PHOTOGRAPHIER LES GRANDS ANIMAUX MARINS

le 13/03/2020 publié dans le N°289 de Subaqua
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Fred Di Méglio
par Fred Di Méglio

Partie II : Dans la seconde partie de ce sujet traitant de la photographie de grands animaux du monde marin, place à des aspects plus techniques, tels que la composition de l’image, les réglages de la prise de vue ou encore l’utilisation, ou pas, de flash(s) externe(s). Nous conclurons sur la démarche photographique, c’est-à-dire la nécessité de donner du sens à ses images. Par Frédéric Di Méglio, triple champion du monde de photo sous-marine.

Dans la précédente rubrique (lire Subaqua n° 288), nous avions discuté de ce que les grandes rencontres animalières, parmi les plus fortes émotionnellement de l’univers sous-marin, ont à offrir aux photographes subaquatiques.

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Outre les différentes espèces constituant le bestiaire des animaux les plus imposants, nous avions notamment appréhendé l’organisation des différents plans de la prise de vue et l’utilisation de l’objectif grand-angle. Cet objectif balayant large, le photographe pestera souvent contre ce plongeur présent dans l’arrière-plan et venant parasiter l’image par sa position désordonnée (même si une présence humaine aurait son utilité comme on le verra en fin d’article). Dans cette seconde partie d’article, continuons à développer notre regard photographique. Le premier point qu’il faut avoir à l’esprit est que la représentation d’un grand animal marin, tout sujet de premier choix qu’il soit, ne s’arrête pas à « prendre » son image. En effet, la grande facilité avec laquelle nous pouvons obtenir actuellement une image conduit fréquemment à une carence dans le domaine de la création et de l’esthétisme de la prise de vue. Quelques clés pour y remédier sont présentées ci-après.

Composer son image

Il est évident qu’il est plus simple de tourner autour d’une gorgone que de prendre une image d’un animal, certes imposant, mais souvent mobile. Commencez par observer, dans le viseur de l’appareil, l’image du « géant » pendant qu’il grandit, au fur et à mesure qu’il se rapproche ou que vous vous en rapprochez, à l’exemple d’un cachalot, d’une otarie ou encore d’un requin-baleine.

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Il faut essayer, dans la mesure du possible, de regarder l’animal sous différents angles : de gauche, de droite, de face, de dessus et/ou de dessous. Parfois, il suffit de se décaler ou de se déplacer d’un mètre pour que tout devienne cohérent. En photographie, une bonne composition est celle où l’organisation des données visuelles permet au spectateur de rentrer dans l’image. Que serait un cliché sans l’attitude animalière dynamisée par la composition, sauf à rester seulement descriptive ? La représentation est donc essentielle. Dans votre viseur, divisez mentalement (ou à l’aide d’une grille si l’appareil peut en afficher une sur le viseur) l’image en trois parties, aussi bien dans la longueur que dans la largeur (la fameuse règle des tiers). À l’intersection des deux lignes horizontales et des deux verticales se trouve un des quatre points forts visuels de l’image. Quand votre centre d’intérêt, telle la tête de l’animal, se trouve à un de ces points vous renforcez l’impact visuel.

BULLIMAGES-3Avec un cadrage étroit, une sensation de mouvement induite par l’utilisation d’une diagonale dans l’image, une lumière mixte adaptée (contraste de couleurs pour le premier plan et arrière-plan ayant un bleu un peu dense), vous renforcerez encore la sensation de puissance de l’animal. Mais pour mieux exprimer la douceur d’une tortue verte, opter pour un cadrage de trois-quarts avec des courbes dans les lignes de force, des couleurs pastel plutôt harmoniques que contrastantes et un éclairage dit « fill-inn » (équilibré pour uniformiser la lumière).

Autre point à considérer, le fait qu’un gros poisson n’est pas un animal solitaire, au contraire. Comment, alors, mettre en relation deux, trois spécimens (un chiffre magique pour le rythme) ou plus, à l’instar du vol de raies mantas, de dauphins en plein jeu ou de requins en chasse ? En organisant le point de vue afin de permettre de donner de la profondeur aux différents sujets, en particulier dans la manière dont la lumière et les ombres interviennent sur la scène.

Choisir les réglages de prise de vue

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En ce qui concerne la mesure de la lumière, privilégiez ici le mode matriciel (calcul de l’exposition sur l’ensemble du cadre) ou central pondéré (calcul privilégiant en partie la zone centrale). Choisissez dans un premier temps de travailler avec le soleil dans le dos pour qu’il éclaire la scène, avant de vous lancer dans des prises de vues à contre-jour, plus techniques. Pour quel couple diaphragme-vitesse opter dans le cadre de ce type d’image ?

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 289 Abonnez-vous

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