Plongées dans l’arc-en-ciel

Gérard Soury
Publié le 27 juin 2018
À l’heure des mauvaises nouvelles planétaires à répétition sur l’état de santé de notre mer chérie, on est presque surpris, une fois franchie la surface au-dessus de Richelieu Rock, de l’exubérance du récif. Oublié le tsunami de décembre 2004. La nature a non seulement repris ses droits, mais comme pour se faire pardonner ses sautes d’humeur, elle nous offre le meilleur dans un éclaboussement polychrome. Un reportage de Gérard Soury.

Dans le joyeux crépitement des pétards allumés à la proue – protection divine oblige – le Bunmee IV quitte nuitamment le port de Khaolak pour la croisière nord. Un périple que j’ai eu le bonheur de découvrir il y a bien des années à bord du Bunmee One, premier de la lignée. Mais rien n’étant jamais certain, je sais l’océan assez facétieux pour bousculer les idées préconçues et nous réserver quelques surprises. Cap au nord, direction Richelieu Rock.

Richelieu Rock

Rendons d’abord à César… Ce Richelieu-là n’a rien à voir avec notre cardinal à nous. Officier de la marine danoise, Andreas du Plessis de Richelieu, devint en 1900, grâce aux aléas de l’Histoire, commandant en chef de la Marine du Siam (l’actuelle Thaïlande). C’est donc en son nom que le pays a baptisé ce caillou perdu dans l’immensité océane, bien avant que ce dernier ne devienne l’un des hauts lieux de la plongée mondiale.

Car il s’agit bien là d’une merveille. Incontournable. Entre 20 et 30 m, le récif arbore un éblouissant manteau de coraux, de gorgones et d’alcyonaires auxquels il ne manque aucune des nuances de l’arc-en-ciel. Omniprésents, les bouquets multicolores abritent un monde hétéroclite de poissons de roche, d’hippocampes, de nudibranches, de coquillages, de crustacés en embuscade perpétuelle. Mais cette cascade minérale est avant tout le terrain de chasse de myriades de prédateurs en quête d’un mauvais coup.

On y observe même des associations opportunes de carangues, d’empereurs à gueule longue, de thonidés de différentes marques qui taillent dans leur provende à grands coups de mâchoires, l’occasion pour nous d’être les témoins de fulgurances inédites. Dieu merci, les protagonistes nous ignorent royalement. Qui aimerait en ces instants terribles se trouver à la place des milliers de poissons fusiliers ou de vivaneaux multicolores qui paient ces débordements au prix fort ?

Escale aux îles Similan

Notre brave Bunmee IV met le cap au sud pour un ricochet océanique d’île en île, de merveille en merveille… Koh Tachai, où quelques dizaines de platax décident de nous accompagner le temps d’une plongée, entre deux visites surprises du Green Monster (le monstre vert) spectaculaire remontée d’eau froide d’une élégante couleur de javel, qui réduit soudainement l’horizon à quelques mètres. Une apparition aussi soudaine que brève, ce dont on ne peut que se féliciter.

Puis c’est au tour de Koh Bon où un gros poulpe cabotin s’offre volontiers à nos objectifs avides en passant par toutes les nuances imaginables du camouflage. C’est ensuite le lieu-dit Shark Fin Rock (l’aileron de requin) eu égard à sa forme, où quelques milliers de barracudas nous enveloppent, masse protéiforme argentée qui semble vouloir nous digérer. Quelle beauté !

Incontournables : les rochers d’Elephant Head

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher