Hippocampes des questions, vos réponses !

le 22/12/2017 publié dans le N°276 de Subaqua
0 Hippocampus_guttulatus_M_Thau_Patrick_LOUISY_PL090622B2
Patrick Louisy
par Patrick Louisy

2005 : des hippocampes de nos côtes, on ne sait pas grand-chose. Aucun scientifique ne s’intéresse à leur répartition, leur mode de vie, leur vulnérabilité. Voilà pourquoi l’association Peau-Bleue décide de les étudier, avec le concours des plongeurs amateurs. Et l’on a beaucoup appris depuis, grâce à vous  ! Voyage au pays des hippocampes avec l’ichtyologue Patrick Louisy, responsable scientifique de l’association Peau-Bleue. Photos de l’auteur sauf mention contraire.

C’est un peu par hasard que l’association Peau-Bleue a commencé à s’intéresser de près aux hippocampes. Au printemps 2005, deux de ces poissons, l’un à museau court, l’autre à museau long, ont été observés lors d’une mission en Turquie. Ils paraissaient bien différents de ceux des côtes françaises, sans pouvoir pour autant être attribués à d’autres espèces. Ce fut le début d’un questionnement qui se poursuit encore aujourd’hui. Alors qu’on savait les hippocampes menacés dans bien des endroits du monde, à la fois par une surexploitation (médecine chinoise, souvenirs, aquariophilie…) et par la dégradation de leurs habitats, on ne connaissait presque rien sur les espèces européennes ! En France, hormis une thèse de 1967 consacrant quelques pages à leur mode de vie dans le bassin d’Arcachon, on manquait cruellement d’informations sur leur variabilité morphologique, leur répartition, leur écologie, leur vulnérabilité…

En savoir plus : la science participative

F Hippocampus_guttulatus_Bebe_Chasse_LOUISY

Face à ce constat de méconnaissance, et à l’absence d’études menées par les organismes de recherche français, Peau-Bleue a décidé en 2005 de lancer le programme EnQuête d’Hippocampes afin de collecter des informations et mener des études de terrain sur les hippocampes de nos côtes. Dès l’origine, ces travaux ont été abordés dans une logique de science participative, en s’appuyant sur des bénévoles amateurs – non spécialistes – pour collecter des données d’intérêt scientifique.

L’objectif était de répondre à un certain nombre de questions :

  • Où trouve-t-on des hippocampes sur nos côtes ? Où sont-ils abondants, rares ?
  • Les diverses populations doivent-elles être considérées comme des entités distinctes, et être préservées comme telles ? Combien d’espèces en existe-t-il réellement ?
  • Quelles sont les caractéristiques écologiques des hippocampes, quels sont leurs besoins en termes d’habitats ? À quels types d’agressions ou de dégradations sont-ils vulnérables ? Y a-t-il des différences écologiques entre espèces ?

L’enquête participative Hippo-ATLAS a été le premier « outil » développé pour répondre à ces interrogations. Cette base de données sur les hippocampes (et aujourd’hui les syngnathes) des côtes d’Europe et de Méditerranée, alimentée par les observations des plongeurs, pêcheurs et naturalistes, est à la fois un atlas géographique destiné à préciser leur répartition, un atlas photographique pour illustrer et décrire leur variabilité, un atlas écologique qui collecte des indications sur leur habitat.

En automne 2005 était lancé Hippo-THAU, projet pilote sur la lagune de Thau. Un exemple local pour mieux décrire et comprendre l’écologie des hippocampes de nos côtes (encadré). Ce projet bénéficie depuis 2008 de l’implication du CPIE (Centre d’initiative pour l’environnement) du bassin de Thau, qui en a pris la direction opérationnelle.

Progressivement, grâce en particulier à un partenariat avec l’Agence des aires marines protégées, ces travaux et observations scientifiques se sont élargis à d’autres régions, notamment en Bretagne et Pays de la Loire (projet RHIZOMA de la commission régionale FFESSM), dans le bassin d’Arcachon (projet Hippo-BASSIN avec les structures de plongée locales et, depuis 2013, l’association Océan’Obs) et dans le golfe du Morbihan (projet ROSAM). En Méditerranée, une population d’hippocampes à museau court est étudiée près du banc de sable de l’Espiguette (Port-Camargue) depuis 2012 (partenariat avec le Seaquarium du Grau du Roi).

Aujourd’hui, grâce aux actions du programme EnQuête d’Hippocampes et au réseau de passions qui l’entoure, les initiatives se multiplient pour étudier les hippocampes et leurs cousins les syngnathes, y compris dans le monde scientifique (ce qui n’est pas la moindre des satisfactions).

Ils ne vivent pas que dans les herbiers !

C Hippocampus_hippocampus_M_seiche_Espiguette_©Patrick_LOUISY_120726A-2967

Dans l’esprit du public (et de nombre de scientifiques), les hippocampes sont indissolublement liés aux herbiers sous-marins. Pourtant, de nombreuses observations de terrain vont à l’encontre de cette vision simplificatrice. Dans la lagune de Thau, par exemple, seulement un tiers des hippocampes mouchetés se rencontrent dans un herbier ou à proximité. Les autres fréquentent

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 276 Abonnez-vous

Commentaires

Aucune commentaire actuellement

Écrire un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *