On préfère les voir sous l’eau, lentement mais surement colonisés par la faune marine, que sur un champ de bataille à délivrer la mort et pulvériser des bâtiments et autres.
Après l’extraordinaire musée militaire d’Aqaba en Jordanie (voir à ce sujet le portfolio Des canons sous la mer, publié dans le Subaqua 305, pages 40 à 45), d’autres endroits en mer Rouge accueillent désormais des véhicules blindés.
Et non des moindres puisqu’il s’agit des fonds sous-marins d’Hurghada, pourtant pourvus en récifs et tombants naturels.
Subaqua a eu l’opportunité de découvrir une partie de ces engins (malheureusement pas toujours en bon état...) en compagnie du plus grand érudit en naufrages et épaves de mer Rouge. Sans problème de traduction puisque Stéphane Lecat, chasseur de vestiges et guide pour le croisiériste Diving Attitude, est... français.
« Grâce à l’initiative de l’association Hepca (Hurghada environmental protection and conservation association), trois sites abritent des véhicules militaires depuis fin 2023 : Sha’ab El Sakala, Urog El Towail et Erg Gamea, explique Stéphane. La profondeur va de 11 à 15 mètres et l’eau y est souvent très clair. Sur un fond sableux ou rocheux, chacun accueille une poignée d’engins. À mes yeux, le plus intéressant est Erg Gamea, notamment en raison des monticules coralliens qui le bordent, eux-mêmes riches de vie. »
Et, rajouterons-nous grâce aussi à la présence d’un iconique T-34 (sur un total de deux engins), considéré comme l’un des meilleurs chars de la Seconde Guerre mondiale.
À la question de l’intérêt de créer de tels sites en mer Rouge, pourtant peu avare ni de merveilles naturelles ni de superbes épaves à explorer, notre expert, qui a suivi de près le projet d’Hepca, développe : « Parmi les raisons qui ont motivé la création de ces récifs artificiels, il s’agissait en particulier d’augmenter le nombre d'options de plongée, et ainsi d’offrir des alternatives permettant de mieux répartir la fréquentation sur les autres sites naturels, les coraux étant évidemment plus fragiles aux coups de palmes malheureux que l’acier d’un tank. Ensuite, le but était de créer de nouvelles expériences sous-marines en mariant le matériel militaire avec la nature, c'est à dire la colonisation par la faune et les coraux des différents véhicules. »
On pourrait préciser aussi que ces sites sont de parfaits arrêts pour une première plongée, la fameuse check-dive, ou au contraire une dernière, en retour de croisière, afin de peu saturer avant le vol retour, après une semaine de plongée conséquente.
Au vu du monde croisé sous l’eau lors de notre visite, le projet Hepca rencontre un succès grandissant. De quoi inciter les instances françaises à lever le blocage existant en Méditerranée pour ce type d’initiative ?
Pour les passionnés de vestiges, ces blindés, mais surtout les nombreuses épaves de navires (dont la visite de l'une ou l'autre sera toutefois assujettie aux conditions météo) sont au menu des itinéraires spécial épave que propose annuellement Stéphane Lecat.
Pour 2025, trois dates, en avril (semaine du 05/04 au 12/04), septembre (semaine du 06/09 au 13/09) et novembre (semaine du 01/11 au 08/11).
Venez en discuter avec lui pendant le Salon de la plongée de Paris sur l’espace Diving Attitude (E14 et G06-I05), qui débute dès ce jeudi 09 janvier jusqu'à la fin de la semaine.