Revillagigedo la croisière « grand-angle »

le 27/06/2018 publié dans le N°279 de Subaqua
Un plongeur avec une raie manta dans le bleu - A diver with a giant manta ray in the open water
Pascal Kobeh
par Pascal Kobeh

J’étais allé il y a une demi-douzaine d’années tremper mes palmes dans les eaux qui bordent trois des quatre îles de cet archipel au nom imprononçable : Revillagigedo. C’était en juin 2012 et j’en étais revenu ébloui par tant de splendeurs. Moi qui ne jurais que par le triangle magique que forment les Galapagos, Cocos et Malpelo, j’étais bien embêté dans ma géographie car à l’évidence il me fallait rajouter cet archipel au sud de la péninsule de Basse Californie. Raies mantas, requins-baleines, bancs impressionnants de requins soyeux, requins pointes blanches, pointes argentées, dauphins etc. au milieu d’un bleu limpide m’avaient laissé un souvenir impérissable. Cette seconde fois, c’est en janvier de cette année que j’allais effectuer la croisière. Autre saison, faune différente ? Visibilité moindre ? Stigmates d’un appauvrissement des océans, six ans plus tard ? En résumé, c’est avec une curiosité matinée de nervosité que je redoutais une déception et en même temps, espérais un nouvel émerveillement. Un reportage de Pascal Kobeh.

Cela n’a rien à voir avec une quelconque superstition, mais si l’on veut durer dans ce métier, il vaut mieux être prévoyant. Un jour en avance avec une nuit à San José del Cabo me semblait un luxe que je pouvais m’offrir et bien m’en a pris. Mon vol du matin annulé (et merci à l’agence qui m’a immédiatement recasé dans celui du soir, ce qui m’a permis de ne pas louper le départ du bateau), augurait-il d’une croisière catastrophe ou au contraire après avoir mangé mon pain noir à Roissy, ne m’attendait plus qu’un ravissement sous-marin ?

San Benedicto 1

Une navigation pour récupérer

La journée et la nuit de navigation pour atteindre la première île de San Benedicto, outre qu’elles permettent de récupérer du décalage et de préparer tranquillement son matériel, ne manquent pas d’attiser l’excitation que l’on ressent avant de se jeter à l’eau. Les deux premières plongées à El Canyon se révèlent un peu décevantes. Si l’on aperçoit un requin-marteau et un requin-tigre, c’est dans le lointain et de manière fugace. « Aie, janvier, eh bien ce n’est pas pareil ! », je ne peux m’empêcher de me dire en mon for intérieur.

Un requin marteau halicorne ou à festons - A scalloped hammerhead

À cause, ce matin-là, d’une houle formée, El Boiler, site renommé de plongée qui consiste en un immense rocher qui remonte près de la surface est remis à l’après-midi. Dans mes souvenirs, les raies mantas paradaient tout autour, se faisant nettoyer par des demoiselles de Clarion, un poisson ange endémique à l’archipel (avec l’île de Clipperton). Si les nettoyeurs sont là, de raie manta, point. « Aie, aie, aie… ». Et le même scénario se rejouera hélas le lendemain, à tel point qu’Arturo, l’un des deux guides de plongée finira même par organiser une plongée sous le bateau, lieu de rendez-vous de quelques requins soyeux. Au moins ceux-là seront dans la boîte.

Si c’est avec hâte (et pas mal d’espoir) que l’on met route vers Socorro, rendons grâce quand même à notre première étape. Les mantas ont certes joué les filles de l’air (un comble pour un poisson !), mais requins pointes blanches, bancs de marteaux et même un groupe de pseudorques (appelées aussi fausses orques), notamment à Fondeadero sont à accrocher à notre palmarès. Hélas pour ces dernières, de manière trop passagère.  De Socorro, nous n’explorerons qu’un seul site, Cabo Pearce.

Un groupe de quatre grands dauphins - A group of four bottlenose dolphins

Non que la météo n’y mette pas du sien ou que l’île ne présente pas d’autres points d’intérêt. Mais lors de la première plongée du matin, un groupe d’une bonne vingtaine de dauphins accaparait notre attention à vouloir jouer avec nous, pendant que quelques pauvres mantas délaissées passaient et repassaient, elles, dans un silence absolu. Heureusement qu’elles nous ont accompagnés aux paliers

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 279 Abonnez-vous

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