Même si l’existence demeure une menace permanente, il n’en demeure pas moins que la pratique de la plongée sous-marine de loisir reste une activité sportive à risque. Du fait des contraintes liées à l’immersion et à l’augmentation de pression ambiante, le plongeur est exposé à plusieurs types d’accidents de plongée. Parmi eux, l’accident de décompression (encore appelé accident de désaturation ou ADD) est le plus fréquent, le plus redouté et le plus grave avec un risque de séquelles neurologiques et fonctionnelles non négligeable. En plongée loisir, on dénombre environ 450 ADD pris en charge chaque année par les différents centres hyperbares en France. En plongée militaire, le nombre d’ADD est de 5 ADD pour 150 000 plongées effectuées chaque année soit une incidence de 1 ADD pour 30 000 plongées qui passe à 1/3 000 pour les plongées avec des profondeurs d’intervention supérieures à 40 m.
Ainsi, la prévention de ce type d’accidents est un objectif permanent pour le plongeur. Si cette démarche passe avant tout par le contrôle de l’aptitude médicale et une surveillance médicale étroite, une pratique régulière de la plongée reste un aspect non négligeable voire non négociable.
Un second volet de la prévention du risque passe par la compréhension des mécanismes en cause et surtout des facteurs favorisant la survenue d’un ADD. Le recueil et le suivi épidémiologique de ce type d’accidents de plongée complètent le retour d’expérience acquis depuis plusieurs années.
Cependant, tout un pan de la prévention des ADD peut reposer sur la pratique de méthodes simples et efficaces qui visent à adapter l’organisme du plongeur aux contraintes liées à la décompression lors du retour en surface. Ces méthodes s’apparentent plus volontiers à des techniques de préconditionnement de l’organisme. La plupart sont issues de la plongée militaire. Elles ont été développées, testées et validées sur le plan expérimental par le Service de Santé des Armées et ont fait l’objet de publications scientifiques dans des revues françaises et anglo-saxonnes. Elles sont enfin utilisées au sein de la plupart des unités de plongeurs d’armes dans les armées et notamment dans la Marine nationale.
Il est à présent clairement établi que le phénomène bullaire lors de la décompression en plongée est à l’origine de l’ADD (cf. encadré les bulles circulantes).
Les mécanismes qui interviennent dans la formation des bulles sont complexes et font intervenir la notion de noyaux gazeux préexistants dans l’organisme et présents le long de la paroi des vaisseaux sanguins. La présence de ces noyaux gazeux est la conséquence de phénomènes dynamiques tels que la cavitation. Les méthodes qui visent à réduire l’importance du phénomène bullaire lors de la décompression et qui réduisent in fine le risque de survenue d’un ADD reposent en partie sur une diminution de ce pool de noyaux gazeux. Les mécanismes physiques et biochimiques qui interviennent modifient les propriétés du sang et des vaisseaux. La présence de bulles circulantes est ainsi le reflet du stress de la décompression pour une plongée donnée, chez un plongeur considéré et à un instant donné.
L’efficacité des méthodes qui sont proposées dans les lignes suivantes a été montrée par la mesure des niveaux de bulles circulantes présentes dans le sang du plongeur. La visualisation des bulles circulantes fait appel à la technique du Doppler couplée à l’échographie. La quantification du niveau de ces bulles produites lors de la décompression sous la forme d’un score de bulles permet ainsi d’évaluer le stress lié à la décompression et donne une information sur le risque statistique de présenter un ADD, sachant que ce risque est faible lorsque le niveau de bulles détectées est peu important.