C’est assez ! Un plaidoyer contre la captivité des mammifères marins

le 22/02/2017 publié dans le 271 de Subaqua
POINT DE VUE 271-UNE
Stephan Jacquet
par Stephan Jacquet

Faut-il ou non fermer les delphinariums et les parcs d’attractions où orques et dauphins sont donnés en spectacles ? C’est l’interrogation de notre collaborateur Stéphan Jacquet qui a été soigneur dresseur avant de passer un doctorat d’océanologie biologique. À l’heure où de nombreux pays légifèrent dans ce sens, à l’heure où la ville de Barcelone annonce la fermeture de son delphinarium, la question vaut d’être posée…

Quand j’avais 23 ans, j’ai travaillé presque une année complète au Marineland d’Antibes. J’étais « soigneur-dresseur » et travaillais dans ce qu’on appelait l’équipe des orques. Je faisais un peu de dressage, assurais les spectacles avec les orques mais aussi ceux, parfois le matin, avec les dauphins (on parlait de spectacle pédagogique). Je m’occupais aussi du suivi nutritionnel des bébés manchots, nettoyais les bassins, préparais la nourriture, etc. Et j’ai adoré cela. Vraiment adoré. Comment aurait-il pu en être autrement ? J’étais avec des animaux fantastiques, j’exerçais un travail lié à ma passion de l’eau, de la plongée et des animaux, j’avais devant moi tous les jours un public conquis à l’avance.

Puis j’ai repris mes études et suis devenu chercheur. J’ai surtout grandi, mûri, embrassé la cause d’associations protectrices de la faune sauvage comme Longitude 181 après avoir notamment rencontré son président fondateur François Sarano sur le tournage du film l’Odyssée, ou encore le Sea Shepherd.

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Dans Subaqua, j’ai écrit il y a quelques mois un petit article critique qui se faisait le relais d’une enquête stipulant que relâcher des cétacés captifs n’était pas une si bonne idée. Les réactions ont été nombreuses et les avis très partagés mais j’ai retenu ce que je savais déjà depuis longtemps : à savoir qu’aujourd’hui, plus rien ne justifie de garder captif des animaux à des fins récréatives. Tout le monde peut apprendre à connaître ces animaux via la multitude des médias qui existent désormais (télévision & chaînes nature dédiées, cinéma, Internet, etc.) et qui permettent de découvrir et apprécier par l’image à défaut de la voir en vrai, cette nature indomptée. Comment peut-on encore supporter de voir des tigres, lions et autres animaux derrière les barreaux de cages minuscules et sauter d’un tabouret à un autre quand on va au cirque ? C’est désormais choquant et cela relève clairement de pratiques d’un autre temps : celui du spectaculaire où on exposait « King Kong » au grand public ! N’en est-il pas de même pour ces cétacés et pinnipèdes qui trompent le spectateur avec ce que l’on croit être, chez eux, un sourire permanent ? Ne mentons-nous pas à nos enfants qui savent tout des dinosaures sans pourtant les avoir jamais vus en vrai et pour cause !

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 271 Abonnez-vous

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