partenaire – il y a plusieurs décennies – du jury photo du Festival de l’image sous-marine, à une époque lumineuse où Antibes était l’épicentre de l’image sous-marine mondiale. La nostalgie vient encore de nous rattraper !

Bleu l’océan, verte la tortue

Mais plus encore que la nostalgie, ce sont deux superbes tortues vertes qui font irruption ! Totalement décomplexées les deux belles chéloniennes s’imposent à tel point qu’il est vite impossible d’avoir le recul nécessaire pour les placer dans le viseur. Changeant de stratégie, Franco et moi nous écartons l’un de l’autre afin de pouvoir, d’une part cadrer correctement ces dames, et d’autre part nous tirer mutuellement le portrait. Dont acte !

TOR.0167

J’ai beau fouiller ma mémoire, jamais je n’ai connu autant de familiarité chez cet animal. Sur certains sites peu profonds, herbiers riches en jeunes pousses vertes comme à Mayotte ou à Madagascar, j’ai pu facilement m’en approcher mais jamais aucune d’entre elles n’a jamais tenté de me serrer dans ses nageoires, encore moins de tenter de croquer le second étage de mon détendeur.

Le repaire des murènes… Et pas seulement !

À peine un jet de pierre nous sépare d’El bufadero et pourtant les fonds ont une tout autre physionomie. Oublié le gigantesque éboulis arraché à la falaise de notre plongée précédente, nous rejoignons une succession de petits tombants entrecoupés de plateformes : la Cueva de las morenas. Javier, notre cicérone nous avait mis en garde et invités à la prudence en longeant les nombreuses excavations qui criblent la roche volcanique.

POI.1144

D’ailleurs, le conseil devient très vite superflu au vu du nombre de murènes qui occupent le récif, exposant des mâchoires auxquelles je ne n’aimerais pour rien au monde être confronté. Trois espèces différentes se côtoient, parfois dans le même refuge :

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 287 Abonnez-vous

Commentaires

Aucune commentaire actuellement

Écrire un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *