Padirac la plongée dans le futur

le 22/02/2017 publié dans le 271 de Subaqua
AFP_0856
Jean-Pierre Stefanato
par Jean-Pierre Stéfanato

Quoi de plus frustrant lors de la visite d’une cavité aménagée que le moment où le guide éclaire la galerie au-delà de la barrière en expliquant que la suite est réservée aux spéléologues confirmés ? Et bien nous avons eu la joie d’enjamber cette barrière en novembre dans le gouffre de Padirac pour aller explorer un secteur peu connu des spéléos et encore moins du public : le cours inférieur de la rivière de Padirac. Au cours des temps géologiques les rivières souterraines ont tendance à s’infiltrer plus profondément jusqu’à rejoindre leur « niveau de base ». On peut ainsi trouver plusieurs étages superposés, la rivière ayant abandonné les étages supérieurs pour circuler plus bas. C’est ce qui est en train de se produire à Padirac où la rivière connue des touristes et des spéléologues se faufile vers ce qui deviendra son lit pérenne… dans quelques milliers d’années. Photos Alexandre Fox.

Un récit de Bernard Gauche

AFP_BERNARD 0923

Grâce à deux traversées entre ses résurgences et le gouffre, La Finou-Padirac en 1996 et Saint-Georges-Padirac en 2014, nous avons mis en évidence les trajets principaux de la rivière de Padirac. Mais ce très grand réseau de plus de 20 km pour la rivière principale recèle encore de nombreux mystères.

Cette expédition menée avec l’aide de la FFESSM du 3 au 6 novembre 2016 a eu pour objectif de résoudre l’un de ces mystères en poursuivant les explorations menées précédemment.

De 2001 à 2006, lors de multiples plongées dans des siphons affluents, je me suis rendu compte que je parvenais dans un même siphon collecteur, 30 à 40 m sous le niveau normal de la rivière. Il possède de belles dimensions, en moyenne 2 m x 3 m, et garde la direction générale de la grotte d’est vers l’ouest. Un jour, que nous ne connaîtrons pas, il deviendra le lit unique de la rivière.

À 4 000 m de l’entrée du gouffre, la rivière de Padirac se jette dans ce collecteur par l’intermédiaire du « Déversoir », un puits vertical de 40 m de dénivelé. J’y avais plongé en 2009 et avais parcouru 450 mètres à une profondeur entre -25 m et -32 m. Cette année-là j’ai eu le sentiment d’être au bout de mes possibilités avec les moyens alors utilisés : combinaison humide et circuit ouvert avec 4 blocs de 7 litres.

Ce jeudi 3 novembre 2016, jeunes fougueux et anciens expérimentés se partagent le matériel de plongée à transporter en sus du matériel de bivouac personnel. Cette fois j’ai prévu vêtement sec et recycleur. Si ce matériel me donne beaucoup d’autonomie et un certain confort, donc une meilleure sécurité, cela représente de lourdes charges d’autant que la sécurité est prévue en ouvert avec 3 blocs de 7 litres.

AFP_0909

Après une journée de spéléologie où alternent navigation, escalades et franchissement de « barrières », nous parvenons au bivouac du chaos Martel situé au-dessus de mon objectif.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 271 Abonnez-vous

Commentaires

Aucune commentaire actuellement

Écrire un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *