L’archipel des Cyclades est sorti des flots, il y a bien longtemps, dans le sud de la mer Égée. Selon la mythologie, il tient son nom de sa forme qui représente un cercle autour de l’île Delos. Une île sacrée, car si les divinités grecques vivaient sur la plus haute montagne, le mont Olympe située non loin de la mer Égée, entre la Thessalie et la Macédoine, c’est à Delos que naquirent Apollon et Artémis. Un grand sanctuaire y fut d’ailleurs érigé au VIIe siècle av. J.-C. Sur les 250 îles que compte l’archipel des Cyclades, dont 24 sont seulement habitées, celle d’Amorgos mérite que l’on s’y attarde pour plusieurs raisons.
Amorgos, île bénie des dieux
Sous l’eau, nous retrouvons la topographie sous-marine d’une île volcanique riche en arches, crevasses, grottes et cavernes favorisant de surprenants jeux de lumières. Mais ce qui frappe le plus, outre ce relief tourmenté, est l’absolue limpidité de l’eau. La faune marine n’est certes ni abondante ni exceptionnelle.
Mais le plongeur attentif y fera de belles rencontres avec des barracudas, des murènes, des poulpes et autres nudibranches que côtoient éponges et coraux.
Il y aurait même un air de fête sur le site de la caverne de Nikouria lorsque le palier de sécurité s’effectue dans un mini-jacuzzi de bulles résultant des émanations de gaz volcaniques…
À Amorgos, subsistent encore, par 20 m de fond, des restes d’amphores, témoignages d’une civilisation antique majeure et d’un commerce maritime florissant à son apogée.
À environ une heure de navigation, des vestiges nettement plus contemporains sont aussi à découvrir : ceux de l’épave du Marina 3, un cargo ayant sombré en 1981. Cet immense navire (plus de 150 m de long) se visite en apnée comme en bouteille car reposant à des profondeurs comprises entre – 5 et – 30 m. La vie sous-marine s’y est bien développée et les possibilités de pénétration dans l’épave sont nombreuses. Vous l’aurez compris, l’île d’Amorgos offre une intéressante variété de sites pour tous les niveaux de plongée. Dont certains bien abrités, comme au pied de l’îlot Nikouria, permettant de mouiller ses palmes même si la météo se dégrade et que courant et houle viennent à s’en mêler. Enfin, Amorgos, ce sont aussi des falaises abruptes qui plongent dans l’immensité et l’éternité d’une mer d’un bleu profond.
Un véritable terrain de jeu pour les apnéistes chevronnés à quelques encablures de la côte. C’est d’ailleurs dans la pratique de l’apnée, ou plutôt dans sa retranscription au cinéma, que réside une autre raison de se rendre à Amorgos : sur cette île, et dans les eaux la bordant, des passages importants du célèbre film « Le Grand Bleu » ont été tournés. Des parents instructeurs de plongée, une enfance passée entre la Grèce (bien sûr !) et la Croatie, une passion pour les profondeurs, Luc Besson avait tous les ingrédients pour réaliser un tel film.
« Le Grand Bleu », UN FILM QUI marquera une génération
« Le Grand Bleu » est donc avant tout un projet intimiste du cinéaste qu’un grave accident de plongée éloigna du monde sous-marin. S’il a choisi pour sa fiction de s’inspirer de la vie de Jacques Mayol, et un peu de la sienne, c’est en raison de la fascination qu’exerce sur lui l’apnéiste français qui sera d’ailleurs conseiller technique pour le film. À noter qu’aucun des acteurs n’a été doublé lors des tournages en mer : « J’ai appris à plonger pour le film », précisera même Jean-Marc Barr qui joue le rôle de Jacques Mayol, descendant jusqu’à – 30 ou – 40 m. Luc Besson en personne assurait les entraînements de ses acteurs, et a même fait un caméo (apparition fugace dans le film) dans le rôle d’un plongeur. Bien qu’écorché par la critique au festival de Cannes, le film va devenir un énorme succès auprès du grand public en France. Que l’on soit passionné d’apnée ou pas, la magie opère et le film nous transporte.
Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 289 Abonnez-vous
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