MALDIVES TOUT CHANGE, RIEN NE CHANGE…

le 25/02/2019 publié dans le N°283 de Subaqua
Plongées aux Maldives
Serge Barth
par Serge Barth

Fermez les yeux… imaginez un moment un univers liquide et bleu, des tombants majestueux où croisent thons et requins, des plateaux de corail couverts de poissons, que survolent raies ou tortues… La Polynésie ? Non, vous n’y êtes pas. Ici, vous êtes aux Maldives, au cœur de l’océan Indien ! Par Serge Barth. Photos Didier Brandelet, Florian Labadie, Valérie Andréani, Jean-Jacques Bonamy.

11  novembre, heure locale 15  heures : parti la veille au soir de Paris, avec une courte escale à Doha, l’Airbus A350 de Qatar Airways entame sa descente sur Malé, capitale des Maldives. Comme dans un rêve éveillé, les morceaux d’atolls verts et blancs défilent sous nos yeux, sur fond d’océan indigo… Que pensait Lourenço de Almeida, le premier navigateur portugais à avoir touché l’archipel en 1506, en découvrant cet éden ? Il est vrai que le spectacle est sûrement moins grandiose depuis le château arrière d’une Caravelle qu’à 5 000 m d’altitude…

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Ce n’est pas notre premier séjour aux Maldives. Cette fois-ci nous venons explorer la partie nord des 1 200 îles que compte l’archipel, en quête de nouvelles rencontres. C’est aussi l’occasion de vérifier ce qui a changé depuis dix ans, l’état des coraux, les effets de la surpêche constatés un peu partout ailleurs, l’évolution, même ici, d’un mode de vie marqué par Internet…

Circuit grand nord, un itinéraire très spécial

0. Circuit NOV18 copieLes Maldives c’est grand ! On distingue généralement trois zones : les atolls du centre autour de Malé, les atolls sud, et les atolls nord. De façon naturelle et avec à l’époque des moyens de transport limités, le développement de la plongée loisir au début des années quatre-vingt s’est fait au centre, autour d’atolls devenus célèbres comme celui d’Ari. Petit à petit, les hôtels se sont développés, de même que les croisières, en particulier vers le sud aux conditions météo plus stables. Grâce à l’ouverture de l’aéroport de Gan, île la plus méridionale de l’archipel, le circuit grand sud avec ses plongées dans les passes attire aujourd’hui, et à juste titre, de nombreux navires de plongée.

A contrario, la navigation au travers des atolls du nord peut s’avérer plus rock’n’roll en cas de mauvais temps, certains étant assez éloignés les uns des autres, donc les abris plus rares. Il y a donc moins de monde en mer et des rencontres potentielles intéressantes en conséquence. Nous avons choisi, avec OK Maldives (lire l’encadré), de suivre un itinéraire grand nord qui, au départ de Malé, nous conduira jusqu’à l’atoll de Haa, à la même latitude que Colombo au Sri Lanka.

L’EQUATOR

Quelques minutes de transfert depuis l’aéroport, et nous embarquons à bord du navire qui nous attend dans le port de Malé, où nous est tout de suite servi notre premier jus de coco. Equator correspond exactement à ce qu’on attend d’un navire de plongée pour ce genre d’expédition : pas trop grand (30 m) mais large (9 m), les neuf cabines doubles climatisées sont spacieuses et confortables, avec SdB/w.-c. privatifs… On y trouve deux ponts et un sundeck avec transats, un immense carré avec bar et une bibliothèque bien fournie.

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Côté plongée, Equator dispose, comme tout navire de plongée aux Maldives, d’une annexe plus modeste, le z, embarcation très manœuvrable sur laquelle se trouvent bouteilles et compresseurs. Tout le matériel de plongée y reste à demeure pour la croisière, conservant ainsi un maximum d’espace sec et de confort sur le navire principal ! Nitrox à bord, bien entendu ! Enfin, la nourriture est excellente et abondante, avec l’incontournable curry de poulet, mais aussi beaucoup de poisson, thon fumé ou cru servi en sashimis ou ceviches au lait de coco, du riz blanc ou parfumé, des salades, et le fameux curry de courge maldivien, un régal !

Plonger dans le nord des Maldives

12  novembre. La plongée de réadaptation, judicieusement nommée Tuna Factory, se fait à un jet de galet de Malé, au pied d’une conserverie de thon, qui déverse têtes et tripes de poissons directement au pied de l’usine… Peu ragoûtant pour les uns, génial pour les autres, cette poubelle « à mer ouverte » est un vrai festival pour les plongeurs en général, et pour les photographes en particulier : on plonge au pied d’un ponton vétuste, dans 10 m d’eau, chacun peut imaginer la concentration en poissons et autres crustacés, attendant ici la nourriture qui tombe du ciel !

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Véritable HLM pour murènes au nettoyage, panthères, java, rubans, tricots… des myriades de poissons cochers, de priacanthes, des nuages de balistes bleus juvéniles, des chirurgiens, des bancs de fusiliers et quelques grosses raies pastenagues pour clore le spectacle. Quel spectacle pour une première immersion !

Mais aussi excitant que soit le spectacle, nous reprenons la mer, direction les atolls du nord, Noonu, Shaviyani, Haa… Plutôt qu’une longue et rébarbative liste chronologique du voyage, nous choisissons de vous faire partager quelques extraits de notre carnet de plongée, au gré des rencontres… Bienvenue dans notre périple, au rythme de nos trois plongées quotidiennes !

14  novembre, 16  heures, site de Christmas Tree sur Noonu Atoll. Ce petit thila (un sec en maldivien) quasiment vierge est planté dans la passe, non loin du récif, sommet à 15 m et sable à 25 m. Un très léger courant rentrant nous offre une eau claire.

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Tel un mille-feuille rocailleux, ce gros pinacle est strié de profonds surplombs formant des voûtes couvertes d’anémones encroûtantes jaunes, d’où pendent de magnifiques alcyonaires roses. Des millions de glassfish s’y abritent, dans lesquels s’affairent différentes espèces de mérous rouges et noirs, des poissons lions et les incontournables carangues bleues sans cesse affamées. Éponges multicolores, gorgones jaunes, corail noir colonisé par de grosses moules, ainsi qu’un défilé de sardines complètent le tableau. Sur le fond de gravier, plusieurs raies marbrées de belle taille se ventilent en attendant l’heure de la chasse, tandis qu’une squille agitée mais indifférente à nos flashs fouille chaque anfractuosité, en quête d’une proie… Un peu plus loin, dans le bleu qui s’assombrit, un banc de maquereaux croise un cyclone de petites carangues à gros yeux. Quelle impression de vie ! Non loin sur le reef, où chacun finit ses paliers, nous croisons plusieurs requins juvéniles, nourrices et pointes blanches. Est-ce LA plongée du séjour ?

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 283 Abonnez-vous

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