FOCUS SPEED-APNÉE : UNE DISCIPLINE CULOTTÉE !

le 26/03/2015

Championnats du Monde d'apnée CMAS à Kazan avec l'équipe de FLA DÉFINITION AVEC ARNAUD PONCHE

Le speed-apnée est une discipline pratiquée en piscine, née voici à peine deux ans, qui consiste à nager en apnée, chaussé d’une monopalme, le plus vite possible sur une distance fixe. On le retrouve sur le 16×50 m en France et le 2×50 m à l’international. Cette dernière épreuve a été programmée en démonstration lors des CMAS Games à Kazan en 2013 et intégrée au programme officiel du championnat d’Europe à Ténérife en 2014. Pour Arnaud Ponche, entraîneur de l’équipe tricolore avec Christian Vogler et membre du bureau de la commission apnée de la CMAS, « il s’agit d’une extraordinaire école » qui exige un très bon niveau technique de sprint et une physiologie adaptée, « en particulier dans la tolérance importante au CO2 afin de repousser l’envie de respirer ». Le speed-apnée n’est donc pas donné à tout le monde. C’est une épreuve d’une intensité physique plus importante que le dynamique, peut-être contraire à la philosophie première de l’apnée. Quand on l’interroge sur cet aspect, Arnaud précise : « La compétition elle-même est peut-être contradictoire avec une approche « zen » de l’apnée considérée comme une démarche personnelle. En réalité, il faut simplement voir dans le speed-apnée une nouvelle facette d’une activité qui en compte beaucoup. »

Championnat d'Europe CMAS Ténérife

L’ÉPREUVE DU 2X50 M EN DÉTAIL

Elle se déroule sur 100 m, individuellement, départ dans l’eau. L’athlète dispose d’un créneau de 2 minutes pour s’élancer. Il a la possibilité, s’il le désire, de respirer après avoir touché les 50 m. Le vainqueur de l’épreuve est celui qui affiche le meilleur temps. Actuellement, le record est détenu par le nageur avec palmes italien Stefano Figini qui a réalisé 34’’ 725 en respirant au 50 m. Il a été suivi par les Français Laurent Breichenbach, issu également de la NAP, en 36’’ 375 et Laurent Provenzani en 38’’ 7 , qui eux, n’ont pas respiré.

Notons que la commission apnée de la FFESSM et son Collège des juges ont décidé cette saison de proposer cette discipline en démonstration, sur le circuit de la Coupe de France, en se basant sur le règlement CMAS. Et que l’idée finale pour l’apnée française est de développer une autre épreuve, le 16×50 m.

Enfin, la sécurité est assurée par une surveillance attentive hors de l’eau, la vitesse de déplacement empêchant un suivi de surface.

Championnat d'Europe CMAS TénérifeLE POINT DE VUE DE KEVIN PROVENZANI

Pour Kevin Provenzani, apnéiste et ostéopathe de l’équipe de France, le speed-apnée est « une discipline culottée qui exige une technique parfaite. Les sensations de glisse et de vitesse sont exceptionnelles et peuvent donner envie… » Ce gommage des défauts techniques peut être, pour l’apnéiste, un moyen de revenir à des disciplines plus classiques comme le dynamique et d’y réaliser de bien meilleures performances. C’est l’un des désirs de Kevin « en s’appuyant sur ce travail de base. » Lui qui a atteint la troisième marche du podium à Ténérife regrette toutefois « l’absence de confrontation qui donnerait un peu plus d’adrénaline et créerait du spectacle pour le public ». Ce trentenaire pense qu’il a encore de belles années devant lui et évoque son ami et concurrent Laurent Breichenbach qui l’a devancé à Ténérife, âgé de 46 ans. Pourtant, il convient « qu’avec le temps les performances en speed-apnée vont s’améliorer et que l’âge idéal se situera entre 25 et 35 ans alors que l’athlète a atteint sa pleine maturité. » Pour lui, c’est en effet « une qualité essentielle chez l’apnéiste associée à une grande rigueur. » Pour l’heure, Kevin fixe toute son attention sur le championnat du monde de 2016 avec une sélection sur le 100 speed. Il se fixe aussi une progression sur le 16×50, épreuve qu’il considère comme l’aboutissement du speed-apnée, là où précisément l’apnée retrouve toute sa place. À suivre…

LES REMARQUES DE RICHARS THOMAS, DTN

Pour Richard Thomas « Le speed-apnée est de prime abord le trait d’union évident entre les épreuves d’apnée « pure » et la nage avec palmes qui compte, rappelons-le, une épreuve d’apnée sur 50 mètres. » Selon lui « le fait de partir dans l’eau à l’instant de son choix dans un intervalle de 2 minutes ou le fait de pouvoir respirer ou non à 50 mètres illustrent une épreuve dont
le règlement n’est pas encore abouti.
 » Soucieux du développement de l’activité et de sa médiatisation, il regrette une « organisation sous forme de « course contre la montre » et non de « confrontation directe » qui gomme la dimension spectaculaire possible. »

« Par nature, un apnéiste est à la recherche d’une performance intime alors que le nageur avec palmes cherche la confrontation directe. Ce constat va nous imposer une réflexion dans les prochains mois afin de concilier les deux approches radicalement différentes et pourtant complémentaires. » Cette réflexion lui permet d’ajouter : « L’apnée étant une activité à maturité très tardive, le speed-apnée est une opportunité pour les nageurs avec palmes expérimentés qui souhaitent poursuivre une carrière de haut niveau. Cette passerelle permet des mutualisations d’expérience porteuses d’avenir entre sportifs, entraîneurs, juges et arbitres, organisateurs des deux sphères. »

Ainsi, il ne doute pas que « Le speed-apnée étant au programme des prochains Championnats du Monde que nous organisons à Mulhouse en juillet prochain, il verra son règlement probablement modifié d’ici là par les instances internationales pour en faire une épreuve encore plus « forte » ou donner naissance à tout autre chose ! D’ailleurs, afin de stimuler encore un peu plus les réflexions, notre privilège de pays organisateur fait que des démonstrations de 16 x 50 mètres seront ajoutées au programme, en individuel et, pourquoi pas, en relais ! Nos athlètes français devraient en être satisfaits. »

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