Galápagos Mythe ou réalité ?

le 02/03/2016 publié dans le 265 de Subaqua
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Ludovic Savariello
par Ludovic Savariello

Tout plongeur a forcément, au moins une fois, entendu parler des Galápagos. Mythe ou réalité ? Certains parlent de plongées difficiles avec du courant et une visibilité médiocre, d’autres décrivent des plongées fabuleuses où requins marteaux cohabitent avec requins-baleines, dauphins, orques et raies mantas, d’autres encore ne jurent que par deux noms : Darwin et Wolf. Alors, mythe ou réalité ? Les Galápagos c’est un peu tout cela mais bien plus encore ! Un reportage de Ludovic Savariello.

L’archipel des Galápagos se situe dans le Pacifique et appartient à l’Équateur. Il se compose de treize grandes îles (de 14 à 4 588 km2), de six petites îles (de 1 à 5 km2) et d’innombrables îlots parmi lesquels seuls quelques-uns ont un nom. Cet archipel fut découvert par hasard en 1535 par le premier évêque de Panama, lorsque ce dernier perdit son cap alors qu’il naviguait vers le Pérou.

Les îles des Galápagos sont d’origine volcanique et n’ont jamais été reliées au continent. Ainsi, il est très probable que les espèces qui les peuplent actuellement ont traversé l’océan sur 1 000 km. Durant de nombreuses années, les biologistes de l’évolution se sont demandé comment autant d’espèces uniques avaient pu évoluer aux Galápagos sur une période « relativement courte » de quatre millions d’années environ (soit l’âge des îles les plus anciennes). Une des réponses apportée consiste à penser que les ancêtres de ces espèces vivaient, en fait, sur des îles perdues aujourd’hui au fond de l’océan et eurent donc neuf millions d’années au moins pour évoluer.

VOYAGE 265 GALAPAGOS-3Dans le registre des idées préconçues, certains imaginent les Galápagos comme un archipel totalement sauvage où la nature ne côtoie presque jamais l’homme hormis quelques touristes de passage. En réalité, cinq îles sont habitées et environ 15 000 résidents vivent de façon permanente à Puerto Ayora sur l’île de Santa Cruz, située au cœur de l’archipel. Concernant le tourisme, jusqu’au milieu des années soixante, rares étaient les personnes à visiter l’archipel. En moins de vingt ans, le nombre de visiteurs a été multiplié par dix. Début des années quatre-vingt-dix on estimait ce chiffre à 60 000 par an. En 2011, le nombre de personnes ayant débarqué sur les îles était estimé à 140 000.

Pourquoi un tel engouement ? En 2001, la réserve marine des Galápagos a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Six ans après, les Nations Unies ont déclaré l’environnement des Galápagos « menacé ». En 2010, en raison d’un fort lobbying du gouvernement équatorien, l’Unesco a pris la décision controversée de retirer l’archipel de la liste des sites menacés. Et pourtant, plus de 50 % des espèces végétales et animales sont en voie d’extinction. Malgré ces chiffres alarmants, plus de 95 % des espèces qui peuplaient l’archipel avant l’arrivée de l’homme y vivent encore mais en nombre réduit.

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Côté plongée, il y a qu’une alternative : soit un séjour sur terre avec départ à la journée soit une croisière plongée. La majorité des plongeurs se dirigent, pour des raisons économiques, vers des sorties à la journée depuis Puerto Ayora ou Puerto Baquerizo Moreno. Les croisières plongée sont, en effet, vite complètes (il faut réserver en général 6 mois à l’avance) et très chères (il faut compter environ 4 000 à 4 500 $ pour une semaine). Néanmoins, si votre budget vous le permet, n’hésitez pas : testez la croisière car vous accéderez à des sites de plongées uniques comme ceux de Wolf et Darwin.

Des conditions toniques

Actuellement, on compte aux Galápagos 7 bateaux proposant des croisières plongée. De niveau assez équivalent sur le confort, la différence repose plus sur l’expérience des guides qui vous accompagneront et de la sécurité mise en place sur les plongées. Sur le Jesus de Gran Poder (II) de la flotte Aggressor vous serez accueillis par Nelson et ses 15 ans de plongées dans cet archipel. À 54 ans, Nelson est un dive master reconnu aux Galapagos. Petit, tanné et trapu, son regard malicieux et son sourire jovial accompagnent chaque plongeur dans des plongées parfois rudes du fait du courant mais toujours surprenantes. Ainsi, nous sommes partis tous les deux en fin de journée sur un site proche de l’île Isabella. Malgré le peu de luminosité, dans cette ambiance irréelle, Nelson m’a montré en une seule plongée des requins marteaux, des otaries, des cormorans en train de chasser par 15 m de fond, des manchots lancés comme des torpilles en surface à la recherche de petits poissons pour le repas du soir et des dizaines de tortues en train de dormir dans chaque anfractuosité de la roche volcanique parsemant le fond de ce site.

Côté sécurité, l’organisation ne laisse pas droit à l’improvisation. Les courants pouvant être très forts à certains endroits, les plongées sont dérivantes. Ainsi, il peut être parfois difficile de localiser les plongeurs en surface car la houle océanique est quasiment omniprésente aux Galápagos. De ce fait, chaque plongeur est équipé à son arrivée d’un système sonore d’alerte de surface et d’un drapeau dépliant de 1,5 m de haut visible par les deux pilotes très expérimentés des deux pneumatiques. Enfin, en ultime moyen, une balise GPS peut être activée en surface relayant la position du plongeur perdu au capitaine du bateau. Durant ces huit jours, nous n’avons utilisé aucun des trois systèmes car les briefings plongée étaient très clairs et très précis et l’encadrement de très beau niveau.

Un contraste saisissant

Les deux premières plongées sur les Galápagos s’effectuent à côté de l’île de San Salvador. Pas de corail, pas d’éponges, les fonds ressemblent un peu à la Méditerranée. La température de l’eau oscille durant l’année entre 21 °C et 27 °C en surface. Pour ces deux premières plongées le contraste entre le lieu et les rencontres est saisissant. À peine immergé, Nelson me montre une dizaine de requins marteaux vers 30 m de fond. Ils sont très distants. Ces requins préfèrent une eau plus froide (21° à 23 °C). À cette époque (juillet) les eaux sont normalement à cette température ce qui permet de voir plus facilement des bancs entiers de requins marteaux. Depuis quelques semaines, l’eau est anormalement chaude (27 °C jusqu’à 25 m). Ceci explique, en partie, pourquoi les requins marteaux sont plus difficiles à observer. Bien que cela soit très relatif car à toutes les plongées, nous avons pu en rencontrer au moins une dizaine ! On s’habitue vite à ce genre de rencontres ! Passé l’excitation des premières minutes d’immersion dans un lieu qui m’est inconnu, je prends petit à petit mes repères vis-à-vis du courant, de la visibilité (entre 5 m et 15 m) et de la température de l’eau. Le festival peut donc commencer ! Dans une dizaine de mètres, nous tombons nez à nez avec une raie manta d’au moins 4 m d’envergure. Placide, cette élégante nageuse se laisse très facilement approcher. C’est d’ailleurs une constante aux Galápagos, les animaux ne sont pas farouches vis-à-vis de l’homme (sur terre comme sous l’eau). Le parc impose d’ailleurs une distance de sécurité de 2 m.

Je regarde le résultat de la photo prise suite à cette rencontre quand j’aperçois une silhouette dans le hublot de mon caisson. Une otarie à fourrure des Galápagos inspecte mon caisson en pensant rencontrer une de ses congénères à travers le reflet de son image sur mon hublot. Ces animaux totalement avachis sur terre changent de rythme sous l’eau. Ils tournoient, virevoltent autour de nous, et d’un coup, s’arrêtent brusquement comme pour nous toiser dans une position peu orthodoxe : la tête vers le bas et le corps cambré formant un très bel arc de cercle jonché de deux yeux interrogateurs.

Le festival des otaries

VOYAGE GALAPAGOS 265-1À Cousins Rock, site de plongée situé à côté de l’île de San Salvador, toute une population d’otaries a colonisé ce minuscule îlot. À l’approche du site, avant d’apercevoir les otaries allongées au soleil, l’odeur très caractéristique de ces animaux trahit déjà leur présence.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 265 Abonnez-vous

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