BONS PLANS DE CARRIÈRE !

le 27/08/2015 publié dans le N°262 de Subaqua
CARRIERES 262-UNE
Royan VAN VELSE
par Royan VAN VELSE

Quand on n’a pas la chance de vivre au bord de l’eau salée, que la piscine devient lassante, que les fosses trouvent leurs limites, la possibilité de se mettre à l’eau en carrière est une opportunité que saisissent bien des plongeurs. Royan van Velse, a fait pour Subaqua, le tour des carrières ardennaises. Bons plans… Photos de l’auteur et de Jeroen Zetz.

C’est au carrefour de plusieurs territoires que se retrouvent été comme hiver des plongeurs provenant de pays limitrophes de la Belgique. L’Ardenne belge avec ses vallons, ses forêts denses et ses carrières désaffectées accueille alors, hormis les plongeurs belges eux-mêmes, ceux de France, d’Allemagne, du Luxembourg et des Pays-Bas.

CARRIERES 262-CENTRE

La Belgique était jadis un pays à carrières. On y extrayait toutes sortes de pierres, servant à la construction ou à la décoration : granit, marbre, pierre bleue, ardoise… Le sol en regorgeait. Certains musées de la pierre témoignent encore de cette époque. Jusqu’au jour où la demande se fît moins pressante. C’était au siècle dernier. D’autres pays ont fini par prendre le relais et bien des carrières ont cessé leurs activités avant d’être abandonnées. Des fosses avec des profondeurs allant jusqu’à 50 ou 60 mètres abimaient le paysage, témoins d’un temps révolu. Les pompes visant à purger les eaux de pluie ou d’infiltration ne fonctionnant plus, certaines carrières se sont petit à petit remplies d’eau, devenant ainsi encore plus inutilisables qu’avant.

Le sort, le côté inventif de certains plongeurs, ou le besoin de créer un univers subaquatique loin de la mer, sont venus au secours de certaines de ces carrières laissées à l’abandon. Elles se sont ainsi transformées en centres de plongée proposant un milieu naturel dans un cadre absolument unique. De gros trous remplis d’eau avec des parois en roche sont devenus de véritables paradis pour non seulement les plongeurs, mais aussi pour une faune pas forcément d’origine locale. Gardons, carpes, brochets et esturgeons s’y côtoient aujourd’hui sans trop se laisser déranger par les visiteurs qui sont là surtout pendant les week-ends.

Les carrières plongée bien connues en Wallonie sont La Gombe et Sprimont juste en dessous de Liège, et la Roche Fontaine à deux pas de la frontière française, non loin de Charleville-Mézières. Elles ont des atouts en commun : vestiaires, restauration, gonflage, objets intéressants sous l’eau et belle faune peu farouche.

La Gombe : la carrière aux esturgeons

La Gombe est certainement la plus connue des carrières belges. Elle est réservée à la plongée depuis la fin des années soixante-dix. La visibilité est bonne de coutume, la profondeur dépasse les 40 mètres, et parmi leCARRIERES 262-1s éléments les plus fréquentés sous l’eau se trouvent des engins de guerre. Un ancien avion de chasse du type F84F de l’armée de l’Air belge est posé à une dizaine de mètres et la cabine ouverte invite à y prendre place pour une belle séance de photos. Un blindé désaffecté par l’armée repose un peu en aval, attirant également les regards admiratifs de ceux qui viennent là en exploration. Mais le plus beau, la pièce de résistance de cette plongée se trouve à faible profondeur, entre 5 et 10 mètres : il s’agit du ballet des esturgeons. On y passerait volontiers toute la plongée !

Dans une eau claire, des esturgeons de taille impressionnante viennent sur vous, comme pour vous accueillir dans leur petit univers. Interdiction de les toucher mais ce sont eux qui prennent l’initiative de venir se frotter contre vous, encore et encore. On ne s’en lasse pas. Ils vous observent plein de curiosité avec leurs petits yeux, vous approchent avec leurs petites barbiches pour même parfois franchement se coller sur vous, gluants comme si leur bouche était une ventouse. Ils sont aussi impressionnants qu’inoffensifs.

Avant et après l’immersion, la carrière propose une cantine avec quelques plats simples mais bienvenus, des boissons, ainsi que des vestiaires chauffés avec des douches.

Lillé : les carpes reines des lieux

Non loin de là se trouve la carrière de Lillé, juste à côté de Sprimont. Bon nombre de plongeurs visitent aussi bien La Gombe que Sprimont dans la journée. La carrière date de 1841 et a été créée pour extraire ce qu’on appelle le petit granit, un calcaire carbonifère contenant de nombreux débris de crinoïdes.Ces animaux au nom étrange vivaient ici même, sous la mer, il y a quelque 350 millions d’années. Ouverte à la plongée depuis 1985, la partie inondée de la carrière fait entre 24 et 30 mètres de profondeur. Celle-ci peut varier de quelques mètres en fonction de la saison et des pluies.

carrieres 262-3L’accès à l’eau est quelque peu sportif puisqu’il faut descendre le long d’un chemin et puis surtout, après la plongée, le remonter. Heureusement pour ceux qui n’ont pas envie de traîner tout leur matériel sur le dos, il y a un monte-charge qui peut faire le travail à leur place !

Quelques esturgeons sillonnent cette eau douce et c’est toujours un plaisir d’essayer de les dépister en découvrant au passage des objets divers, dont une barque, des statuettes, un silo, un tunnel ou une cloche qui permet d’échanger quelques mots avec un binôme.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 262 Abonnez-vous

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