
Les tortues marines sont partout présentes dans la ceinture tropicale et subtropicale. Au-delà de leur grâce et du plaisir qu’elles procurent aux plongeurs qui ont la chance de les croiser, elles jouent des rôles écologiques majeurs : maintien et entretien des prairies ou herbiers sous-marins, participation à la (bonne) santé des récifs coralliens, prédation des méduses (régulation des populations), etc. Ces reptiles marins constituent également un fantastique bio-indicateur de l’état de santé des écosystèmes. Dès lors, étudier leur biologie et leur écologie revêt un enjeu d’importance pour mieux comprendre leur éthologie (comportement), et ce, d’autant plus, que les différentes populations de tortues ont régressé dramatiquement au cours des dernières décennies. Parmi les fautifs, évidemment ai-je envie de dire, l’Homme qui détruit leur environnement, surpêche, pollue… mais aussi le changement climatique qui vient en rajouter une couche en modifiant significativement l’environnement ! Aujourd’hui, le constat est sans appel : six des sept espèces de tortues marines sont classées par l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme étant menacées ou en danger d’extinction !
Le comportement des tortues marines a déjà été beaucoup étudié en termes de migration, alimentation et patterns (stratégie, manière, type) de reproduction, notamment pour aider à mieux les protéger et pour la mise en place des différentes mesures de conservation. Parmi les outils qui ont été utilisés dans ce but, on peut citer la surveillance visuelle des plages, le comptage des œufs, le suivi dans l’eau par « snorkeling » ou PMT, la télémétrie (notamment satellitaire).
Mieux appréhender les déplacements des tortues grâce aux diatomées

Plus original est le suivi qui peut être fait en étudiant la microflore présente sur la carapace de ces animaux. Certains micro-organismes ont la capacité de s’agréger et de constituer ce que l’on appelle des biofilms. Il s’agit d’une sorte de tapis, adhésif et protecteur, de taille variable constitué par une communauté plus ou moins complexe de plusieurs cellules, adhérant entre elles et à une surface (naturelle ou artificielle). Les diatomées sont, parmi les microalgues, les championnes du monde de la formation de biofilms sur tout type de support et dans tout type de milieu. La carapace des tortues ne leur a donc pas échappé tout comme aux chercheurs qui ont pu constater que ces diatomées colonisent effectivement volontiers les écailles kératineuses de ces reptiles, y sont nombreuses et
diversifiées. Et ce qui est remarquable avec les diatomées, c’est que leur présence, leur diversité et leur quantité traduisent souvent de manière notable leur environnement et ses variations (en termes de lumière, de turbulence, de qualité et quantité de nutriments, etc.). On dit d’ailleurs d’elles que ce sont d’excellents indicateurs écologiques ! Vous voyez où je veux en venir ?
Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 291 Abonnez-vous
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