L’huître essentielle aux écosystèmes côtiers

le 02/11/2016 publié dans le 269 de Subaqua
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STEPHANE POUVREAU ARNAUD HUVET
par STEPHANE POUVREAU ARNAUD HUVET

Présentes depuis 250 millions d’années, essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes côtiers, elles sont pourtant menacées de toute part… Un constat d’Arnaud Huvet et Stéphane Pouvreau du Laboratoire des Sciences de l’environnement marin présenté par Stéphan Jacquet.

Les huîtres ont toujours occupé une place importante dans nos écosystèmes mais aussi dans nos assiettes et ce depuis la Préhistoire. Et notre engouement pour ces espèces n’est pas sans conséquences : surexploitation, introduction de maladies ou de parasites, pollutions diverses et réchauffement climatique menacent sans répit ces invertébrés marins pourtant essentiels au bon fonctionnement de nos écosystèmes côtiers.

Car, outre leur importance économique – les huîtres occupent la première place des espèces aquacoles françaises – ces bivalves font parties des espèces dites « ingénieurs de l’écosystème » : elles forment des constructions biogéniques, voire de véritables récifs qui s’élèvent au-dessus du sédiment et qui constituent de précieux habitats pour d’autres espèces (photo ci-contre).

Huitres plates - espèce ingénieur

Leur simple présence enrichit donc localement la biodiversité marine. Ainsi, de nombreux autres invertébrés (gastéropodes, bivalves, petits crustacés, bryozoaires, échinodermes, tuniciers, éponges, annélides) y trouvent refuge, s’y reproduisent et s’y alimentent. Le substrat dur des coquilles sert aussi de fixation à de nombreuses macro-algues marines (algues brunes, algues vertes mais aussi algues rouges dont certaines corallines). Et forcément, des petits pélagiques profitent aussi de ces récifs pour y pondre leurs œufs : ces bancs d’huîtres servent donc de nurseries, comme c’est le cas pour la seiche par exemple. En tout, ce sont plus de 100 espèces différentes qui profitent de ces habitats biogéniques. À ce titre, certains biologistes marins considèrent les récifs d’huîtres comme l’équivalent des récifs coralliens de nos milieux tempérés !

Parmi les autres services écosystémiques rendus par les huîtres figurent aussi la stabilisation des sédiments et la lutte contre l’érosion côtière, le maintien d’une bonne qualité de l’eau avec le contrôle de la turbidité et des blooms de phytoplancton (dont certains sont toxiques pour l’environnement ou pour l’homme !). Les huîtres sont effectivement de très bons filtreurs : une huître adulte filtre à peu près 5 litres d’eau par heure et l’épure de toutes ses particules submicroniques.

une histoire bien mouvementée

Dans le monde, il existe plus d’une trentaine d’espèces d’huîtres, mais toutes ne font pas l’objet d’élevage ostréicole. En France, actuellement, c’est l’huître creuse, Crassostrea gigas, qui assure la quasi-totalité de la production nationale (80 000 tonnes par an), mais les fins connaisseurs savent qu’une autre huître, l’huître plate, Ostrea edulis, appelée localement belon, gravette ou pied de cheval, mérite une attention toute particulière.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 269 Abonnez-vous

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