Randonnée subaquatique Toucher n’est pas jouer !

le 02/11/2016 publié dans le 269 de Subaqua
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ERIC JOURDAN
par ERIC JOURDAN

« Toucher ou pas toucher », la question peut paraître désuète dans le monde de la plongée tellement sa réponse semble aujourd’hui acquise au « zéro contact » ! Pour ne pas déranger, ne pas abîmer, ne rien toucher semble être la réponse la plus logique lorsque l’on souhaite être attentif au milieu marin… Et pourtant, en dehors du strict contexte de la plongée, justement dans le cadre de la préservation de l’environnement marin, ce sujet mérite largement une réflexion approfondie pour se détacher des clichés et des positions parfois extrémistes… Retour et explications d’Éric Jourdan, manager de Dune Méditerranée, un centre ambassadeur Longitude 181, sur la genèse du contact choisi à vocation pédagogique, une pratique pas toujours bien comprise… Photos Pierre Martin-Razi.

Découvrir ce qui se passe sous la mer est désormais étroitement lié au respect et à la préservation du milieu marin… Il est couramment admis que 20 % des perturbations de la zone côtière ont pour origine les activités en mer alors que 80 % des perturbations auraient pour origine le bassin-versant au travers des apports des fleuves, des eaux de ruissellements et des différents rejets d’effluents liquides. Ce lien distant entre causes et effets reste difficile à mettre en évidence au sein d’une société civile qui majoritairement considère la mer comme un espace de loisir, sans avoir découvert la richesse et la fragilité de la vie qui l’habite… Quand on sait que seuls 3 % de la population pratiqueront un jour un loisir subaquatique, on peut se demander si la sauvegarde du milieu marin n’est pas étroitement liée aux possibilités d’accès à l’émerveillement sous-marin des populations. L’évolution des comportements passe par l’accès à la nature et sa découverte au travers d’un vécu bénéfique, c’est en tout cas une pensée largement portée par les mouvements éducatifs alternatifs qui se sont penchés sur la question depuis quelques décennies…

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Découvrir et comprendre pour préserver

C’est dans les années soixante qu’apparaît en France « l’animation nature » faisant place à la notion d’éducation « par et pour l’environnement » au début des années quatre-vingt avec la création du réseau École & Nature. Dans les années quatre-vingt-dix « l’éducation à l’environnement et au développement durable » (EEDD) accompagne une prise de conscience collective et l’écologie, jusqu’alors timide, devient une composante politique à l’échelle européenne. Le constat sonne comme une évidence, « il n’y aura pas de développement durable sans éducation ! ». Renforcées par des travaux en psychologie sociale, les approches pédagogiques évoluent pour mettre en évidence que c’est au travers d’un vécu bénéfique et de la découverte concrète et multisensorielle de l’environnement qu’émergent la compréhension et les prémices d’une démarche de respect…

Comme une évidence, une des composantes de la prise de conscience pour un meilleur respect du milieu littoral marin, reviendrait à permettre à chacun de découvrir grandeur nature, ce qui se passe sous la surface.

Plongée et « zéro contact »

La plongée subaquatique donne un accès prolongé sous la surface de la mer. Cette spécificité permet de découvrir des zones peu accessibles et même inaccessibles aux non-plongeurs et d’y observer un certain nombre d’espèces de façon rapprochée, d’en voir les détails anatomiques, la couleur, le mouvement même s’il est minime… L’émerveillement est là, à la portée des sens, juste magnifique… Mais pour diverses raisons ancrées dans l’inconscient collectif, l’activité reste confidentielle et s’adresse malheureusement encore à trop peu d’initiés !

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Au-delà de la magie de ces découvertes, l’immersion prolongée à proximité immédiate du fond et des espèces fixées ou mobiles qui y vivent peut occasionner des dérangements et dégradations qui ont conduit peu à peu les représentants de la plongée sous-marine à faire évoluer la pratique vers une démarche de « zéro contact ». Limiter au mieux les impacts de l’activité sur la vie marine est peu à peu devenu une évidence, pour contribuer au maintien de la qualité de ce terrain de découverte réservé aux plongeurs.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 269 Abonnez-vous

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