La deuxième édition du championnat d’apnée en eau libre s’est tenue sous le signe de la sécurité, de l’innovation mais aussi du développement, de plus en plus de fédérations envoyant des délégations sur les échéances internationales. Mais aussi sous le signe de la performance puisque l’équipe tricolore est revenue avec 2 médailles cette année.
Tout d’abord en poids constant monopalme : Stéphane Tourreau, malgré une grosse pression, ouvre le bal en beauté, en s’attribuant le titre de vice-champion du Monde, dès la 1re journée de compétition. Avec une annonce de -103 m, il finit 2e avec une sortie d’école, derrière l’Italien Homar Leuci (-104 m). Les Italiens Carrera et Giurgola qui avaient annoncé 106 ne feront pas partie du podium. Carrera ne valide pas son protocole dans les temps et Giurgola fait demi-tour pour rejoindre la surface, loin de son annonce.
Le lendemain en Jump Blue, Arthur Guerin-Boëri, champion du Monde en titre plante le décor en passant devant l’Équatorien Alfredo Rosado (185 m, vice-champion du Monde 2015), puisqu’il réalise 200,95 m et s’offre l’or. Le nouveau de l’équipe, Thibault Hugon, trop gourmand en cherchant à doubler Rosado, sort à 195 m sans valider sa performance, ainsi que Xavier Delpit, bien préparé mais affaibli par un virus et gêné par des conditions de température perturbantes, qui fait une mauvaise sortie.
En bi-palmes, les entraîneurs Arnaud Ponche et Christian Vogler proposent à Stéphane de se « tester », ayant détecté chez lui un fort potentiel, il finit au pied du podium (voir interview), avec -81 m (le premier, Tomasi, ayant réalisé -91 m).
Après une journée de repos, la semaine se clôture samedi par le « sans palmes », épreuve dans laquelle les Français, et notamment Rémy Dubern, le champion du Monde en titre, sont très attendus. En ayant eu une très belle progression cette saison, Rémy annonce -76 m, comme le Danois Jesper Stechmann. Seul le Tchèque Michal Rislan a fait une plus grosse annonce avec -78 m. Après le départ du Tchèque qui valide sa performance, le Danois tourne avant son annonce et aura donc des pénalités. Rémy s’élance alors en 3e position pour une très belle plongée, en aisance. La remontée est calme et la médaille semble gagnée pour nous qui le suivons en direct sur la vidéo. Rémy ne valide malheureusement pas le protocole et perd son titre. Thomas Bouchard, le nouveau de l’équipe en sans palmes, part en 6e position avec une annonce de -70 m. Il remonte à -63 m, une oreille n’ayant pas passé : sage décision ! C’est dommage, le bronze était à sa portée puisque le médaillé Giurgola réalisera au final, -68 m. Mais il n’y a là, aucun regret à avoir car Thomas n’en est probablement qu’à ses débuts sur le plan international. Arthur s’élance pour -55 m qu’il valide dans une très grande aisance. Au final, Arthur finira 5e et Thomas 8e (après calcul des pénalités).
Au classement final des nations, la France termine 4e avec une équipe soudée et sur-motivée pour la saison prochaine. Merci à tous nos athlètes et au staff pour leur engagement. Merci à tous ceux qui les ont suivis et encouragés tout au long de cette semaine.
Subaqua Comment as-tu vécu ce mondial ?
Stéphane Tourreau J’ai été vite mis dans le bain avec un entraînement préparatoire et ma plongée dans la foulée. Je fais une 2e place avec la remise des médailles le soir même, je n’ai pas eu le temps de réaliser réellement, cela m’a permis de profiter pleinement de la suite avec une plongée sans pression en bi-palmes pour m’essayer à la discipline. Je remarque encore une fois que les sorties propres me font progresser plus vite, je prends de l’assurance à chaque plongée ! L’esprit d’équipe est maximum, une organisation monstrueuse au niveau logistique, ces championnats sont top !
S. Quel a été le point fort côté organisation ?
S. T. Nouveau système de sécurité exceptionnel, de suivi vidéo au point avec des données précises sur la plongée en temps réel… moyens logistiques et de communication au top mise en avant dans la ville, esprit et professionnalisme ! Notre sport prend un tournant et c’est beau à voir !
S. Côté équipe ?
S. T. L’esprit d’équipe est exceptionnel et solidaire ! Entente au top ! Les coaches sont toujours très organisés et présents pour nous encadrer au maximum ! Reste à recruter une équipe féminine au top pour placer la barre plus haut les prochaines années !
S. Un retour sur ta performance en bi-palmes ?
S. T. Au début je n’étais pas trop motivé pour plonger car je ne connaissais pas mes capacités et il m’aurait fallu des palmes adaptées. Les coaches ont insisté et ils ont bien fait… Nous avons évalué mon niveau avec les autres, un seul test la veille pour vérifier la technique et c’était parti ! Nous décidons donc d’annoncer -81 m, ce que je réalise le lendemain en empruntant des palmes. Il y avait un podium possible et cela va être le moyen pour moi de diversifier ma pratique et de réaliser de grosses performances avec toutes les conditions techniques réunies ! Cela a été une belle expérience !
Subaqua Ton sentiment de retour des Mondiaux ?
Arthur Guerin-Boëri C’était un mondial extraordinaire, comme à chaque fois d’ailleurs. Mais cette fois plus encore car je participais pour la 1re fois de ma carrière à une épreuve de profondeur pure : le sans palmes. Côté organisation, tout était réglé comme du papier à musique. Rien à dire. La CMAS et la Fédération turque ont frappé un grand coup avec ces Mondiaux. Tout était parfait. Notamment grâce aux énormes moyens mis en place par notre partenaire Diveye pour assurer une couverture vidéo en direct. C’est ce qui m’a le plus impressionné. C’est un pas énorme vers la médiatisation à grande échelle de notre sport. Côté équipe, elle était superbe. Chacun y avait sa place et son rôle, autant les coaches que les athlètes. Avec deux nouveaux venus cette année, Thomas et Thibault, qui ont fait honneur à leur sélection avec leurs performances. Tout le monde peut être fier de sa(ses) perfs sur ce mondial. Tout le monde a été chercher son max. C’était très beau. Avec un bel esprit d’équipe.
S. Ton impression sur le « sans palmes » ?
A. G.-B. La perf s’est très bien déroulée, je découvre encore cette discipline, c’était en tout et pour tout ma 5e ou 6e plongée CNF de toute ma carrière, entraînements et compétitions confondus. J’ai fait plus à l’entraînement à Nice l’été dernier, mais je voulais assurer une plongée dans le confort et la détente, pour une première. J’étais très détendu avant de partir et cette descente a vraiment été une balade dans des conditions parfaites. Température, visibilité, courants, houle etc.