SEACRAFT ENC2  la cartographie 2.0

le 28/06/2019 publié dans le N°285 de Subaqua
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Xavier Meniscus
par Xavier Meniscus

Cartographier un nouveau territoire en spéléologie subaquatique se fait à l’aide de données encore collectées manuellement sur un carnet à l’aide d’un décamètre ou de fil métré, d’un compas et d’un profondimètre. Réalisées pendant la plongée, ces opérations nécessaires prennent du temps et sont difficilement envisageables à grande profondeur où elles pénalisent fortement la décompression. Heureusement, la technologie est enfin là qui permet de venir au secours des explorateurs palmés. Xavier Meniscus nous détaille son retour d’expérience avec l’ENC2, un appareil innovant, testé avec succès.

Se positionner dans l’espace, tracer les limites d’un territoire, nommer et cartographier sont des préoccupations aussi anciennes que l’humanité. Quand les pierres, les arbres puis les vallées et les montagnes n’y ont plus suffi, les astres et la géométrie ont permis de produire des plans et des cartes de plus en plus précis. Enfin aujourd’hui avec les photos satellitaires et les GPS il est (presque) impossible de se perdre. Pourtant les satellites n’ont pas accès aux territoires vierges explorés par les spéléologues terrestres ou subaquatiques et pour matérialiser nos découvertes nous devons les cartographier. Trois valeurs nous permettent de positionner un point dans l’espace : une distance, un azimut et un dénivelé.

Une technologie attendue

En une seule plongée, relever à la main ce trio de données pendant 300 m relevait déjà de la performance. Et sur un réseau complet cela prenait énormément de temps. De plus, avec l’utilisation des techniques actuelles de plongée, comme les recycleurs et les scooters sous-marins, les profondeurs et les distances d’exploration augmentent considérablement et la collecte manuelle des données topographiques devient impossible. Avec l’apparition des nouvelles technologies et la miniaturisation des éléments de positionnement, comme les capteurs de mouvements que nous utilisons dans nos smartphones ou les centrales inertielles, les plongeurs profonds espéraient qu’un fabricant produirait bientôt un appareil capable d’enregistrer toutes les données de notre cheminement sous l’eau. L’exploitation de ces données nous permettrait de visualiser le tracé puis de dessiner la topographie de la cavité.

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En 2018, la société polonaise Seacraft, fabriquant de scooters sous-marins, développe une console de navigation subaquatique, l’ENC2, initialement prévue pour le retour du plongeur à son point de départ. En l’associant à un loch, une petite hélice capable de mesurer les distances de notre déplacement, nous disposons enfin de ce matériel tant attendu. En fin d’année, par l’intermédiaire d’Arnaud, gérant du magasin de plongée en ligne Diveavenue et revendeur du matériel Seacraft, nous contactons les responsables de la société, souhaitant nous procurer leur console de navigation ENC2. Elle n’est pas encore commercialisée mais nous proposons d’effectuer des tests et de travailler avec eux pour perfectionner leurs matériels.

Premiers essais au-delà des espérances !

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Très enthousiastes, les responsables mettent à notre disposition un ENC2 puis, par la suite un de leurs plus performants scooters, un GHOST 2 300 Wh. Le but est d’arriver à avoir la meilleure précision possible en associant deux appareils développés ensemble.

Dès les premières plongées de test, je suis convaincu que nous tenons enfin ce matériel tant désiré. Les relevés comparatifs effectués dans des cavités déjà topographiées précisément s’avèrent très proches des plans existants.

Les premiers essais se font au Goul de la Tannerie où une topographie très précise réalisée par Bertrand Léger a permis de positionner à 900 m de l’entrée un captage qui alimente en eau la ville de Bourg- Saint-Andéol (07). Après plusieurs plongées de test à faible profondeur, les tracés successifs produits avec l’ENC2 sont quasiment identiques, avec un écart de moins de 3 % par rapport au tracé connu et au point de forage. C’est exceptionnel !

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 285 Abonnez-vous

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