Procédures de rattrapage lors de remontées anormales avec un ordinateur

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La Rédaction
Publié le 14 nov. 2024, modifié le 2 déc. 2024
Deux plongeurs faisant leur palier à l'ordinateur
Attention, l'ordinateur de plongée n'est pas un outil pertinent lors d'une remontée rapide © Subaqua
Cet article est tiré du contenu de la rubrique CTN au titre éponyme publié dans le n°317 de Subaqua (pages 48 et 49). Il reprend dans leur intégralité, avec juste deux précisions mineures, les préconisations fédérales lors de remontées considérées anormales. C'est à dire remontée trop rapide, rupture (non respect) du ou des palier(s) ou à la suite de multiples yoyos en écolage (remontées de plus de 10 m jusqu’à l’espace proche, enchaînées avec une redescente).
Deux plongeurs au palier regardant leur ordinateur
De nos jours, en plongée loisir, l'ordinateur de plongée s'est très largement généralisé et imposé © Subaqua

Comme détaille dans notre numéro 317, ces trois cas de figures (remontée accélérée, yoyos et cessation de palier) augmentent, à l’évidence, le risque d’un accident de désaturation.

D’autant que le niveau de saturation du plongeur est à priori important (couple temps-profondeur, effort notable pendant la plongée, immersions successives rapprochées…) et que l’événement se produit en fin de plongée.


Les algorithmes de nos ordinateurs ne sont pas adaptés aux remontées rapides


L’utilisation quasi exclusive des ordinateurs de plongée depuis de nombreuses années ne solutionne pas ces situations non conformes en termes de protocoles.

Alors que faire lors d'une plongée est hors-cadre, c'est à dire ne rentrant pas dans la procédure de désaturation implémentée par le constructeur de son ordinateur ?

Difficile, en effet, de respecter et d'applique les consignes affichées à l’écran de l’ordinateur, lorsque son algorithme ne sait pas calculer ce qui se passe physiologiquement lors d’une remontée anormale/rapide.



Deux plongeurs dont un regarde son ordinateur
La vitesse de remontée optimale est de 9 à 12 m/min, avec ralentissement important dans l’espace proche (- 6 m à la surface) © Subaqua

Objectif et constat

C’est pourquoi la FFESSM a décidé d’actualiser ses recommandations. Plus précisément, celles ayant trait aux procédures de rattrapage dans les trois situations problématiques évoquées (remontée trop rapide, multiples yoyos, interruption de palier), intégrant l’utilisation de l’ordinateur de plongée lors d'une immersion à l’air ou au nitrox.

Ces procédures de rattrapage diffèrent et se font à l’initiative du directeur de plongée (DP), basée sur son expérience. En l’absence de suspicion d’accident, elles tiennent compte :

  • - d’une appréciation du risque de survenue d’un ADD.
  • - de la profondeur.
  • - du temps d’immersion.
  • - des conditions de plongée.
  • - du comportement et de l’état de santé du plongeur.
  • - et/ou du type du non-respect de la procédure rencontré.

Ainsi, le rattrapage oscillera entre simple surveillance, procédure de réimmersion et évacuation de principe avec oxygénothérapie.


Vu d'un ordinateur format montre au poignet d'un plongeur sous l'eau
Si l'ordinateur indique le pourcentage de la vitesse de remontée comme souvent, ne pas dépasser 150 % de la vitesse sur plus de 10 m (ce qui n'est pas le cas ici, cf. les barres rouges au centre du cadran) © Subaqua

Réflexions et nouvelles recommandations

Fin 2023/début 2024, un groupe de travail issu de la commission technique nationale et de la commission médicale et de prévention s’est penché sur les procédures de l’instruction 2023 de la Marine nationale.

Afin d’élargir son champ de réflexion, contact a été pris avec :

  • - DAN Europe (Diver Alert Network), en la personne du professeur Tino Balestra.
  • - le Centre expert dans la plongée humaine et l'intervention sous la mer (Cephismer) en la personne du commandant Mickaël Vaxellaire).
  • - Le service hyperbare et d’expertise plongée de l’armée, en la personne du professeur Jean Éric Blatteau.

Ces rencontres ont permis d’établir de nouvelles recommandations, en particulier de :

  • - Dissocier la procédure de rattrapage d’une remontée trop rapide de celle pour multiples yoyos.
  • - Définir plus précisément les paramètres à prendre en compte
  • - Mieux appréhender la notion de vitesse de remontée (optimale entre 9 à 12 m/min). La remontée devient trop rapide à partir d'une vitesse 15 m/min.

Nous n’insisterons jamais assez sur la nécessité d’un ralentissement important dans l’espace proche, de - 6 m à la surface (0 m).


L’échange avec DAN a permis aussi une réflexion sur l’oxygénothérapie préventive sans évacuation systématique (en l’absence de signes pouvant évoquer un accident).



Un plongeur aidant l'autre à remonter
Les exercices de remontée d'un plongeur en difficulté sont une des sources de réalisation de yoyos © Subaqua

Les préconisations fédérales

1. Le nombre maximum de remontées recommandé par la CTN est toujours de :

  • - quatre depuis - 20 m
  • - trois depuis - 30 m
  • - deux de - 40 m

Si votre ordinateur indique le pourcentage de la vitesse de remontée comme c’est souvent le cas, il convient de ne pas dépasser 150 % de la vitesse conseillée sur plus de 10 mètres. Comme souligné, la vitesse de remontée entre - 6 m et la surface doit être très lente, prenant au minimum 1 minute.


2. Procédure de rattrapage en cas de vitesse de remontée trop rapide

  • - En cas d’ascension trop rapide entre 30 m et la surface sur un delta d'au moins 10 m (de 30 à 20, 20 à 10, etc.) redescendre en moins de 3 min à mi-profondeur au moins.
  • - Puis faire au moins un palier de 1 min à - 6 m et 5 min à - 3 m, ou la durée des paliers indiquée par votre moyen de désaturation si supérieure à ce minimum.
  • - Si la réimmersion est impossible, alors mise sous oxygène et évacuation.

3. Procédure d’adaptation multi yoyos

  • - Elles doivent dans la mesure du possible ne pas dépasser le seuil des - 6 m.

4. Palier obligatoire interrompu

  • - Cas d’une réimmersion réalisable : redescendre en moins de 3 min, poursuivre le palier en ajoutant 3 min à - 3 m.
  • - Si la réimmersion n’est pas envisageable en cas de signe(s) d’un possible ADD ou si plus de 3 min de paliers non réalisées : déclenchement des secours.
  • - Si la réimmersion n’est pas réalisable mais sans signe d’accident et si erreur maximale de 3 min de palier non fait, place à une période d’observation de 3 h et interdiction des nouvelles plongées pendant 24 h. Au moindre, signe évoquant un ADD, déclencher les secours.
Exercices d'évacuation
Exercice d'évacutation © Subaqua

Réflexion à mener

Dans l’hypothèse d’une rupture de palier avec réimmersion non réalisable, sans signe d’accident et dont le temps de palier non effectué n’est que de quelques minutes, une mise sous oxygène pendant 30 minutes pourrait être proposée, après de futures réflexions et concertations.

Une telle procédure est déjà validée à l’international par DAN.


Plongeuse sous oxygénothérapie
Plongeuse sous oxygénothérapie © Subaqua
Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher