À la découverte des épaves de Dakar

le 04/11/2020 publié dans le N°293 de Subaqua
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Yves Kapfer
par Yves Kapfer

La baie de Dakar n’est pas avare en épaves, bien au contraire. Yves Kapfer explique pourquoi et nous
raconte l’exploration de quelques vestiges parmi les plus récents. Sans oublier également de s’immerger sur quelques sites naturels remarquables.
Texte et images d’Yves Kapfer

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À Dakar, le trafic maritime, qu’il soit commercial, militaire ou de pêche, a toujours été important. Les navires fréquentant les côtes sénégalaises ne sont pas tous de prime jeunesse. Que faire de ces navires quand ils arrivent en bout de course ? Des récifs artificiels dans le cadre d’un programme destiné à limiter le chalutage sauvage des fonds. Ainsi, est organisé le sabordage de vieux navires dépollués, le plus souvent des chalutiers saisis par les autorités pour infraction aux règlements et accords gérant la pêche (juste retour des choses…). Florissante, cette initiative a fait de la baie de Dakar un véritable cimetière marin. Plus d’une centaine d’épaves, certaines très récentes, sont plongeables sur des fonds de 20 à 60 mètres. D’autres plus profondes ne sont accessibles qu’aux plongeurs tek, ce qui est tout à fait envisageable à Dakar puisqu’une structure plongée (le Nautilus Diving, lire plus loin) dispose de toute l’infrastructure nécessaire à ces explorations (gaz, recycleurs, etc.).

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Une grande partie d’entre elles est très bien conservée. Ces épaves abritent une faune nombreuse qui gravite autour ou se dissimule dans les parties intérieures, terrain de chasse ou abri selon les espèces.

Premières plongées sur de toutes récentes épaves

Nous sommes en juin 2019. Depuis mon bureau face au port, je regarde avec étonnement un vieux chalutier, dont le portique a été enlevé, sortir du port tiré par un remorqueur. Puis je n’y pense plus, absorbé par mon travail. Une semaine plus tard, Philippe, le responsable du Club Nautilus Diving, me propose, à la place de la plongée prévue ce samedi, d’aller découvrir une épave récente avec un nombre réduit de plongeurs confirmés. Il s’agit justement du chalutier que j’ai observé il y a quelques jours. Il m’apprend que des fonds ont été débloqués et que le programme de création de récifs artificiels, mis en sommeil quelques années, vient d’être relancé par la magie de financements disponibles. L’un des responsables de la fédération de pêche lui a communiqué les points GPS approximatifs et nous allons tenter de trouver l’épave. Elle se situe sur un fond d’environ 30 mètres non loin des orgues de basalte de Séminole, le plus beau site de plongée de la baie de Dakar. Après une petite demi-heure de navigation, nous arrivons sur la zone et 15 minutes suffisent ensuite pour repérer l’épave au sondeur.

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Nous nous immergeons sur un fond de 25 mètres, l’eau est fraîche et la visibilité moyenne en raison de la présence de nombreuses particules. Nous suivons la ligne de mouillage et c’est vers – 15 mètres que nous découvrons le Zhong Shui à environ 20 mètres devant nous. Nous l’abordons par la poupe. Le bateau repose sur sa quille, incliné sur bâbord. Des restes des cordages de remorque sont encore présents et déjà des bancs entiers de sars et de castagnoles ont commencé à le coloniser. Les abords et même l’intérieur sont peuplés de raies torpilles. L’exploration de l’épave est facilitée par les travaux de préparation à l’immersion : enlèvement des portes, des équipements et de toutes les parties mobiles à l’exception du safran. Par contre, il est regrettable que le portique ait été démonté. Hormis son intérêt pour la plongée, il aurait attiré plus de poissons et, surtout, sa présence aurait renforcé le rôle de piège à filet ou de chalut de l’épave.

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Fin juillet c’est au tour du Yue Yuan Yue 2 de rejoindre le Zhong Shui. Il est immergé à quelques encablures. Nous sommes quatre à effectuer une première immersion trois jours seulement après son sabordage. À l’instar du Zhong Shui, ce chalutier a lui aussi été préparé et dépollué. Il repose presque droit sur sa quille sur un fond de 34 mètres. Nous devons faire attention car l’épave n’est pas encore stabilisée sur son lit de rochers et le courant assez fort au cours de cette plongée la fait bouger. Elle va sans doute se coucher un jour sur son tribord. Il n’est donc pas question au cours de cette première plongée de pénétrer à l’intérieur si ce n’est dans le château parfaitement dégagé, et au toit découpé. Peu de poissons présents comparativement à sa voisine, mais dès les plongées suivantes, nous constaterons un effet « récif artificiel » déjà bénéfique avec, comme sur le Zhong Shui, un accroissement sensible de la faune. Malheureusement, l’épave attire également les pirogues des pêcheurs locaux dont certains ont déjà perdu leurs filets sur les infrastructures…

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 293 Abonnez-vous

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